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Après la grande cérémonie
à la Muraille de Chine
réceptions les 4 et 5 août 2008
A l'issue de la fin de l'expédition Paris Pékin
à vélo, et la grande cérémonie
de clôture qui eut lieu à la Grande Muraille
de Chine, diverses réceptions ont été
organisées en l'honneur des participants.
Ambassade de France à Pékin
La première réception, qui rassemblait tous
les acteurs du Paris Pékin à vélo et
également ceux du Xi'An Pékin, a eu lieu à
l'Ambassade de France à Pékin, en présence
de son Excellence Monsieur l'ambassadeur Hervé Ladsous
qui les a, au nom de la France, chaleureusement congratulés
et félicités pour la réalisation de leur
incroyable exploit, à la veille de l'ouverture des
Jeux Olympiques. Au cours de cette réception, le président
fédéral Dominique Lamouller offrit aux deux
participants chinois qui ont, tout au long de cette expédition,
dignement représenté leur pays, le vélo
sur lequel ils ont parcouru plus de 12 500 km depuis le Trocadéro
le 16 mars dernier et un troisième à notre guide
privilégié Gaston, qui par sa ténacité
a su démêler parfois des situations inextricables,
et fait découvrir et apprécier son immense pays.
Club
France du CNOSF à Pékin
La seconde, plus symbolique, puisqu'elle a eu lieu dans l'antre
du Club France du Comité national olympique et sportif
français, réservé à la délégation
française où tous les sportifs français
sont reçus et félicités pour chaque récolte
de médailles. Avant d'arriver à la réception,
une quarantaine de participants du Paris Pékin a eu
le privilège de se déplacer à vélo
et circuler aux abords de la place Tian'anmen et de la Cité
Interdite, avant d'être reçus, avec le reste
de leurs camarades, et ceux du Xi'an Pékin, comme des
médaillés olympiques, en présence de
Monsieur Bernard Laporte, secrétaire d'Etat à
la jeunesse, aux sports et à la vie associative, tout
fraîchement arrivé de Paris, de son Excellence
Monsieur l'ambassadeur de France Hervé Ladsous, des
vice-présidents du CNOSF, leur président Monsieur
Henri Serandour s'étant excusé de ne pouvoir
assister à cette cérémonie. Monsieur
Dominique Lamouller, président de la Fédération
française de cyclotourisme a remis symboliquement le
vélo de Paris Pékin, pour le président
Serandour, absent pour cette occasion, qui sera exposé
dès la rentrée au siège du CNOSF à
Paris. Tous les protagonistes ont été fiers
d'avoir pu prouver que le cyclotourisme a valeur humaine et
olympique et d'avoir pu être les représentants
de la France pendant tout ce périple.
Discours du président fédéral 03
août 2008
• Monsieur le Ministre
• Monsieur le gouverneur de la Province de Hebei
• Votre excellence Monsieur L’ambassadeur
• Mesdames et messieurs les cyclotouristes des pays représentés
Nous
sommes rassemblés, ce jour, à la "Grande Muraille de Chine"
pour célébrer la totale réussite de l’expédition de la Fédération
française de cyclotourisme, organisée avec l’Association
Amitié-Euro-Chinoise. Partis le 16 mars 2008 Place
du Trocadéro à Paris, nous arrivons aujourd’hui à Pékin au
pied de la Muraille de Chine. Toutes et tous vous avez accompli
un véritable exploit tant sur le plan sportif que matériel
et humain.
A la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques, avec votre
vélo, vous avez porté dans votre cœur "la Flamme"
de l’amitié entre les peuples, à la rencontre des habitants
des 12 pays traversés. Tout au long de ce parcours "la
route de la Soie" l’accueil a été unanimement chaleureux
et empreint d’amitié, de simplicité et de nombreux moments
émouvants.
Je n’ai pas assez de mots pour qualifier ce que vous avez
accompli sur cette longue route de plus de 12 600 km, ensemble
et avec l’équipe d’encadrement dévouée à cette expédition
qui a permis de mettre en évidence comme prévu les valeurs
du Cyclotourisme, de l’Olympisme et de l’Education
par le sport.
Je remercie ici le soutien inconditionnel de toutes les autorités
des pays traversés, des ambassades et différents services
qui ont largement contribué à la réussite de cette expédition
sur le plan administratif. Je remercie également les différents
ministères Chinois, l’Ambassade de Chine à Paris et de France
à Pékin pour nous avoir permis de traverser sans difficultés
les 4000 km de cet immense pays. Je remercie sans réserve
les bénévoles et le personnel de la FFCT qui ont travaillé
sans relâche pour le bon déroulement de Paris Xi’an Pékin
à vélo 2008.
Nous sommes tous honorés des accueils exceptionnels qui nous
ont été réservés tout au long de cette traversée exceptionnelle
du pays de l’Olympiade 2008.
Je remercie les autorités présentes pour cette grande cérémonie
de clôture à la Grande muraille de Chine qui confirme qu'elle
restera le symbole vivant des liens d’amitié entre la France
et la Chine.
Dominique Lamouller
Président de la Fédération française de cyclotourisme
Etape 118
: Gaopédian - Miyun - Muraille de Chine Beijing
Dimanche 3 Aout 2008
71 km - Dénivelé : 551 mètres
Départ : 6h00 - Arrivée : 10h00
CHINE Des
hommes et des femmes uniques et ordinaires ont réalisé quelque
chose d’unique et d’extraordinaire. Par ce fait, ils sont devenus
extraordinaires, et restent vraiment uniques.
Une fin en apothéose !
Dès 6 heures ce matin, par groupe d’une dizaine et dans la plus
grande discrétion, les cyclos prennent le chemin de la Grande
Muraille. Discrétion, car tout rassemblement n’est pas autorisé
et les cyclistes ne doivent pas être plus de 10 sur les routes.
Personne n’est dupe...mais il faut respecter les usages et les
instructions générales et surtout personne ne souhaite un incident.
Après une vingtaine de kilomètres nous entrons dans un secteur
autorisé et là nous avons la possibilité de nous regrouper en
toute légalité cette fois et effectuer notre progression régulière
dans un paysage montagneux. Notre premier étonnement est la
jonction avec les cyclotouristes du groupe Xi'an Pékin : ils
nous accueillent par une haie d’honneur et nous effectuons le
final, Président en tête, par une forte montée de 4 km qui débouche
sur une grande plateforme où les organisateurs Chinois nous
accueillent en "héros". En
musique, sous les ovations de 500 personnes environ, dont les
familles de quelques uns, dans des moments inoubliables où les
rires se mêlent aux larmes où les congratulations effacent sur
le champ fatigue et mauvais souvenirs, chacun savoure la fin
de son périple. Instants exceptionnels, explosion de joie, tout
le monde prend part, avec une satisfaction profonde et unique
à sa portion d’une gloire éphémère et relative. Les héros du
jour bloquent leur compteur officiellement sur le kilomètre
12 663.
Sur l’estrade dressée, d’éminentes personnalités Chinoises et
Françaises viennent exprimer leur satisfaction pour la réussite
de cette expédition exceptionnelle, l’audace de la Fédération,
et le courage des 115 arrivants sur (119 partants !). La contribution
de l’amitié entre les peuples et l’esprit de l’Olympisme sont
valorisés. Nous
retiendrons en particulier les paroles de son Excellence, Monsieur
l’Ambassadeur de France, Hervé Ladsous, de Monsieur Lin, organisateur
Chinois, celles de Dominique Lamouller notre Président et Jean-François
Derégnaucourt, représentant l’ensemble des participants à ce
fabuleux défi de Paris à Pékin, en passant par Xi'an.
Pendant près de deux heures, rires, larmes, photos, interviews,
se succèdent sur la Muraille.
Les moments de bonheur ayant hélas une fin, il nous faut après
avoir mis les vélos dans les camions, repartir pour trois de
heures de bus, afin de rejoindre notre hôtel.
Pour ce déplacement nous avons du obtenir une autorisation quasi
miraculeuse afin de rouler en convoi sur les autoroutes intra
muros de Beijing : quatre bus et nos 7 véhicules alors que Pékin
n’autorise pas l’entrée de camions dans la ville, sauf la nuit,
et que nous sommes les seuls véhicules étrangers à avoir pu
pénétrer en Chine.
Au cours du dîner, les 300 participants, réunis dans une même
salle, recevront dans la joie, l’émotion et la bonne humeur
un souvenir des organisateurs Chinois et un hommage appuyé du
Président fédéral à l’ensemble des cyclotouristes des deux parcours,
à leur encadrement et à tous ceux qui, de près ou de loin, ont
travaillé à la réalisation de ce projet fou, unique et exceptionnel.
Mention spéciale pour le personnel du siège fédéral et des autorités
administratives Françaises.
Notre
témoin du jour est : Jean-François Derégnaucourt, chef
de l’expédition. L’aventure vélo est finie.
Après quelques jours de vacances avec Brigitte, mon épouse,
dans le cadre du séjour touristique prévu pour tous, nous entamerons
une nouvelle aventure, avant de revenir en France, en effectuant
le parcours retour Pékin Paris avec les véhicules et le matériel.
Quel sentiment vous assaille aujourd’hui face à la Muraille
de Chine objectif de votre mission ?
03 août 2008, combien de fois j’ai tapé cette date sur différents
documents, sur diverses demandes en pensant que cela était pour
beaucoup plus tard. Maintenant que nous y sommes je suis surpris
de la mélancolie qui me gagne, de cette émotion qui m’étreint
comme pour l’ensemble des participants. Quel bonheur de voir,
au pied de cette Muraille tant espérée, toute l’équipe, participants
et logistique, s’embrasser, se féliciter et n’essayant même
plus de cacher ses larmes. Il y a des moments où le temps devrait
s’arrêter.
105 cyclos au départ du Trocadéro, 102 à la Grande Muraille,
toutes les féminines présentes, bilan très satisfaisant. Pour
la logistique 14 au départ, 13 à l’arrivée. Les abandons étant
liés à des raisons médicales. Alors
on pourrait penser que cela était facile, on aurait tort, je
peux témoigner que nos cyclotouristes ont été formidables de
courage, de ténacité, d’abnégation, de solidarité et se sont
soutenus dans les moments difficiles constituant une véritable
chaîne où chaque maillon devenait indispensable.
Ils ont tout connu :
- la panoplie complète de la météo, passant de la neige, aux
orages, à la canicule sans oublier le vent,
- Pour les routes, ils ont eu droit en plus des routes goudronnées,
à des pistes cyclables, des pistes plus ou moins défoncées,
du sable, de la boue et des nids de poule ou plutôt aux nids
d’autruche, à des ornières béantes,
- Des hébergements passant de l’hôtel au gymnase ou dans des
classes scolaires ou sous la tente à la belle étoile dans le
cadre des bivouacs,
- Des conditions sanitaires qu’ils n’avaient jamais imaginées,
- Des repas parfois surprenant, parfois répétitifs et parfois
sommaires,
- la variété des paysages qui leur a permis de contempler la
montagne européenne, les plaines d’Ukraine et de Russie, la
steppe, les déserts et les montagnes féeriques du Kirghizistan
sans oublier les terrasses chinoises utilisées pour ne pas perdre
de terres fertiles.
Qu’ils soient honorés comme des aventuriers qui ont osé, qui
ont souffert et qui ont réussi à se surpasser en s’étonnant
de leurs nouvelles limites.
Pour cette réalisation il a fallu des gens pour y croire mais
également des gens pour le faire. Il a fallu des gens de l’ombre
pour travailler, de ceux qui ne sont jamais cités et qui répondent
toujours présents. Quant à l’équipe logistique, composée d’hommes
et de femmes qui étaient toujours disponibles, elle était indispensable
à la réussite de cette expédition. Je tiens à remercier Henri,
mon fidèle et loyal adjoint ainsi que l’ensemble des membres
de la logistique, sans oublier Brigitte, ma chère épouse qui
m’accompagne depuis 2 ans dans tous ces préparatifs. Ce sera
bientôt le moment de faire les bilans. Mais dès à présent je
tiens à crier au monde entier que, certes je suis fier d’avoir
été choisi pour être le chef de l’expédition "Paris-Pékin à
vélo 2008" et de la confiance qui m’a été accordée mais je suis
très fier d’avoir vécu ces derniers mois avec des gens qui ont
fait preuve d’une très grande force morale et qui sont des véritables
ambassadeurs du cyclotourisme.
Non seulement ils ont démontré que 2008 était, par leurs actions
auprès des différents pays, une année interculturelle où la
FFCT aura mis son empreinte mais ils ont écrit une des plus
pages de l’histoire de la Fédération française de cyclotourisme
et ce qui est encore plus fort, c’est qu’ils sont les artisans
d’un cyclotourisme international qui, avec l’arrivée de la Chine,
prend maintenant une nouvelle dimension et un élan que nos responsables
devront exploiter.
Depuis le 16 Mars 2008
Départ de Paris : 12 623 km
Dénivelé : 54 141 mètres
Nombre d'heures de pédalage : 662 heures et 51 minutes
Ces chiffres officiels, sont ceux proposés depuis le départ
par le cyclo Pierre-Marie Werlen, équipé d’un compteur avec
GPS.
Merci à Pierre-Marie pour ce travail quotidien.
Cette 118ème étape marque la fin de l’expédition Paris-Beijing
à vélo 2008. Ipso facto elle marque aussi la dernière page de
la rubrique qui m’avait été confiée. Je remercie en particulier
: Jean-François Derégnaucourt et Dominique Lamouller, qui ne
sont jamais intervenus pour modifier où orienter les termes
de cette rubrique quotidienne, Adrien et Julien, qui souvent
dans des conditions difficiles l’ont transmise à Ivry et les
gens du siège fédéral qui l’a corrigée, relue et mise en ligne
sur le site de parispékinavelo.com
Merci enfin à ceux qui ont bien voulu me lire et notamment,
ceux qui m’ont envoyé des messages d’encouragement.
Etape 117 : Baoding - Gaopedian
Samedi 2 Août 2008
63 km - Dénivelé : 30 mètres
Départ : 7h00 - Arrivée : 11h00
CHINE Première
analyse à chaud…
Demain nous terminerons officiellement la partie vélo du Paris
Pékin 2008. Avant que des torrents d’éloges, des ruisseaux de
critiques, des récupérations de tous ordres, en particulier
des ouvriers de la 25ème heure, irriguent notre milieu et probablement
bien au-delà de notre petit cercle habituel, je souhaite simplement,
en tant qu’accompagnateur et témoin, donner mon point de vue
à chaud et en toute subjectivité sur cette extraordinaire randonnée.
Disons le franchement : l’idée audacieuse du Président Dominique
Lamouller, approuvée par la majorité du comité directeur fédéral
actuel, a été géniale. Par cette témérité, les pionniers de
cette expédition ont marqué définitivement l’histoire déjà longue
et remarquable de la FFCT N’oublions pas en effet que pour la
première fois dans l’histoire mondiale du cyclotourisme, une
Fédération, la nôtre, s’est donné les moyens matériels et humains,
politiques et techniques de proposer à un groupe de 115 personnes
- dont 20 étrangers- de se rendre, à vélo, avec une assistance
logistique, de Paris à Pékin, sur plus de douze mille kilomètres
pendant 5 mois.
Dans la réalisation il y a beaucoup à
dire en bien et en moins bien et ceux qui ont œuvré pour cette
réussite, y compris et en priorité les cyclotouristes, ont le
droit et même le devoir de donner leur sentiment par écrit.
Ceux-ci seront lus, analysés et il serait souhaitable que l’ensemble
de ces commentaires soit regroupé par thème, pour une diffusion,
auprès du comité directeur fédéral. Le
résultat global pour la Fédération est incontestablement un
franc succès. Succès collectif grâce aux 115 participants qui,
à leur manière, ont permis ce résultat final. Sans leur opiniâtreté,
leur courage quotidien, leur participation financière, l’idée
fédérale aurait avorté.
Succès collectif également grâce aux centaines d’hommes et de
femmes connues ou anonymes, modestes ou puissants qui ont, à
un moment donné, contribué à poser leur pierre à l'édifice.
En particulier le siège fédéral qui, dans l’ombre, a su redresser
des situations, parfois critiques, dans la préparation, la réalisation
et la progression du Paris Pékin. Là encore la solidarité a
joué pleinement son rôle.
Un clin d’œil reconnaissant enfin pour celle ou celui qui a
accepté de laisser partir son homme ou sa femme, pour une absence
de plusieurs mois. Mais sachez que pour la plupart d’entre nous
cette expédition nous aura changés.
Pour le parcours de cette dernière étape, dans la grande banlieue
de Pékin où les contraintes de circulation sont très difficiles
à gérer, nous avons du l'écourter pour ne pédaler que 60 km,
ensuite est venu le temps de charger nos vélos dans les camions
pour rejoindre en bus et en convoi notre hôtel situé dans la
périphérie de Beijing. Trois heures de route ont été nécessaires.
Demain matin sera l'ultime étape à vélo de notre périple.
Etape
116 :
Dingzhou - Baoding
Vendredi 1er Août 2008
75 km
Dénivelé : 18 mètres
Départ : 7h40
Arrivée : 12h00
CHINE A deux jours du bonheur !
A tout petit pas, nous approchons du
but final : Pékin et la muraille de Chine. Nous ne pédalons
plus que le matin et restons en groupe sous escorte policière
du départ à l’arrivée. Le parcours plat, ultra plat n’a que
peu d’intérêt et notre seule préoccupation est de ne pas se
perdre dans les dédales de villes interminables, de ce fait
notre escorte reste la bienvenue.
Il faut dire que depuis le 16 juin date de notre entrée en Chine,
nous n’avions vu nulle part une présence policière et que depuis
deux jours, à l’approche de la capitale, les contrôles sur la
route pour nos véhicules, la présence visible de policiers et
de militaires en tenue dans les villes, aux abords de nos hôtels,
la fermeture du fonctionnement d’Internet dans les cybercafés
modifient totalement le climat de liberté totale que nous avions
connu et apprécié. Cela ne nous empêche
pas de profiter de ces derniers jours pour prendre des photos
et se balader très librement dans les villes. Pour préparer
la fin de l’expédition et trouver une solution aux contraintes
de la circulation des camions – Interdiction a tous les véhicules
de plus de 3T5 d’entrer dans Beijing le jour et seulement de
minuit à 6h du matin - nos deux gros camions pilotés par Jean-François
et Claude Galvaing nous ont quittés pour assurer le transport
des vélos du Xi'an et demain du Paris-Pékin. Nous ne pouvons
en effet pas rouler en peloton dans la province de Pékin, il
faut donc que les cyclos circulent en bus et livrer les vélos
dans des lieux autorisés. Tout cela est un peu compliqué à gérer,
et contraingnant mais ce ne sont pas ces dernières péripéties
qui vont nous empêcher de progresser ! Notre
témoin du jour est :
Claude Morel du club cyclo l’Abeille de Rueil Malmaison dans
les Hauts de Seine (92).
Une étape de 75 km plate, un excellent revêtement, une escorte
policière discrète en voiture, beaucoup de spectateurs très
amicaux au bord de la route, incontestablement informés de notre
passage, restera la photo de cette journée.
Par ailleurs nous avons beaucoup moins souffert que les jours
précédents des effets de la pollution. Le ciel étant dégagé
et clair. Nous logeons ce soir dans un grand hôtel d’excellente
qualité.
L’expédition touche à sa fin et je suis heureux de la terminer,
mission accomplie. J’en retiens plusieurs éléments : la Chine
en tout premier lieu où j’ai rencontré une population qui manifestement
semble heureuse, et toujours très souriante, même si le niveau
de vie est visiblement inférieur au nôtre. J’ai également rencontré
des paysages variés et une agriculture riche, grâce à un climat
et une irrigation très maîtrisée qui permet toujours deux, quelquefois
trois récoltes pas an ! Une autre surprise vient de la taille
des cités. Un village compte un million d’habitants, une ville
moyenne 5 millions.
La traversée des autres pays a été aussi pour moi, d’un grand
intérêt, notamment le Khirghizistan – dont j’ignorais l’existence
même avant mon départ ! - avec ses paysages de hautes montagnes
magnifiques et son niveau de vie très modeste et le Kazakhstan,
avec ses plaines immenses, ses chevaux sauvages, ses habitants
accueillants et ses routes à faire frémir les ingénieurs de
notre D.D.E. !
Pour terminer réellement ce voyage au très long court, il me
faudra plusieurs mois, avec l’appui de plus de 1 500 photos
que j’ai prises pendant cinq mois. Cela me permettra d’établir
un bilan définitif en me remémorant tout ce que j’ai pu voir
et ressentir dans ce film incroyable et inoubliable.
Etape 115 : Shijiazhuang - Dingzhou
Jeudi 31 Juillet 2008
81 km - Dénivelé : 62 mètres
Départ : 7h40 - Arrivée : 13h00
CHINE Le
retour de flamme vaut
une étape supplémentaire
Initialement nous aurions du avoir une seconde journée de repos
à Shijiazhuang et accompagner la flamme Olympique. L’ouverture
des jeux étant proche, et les tensions perceptibles à l'approche
de cet évènement, nous n'avons pas pu l'accompagner.
Ce qui, sur le plan cyclotouristique uniquement, nous a permis
de scinder l'étape initiale de 140 km en deux étapes de 80 et
60 Km. Nous avons donc remplacé Baoding, que nous atteindrons
demain par Digzhou. De ce fait, cette courte étape nous a permis
de déjeuner directement au restaurant de l'hôtel qui nous était
réservé et de profiter d'une longue sieste réparatrice, bien
utile avec ce climat chaud et humide. En cours de route un arrêt,
organisé dans un village, nous a valu d’assister à une courte
démonstration de sports de combat par de jeunes enfants.
Ce matin au départ, pour fêter la saint Léon, le patron de la
ville de Bayonne et pour saluer les fêtes qui commencent dans
cette région, 6 cyclotouristes originaires du Pays Basque, ont
adopté, comme tenue, les couleurs blanche et rouge pour symboliser
leurs attaches.
Les préparatifs pour les journées des 3, 4, et 5 août prochains
s’activent et il n’est pas simple d'obtenir une coordination
parfaite. Mais comme d’habitude, parce que nous sommes très
rôdés maintenant, toutes les cérémonies se dérouleront à la
perfection. NDLR
Nous signalons à tous les lecteurs, que depuis aujourd’hui,
pour des raisons "inconnues", tous les cybercafés ne permettent
plus d’utiliser Internet. Ne soyez donc pas inquiets (es) si
vous n’avez pas de nouvelles, il s'agit sans doute d'incidents
ou d’impossibilité techniques.
Journée
de Repos
à Shijiazhuang
Mercredi 30 Juillet 2008
CHINE Repos...,
pas pour tout le monde !
En effet depuis hier déjà, Jean-François, chef de l'expédition
et une équipe d’une trentaine de volontaires - dont naturellement
l’équipe "camion" dont je vous ai parlé hier - s’activent pour
mettre en place l’opération de rapatriement, de la plus grande
partie du matériel (les vélos du Paris Pékin et le maximum des
vélos du Xi'an Pékin) et des 13 chauffeurs, lors du retour de
la logistique vers Paris.
Il est indispensable en effet d’anticiper les actions de logistique
à réaliser car, dès le 5 août, le groupe initial des 115 cyclotouristes
qui imprimera une page d'histoire de la fédération, va être
éclaté, sans espoir de se retrouver…avant les cérémonies prévues
en France.
Il aura fallu la journée entière pour vider les véhicules, environ
45 tonnes de matériel divers, allant des installations de douche
aux médicaments en passant par le matériel de réparation des
vélos. Puis trier l’ensemble de ce matériel hétéroclite, et
effectuer un maximum de reconditionnement, pour préparer et
commencer un nouveau chargement des véhicules, dans une configuration
bien différente de l’initiale. En tenant compte, toutefois,
des dernières étapes pour servir au mieux les cyclotouristes
jusqu'à Pékin et ne pas les pénaliser de la logistique mise
en place depuis le 16 mars dernier. Dès l'arrivée à Pékin, but
final de l'expédition, les 2 20t seront de nouveau charger,
dont l’un engrangera près de 150 vélos conditionnés en carton
et repérables.
Etape 114 : Xingtai - Shijiazhuang
Mardi 29 Juillet 2008
125 km Dénivelé : 185 mètres
Départ : 7h40 - Arrivée : 15 h00
CHINE Silence on tourne !!!
Ce matin une équipe de la télévision française nous accompagne,
il s’agit d’une chaîne câblée ou satellitaire : B.F.M.TV. Le
caméraman juchée sur une moto s’en donne à cœur joie et pour
un sujet de 1 minute 45 qui sera diffusée en boucle, il doit
filmer pendant plusieurs heures. Le profil de l'étape étant
entièrement en milieu urbain sur près de 100 kilomètres, il
sera plus intéressant, selon nous, de cadrer le sujet sur les
participants.
Notre principal souci est de se faufiler dans une circulation
intense ou le Code de la route n’est pas forcément le même que
le nôtre. En la matière, la rigueur n’est pas formelle et chaque
conducteur de vélo, de voiture, de camion, de bus, de scooter
ou de très nombreux vélos électriques, pilote son engin suivant
son inspiration, sa créativité et son besoin de rapidité ! Curieusement
il y a peu d’accrochages et tous les usagers circulent assez
lentement. Nos
propres chauffeurs, avec la plus grande prudence et sagement,
laissent passer à gauche et à droite les véhicules qui ne s’en
privent pas. Il faut dire aussi que nos sept véhicules provoquent
la curiosité. Nous sommes les seuls véhicules étrangers à pouvoir
rouler sur le sol Chinois, pendant la pré-ouverture des Jeux
Olympiques !
A l’arrivée à l’étape, nous retrouvons, dans le même hôtel,
le groupe des «Xi'an-Pékin». Un dîner en commun, en présence
du Ministre du Tourisme de la province, de monsieur Lin, patron
de la agence de tourisme Eurasiatours et Dominique Lamouller,
président de la Fédération française de cyclotourisme, clôturera
cette journée.
Dans l’après-midi, une réunion de travail avec les mêmes protagonistes
et plus notamment Jean-François Derégnaucourt, Marie-Claude
Jonac et Jean-Michel Richefort, a été organisée pour essayer
de coordonner les cérémonies prévues les 3, 4, et 5 août prochains
à Pékin. Des informations contradictoires et souvent différentes
arrivent un peu de partout, nos "grosses têtes" réfléchissent
et surtout agissent dans le seul souci commun du respect de
la parole de la Fédération. Notre
témoin du Jour est :
le responsable de l’équipe "camions" Christian Robin, de Saiguede
(31)
Pourquoi une équipe camion ?
La première des raisons est de participer activement à la vie
collective du périple. L’équipe logistique en place pouvant
difficilement assurée seule, pendant cinq mois ce «travail».
La seconde raison est d’avoir une vision autre que celle du
cyclotouriste passif et consommateur.
Comment agissez-vous ?
Il s’agit d’une équipe de six cyclos, bénévoles naturellement,
Jean-Pierre Rouxel d’Orléans, Roland Diot d’Ivry sur Seine,
Christian Piriou de Lyon, Christian Lemay du Québec, Georges
Farjou de Villefranche de Rouergue, qui, sous ma houlette, ont
pris en charge spontanément, la gestion et le rangement du camion
(20t) de la logistique.
La tache consiste essentiellement au déchargement et au chargement
de tout le matériel nécessaire au bivouac et à la préparation
des repas.- 2835 kg.
Egalement la mise en place des douches, des rampes de robinets
d’eau froide pour la toilette quotidienne. Les jours de pluie,
deux tentes de 40 et 80m2 sont déployées, pour que chacun puisse
se restaurer tranquillement assis à table et à l’abri. Pas moins
de 32 tables et 120 tabourets sont déployés à cette occasion.
Cette opération dure en moyenne 90 minutes au chargement comme
au déchargement.
En prime de fin de séjour, il nous a été demandé de reconfigurer
les deux camions de 20 tonnes, afin de pouvoir ramener en France,
l’ensemble de tout le matériel et probablement les 110 vélos
du Paris Pékin et 40 vélos du Xi'an Pékin. Nous espérons boucler
cette tache délicate en une journée et demie. Nous consacrerons
notre jour de repos prévu le 30 juillet pour accomplir cette
ultime mission.
Qu’a apporté ce travail supplémentaire à votre
équipe et dans votre vie de cyclos ?
Tout d’abord une grande satisfaction et beaucoup de plaisir
d’avoir été utile au groupe. Au delà, de la part des autres
participants, de la reconnaissance, qui s’est traduite par des
gestes amicaux spontanés, que nous avons beaucoup appréciés.
Pour conclure ?
L’ensemble de l’équipe, qui ne se connaissait pas avant de partir,
est déjà prêt à repartir pour de nouvelles aventures… ! Notre
Paris-Pékin, s’en trouve encore plus enrichi y compris sur le
plan des relations humaines.
Etape 113 : Anyang - Xingtai
Lundi 28 Juillet 2008
126 km - Dénivelé : 85 mètres
Départ : 7h45 Arrivée : 15h00
CHINE La
rénovation perpétuelle !
Nous entrons dès le départ dans une nouvelle région nommée :
Hebei, peuplée de 15 millions d’habitants. Des slogans cent
fois répétés indiquent que la région se donne trois (3) ans
pour reconstruire totalement les maisons et immeubles anciens
! Et cela se voit. Tout au long de notre étape, pratiquement
réalisée en milieu urbain, des kilomètres de maisons détruites
et d’autres en reconstruction se succèdent. Des centaines de
triporteurs évacuent les déblais et les mêmes apportent les
briques pour reconstruire. Rien de très spectaculaire, mais
telles les fourmis, les hommes et les femmes font avancer les
chantiers et cette province sera très vraisemblablement reconstruite
dans moins de trois ans. Déjà les infrastructures sont prêtes.
Il faut dire quand même que ces transformations ont été la cause
d’encombrements multiples et forts gênants dégageant une poussière
permanente. Malgré ces désagréments, tout le monde semble accepter
ces radicales transformations.
Notre étape, au contraire des précédentes, a été très encadrée
par la police. Voiture devant et derrière le peloton et 6 motards
pour régler une chaotique circulation. Il faut préciser que
demain, nous arrivons le même jour que la flamme olympique.
Hélas l’accompagnement envisagé, il y a un an, est désormais
obsolète. Sans
trop savoir pourquoi, aujourd’hui des centaines de spectateurs
nous attendaient au bord de la route. Spectateurs attentifs
et curieux, mais silencieux et pas du tout démonstratifs, en
revanche des cyclistes Chinois ont terminé avec nous cette étape,
placée encore sous le signe de la chaleur humide.
Notre
témoin du jour est :
Lilianne Perdriel de l’ASPTT de Paris, demeurant à Paris (14ème)
Quelques
brèves du jour :
Ce matin quand nous avons pris nos vélos pour partir, une épaisse
couche de suie recouvrait nos selles et nos guidons. La pollution
n’est pas théorique ici. Dans
la matinée, j’ai entendu un cyclo comparer le bruit du peloton
à celui d’un essaim d’abeilles ! Je cherchais depuis le départ
de Paris à quoi correspondait le bruissement bien particulier
d’un peloton en action. J’ai la réponse, merci Yves-Michel.
Un membre des "jaunes" étant fatigué, un petit noyau de ces
collègues de la même couleur s’est groupé autour de lui pour
rendre sa matinée plus agréable. Rétabli dans l’après midi il
a continué son périple.
Ce midi, lors du déjeuner nous avons fait la connaissance d’un
jeune Chinois Zhai qi de 29 ans, instituteur, parti de son domicile
dans le sud de la Chine le 12 juillet 2008, il compte rallier
Pékin à raison de 200 km par jour.
Dans l’après midi notre ami le distrait cascadeur a effectué
avec maestria sa 7ème chute, aujourd’hui
dans une clairière. Le
groupe de cyclos Chinois, avec qui nous faisons route commune,
nous a doublés avec enthousiasme et nous a précédés à travers
le ville pour nous conduire à notre hôtel, en criant PA -RI
–PE- KIN- PA- RI -PE -KIN .
Quelle que soit la galère prévue, je voulais, pour moi-même,
pour mon club et aussi... pour les sceptiques de mon groupe
je voulais "faire" moi aussi Paris-Pékin. J’y arrive enfin je
suis satisfaite, très satisfaite.
Etape 112 : Xinxiang - Anyang
Dimanche 27 Juillet 2008
111 km - Dénivelé : 80 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 15h00
CHINE Paris
Pékin = un rêve unique, un but commun Jean
Marchand
Une étape de routine
A force de pédaler dans des paysages grandioses, d’être encouragés
par des centaines de spectateurs tout au long de la journée,
nous devenons moins surpris et plus exigeants, car nous devenons
des "stars". Aujourd’hui l’étape nous a paru sans grand intérêt,
voire monotone, toutefois à l’heure du déjeuner, pris au restaurant,
nous avons pu déguster notre plat unique, des raviolis géants,
lors d'un bon moment de détente.
Dans nos rencontres insolites, nous avons été accompagnés pendant
plusieurs kilomètres par un cycliste local, posé sur un vélo
couché. C’est le premier et le seul vélo de ce type que nous
avons croisé en Chine
Il est vrai que la route est dorénavant plate et que nous continuons
à traverser une riche campagne sans aucun attrait touristique.
Par ailleurs le temps chaud et humide provoque une brume, qui
mélangée avec une pollution certaine, bouche totalement l’horizon.
Ces dernières étapes sont cependant nécessaires pour toucher
au but. A signaler quand même que nous avons franchi dans la
journée notre 12.000ème kilomètre! Même cette fantastique distance
nous paraît ordinaire !
Notre témoin du jour est :
Jean-Claude Marandon du vélo-club d’Annecy en Haute-Savoie (74)
notre Cuisinier.
Dans une expédition de 5 mois la nécessité d’avoir son propre
cuisinier a été très vite posée et résolue. Cette décision s’est
avérée excellente. En effet si en Chine, Jean-Claude ne prépare
plus aucun repas, il en a été bien autrement pendant les 8 000
kilomètres précédents.
Avant
toute chose, je veux remercier l’équipe de volontaires qui,
sous la conduite de Lionel Barbotin, m'a apporté une aide précieuse
dans la préparation des repas et du service. Sans eux, tout
aurait été beaucoup plus difficile.
Tous les jours, le camion frigo, véhicule très précieux dans
notre expédition, conduit en covoiturage par Odette ou moi,
doit être présent au départ, toujours au pique nique du midi
et à l’arrivée pour offrir aux cyclos assoiffés une boisson
fraîche. Un rapide calcul nous permet d’affirmer que nous avons
servi depuis le départ plus de 25000 bières, 4000 litres d’eau,
6000 sodas, 1500 boissons lactées ! Ce qui implique la nécessité
absolument d'alimenter chaque jour le véhicule et trouver les
fournisseurs. Heureusement Jean-François nous donne un sérieux
coup de main. Mon
travail principal de cuisinier est réalisé les jours de bivouac,
car je dois acheter les ingrédients pour préparer 115 repas
chauds pour le dîner et 115 petits déjeuners pour 6h30 le matin.
Pour faciliter la tache, l’organisation avait fait l’acquisition
de milliers de rations alimentaires, auprès des organisateurs
du Paris-Dakar, annulé en janvier 2008. Ces rations nous ont
permis de servir des plats cuisinés variés le soir et quelquefois
le midi : pâtes à la Bolognaise, poularde au curry accompagné
de riz, Chili con carne, cassoulet, porc aux lentilles, porc
au pomme de terre.
J’ai du également préparer de très nombreux pique-niques pour
le midi, sachant qu'il faut environ trois heures la veille au
soir pour tout préparer et conditionner. Là encore Brigitte
Derégnaucourt nous a beaucoup aidés.
Le matin, debout à 4h30 pour faire chauffer l’eau, 6O litres
pour le café, le thé et le chocolat et préparer le petit déjeuner
: pain, confiture, beurre, riz au lait. Heureusement une équipe
de volontaires m’a apporté une aide précieuse. Je tiens aussi
à souligner la gentillesse et la serviabilité de tous les commerçants,
petits ou grands auprès de qui nous avons pu nous approvisionner,
et je peux vous garantir que cela n’a pas été une mince affaire
car je ne parle pas très couramment l’Allemand, le Roumain,
le Hongrois, le Russe ou le Chinois...
Mon seul regret est de n’avoir pas eu le temps de faire du vélo,
mais en découvrant la Chine, je crois bien que je reviendrai
dans ce pays qui me laisse de magnifiques souvenirs... que je
garde pour moi.
Etape 111 : Jiyuan - Xinxiang
Samedi 26 Juillet 2008
130 km - Dénivelé : 85 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 16h30
CHINE L’étonnement
est une aspiration à la connaissance Thomas
d’Aquin
Dans le grenier
de la Chine.
Nous avons connu tous les climats durant ces cinq mois, actuellement
très chaud (37°) et très humide (90%) le matin pas de problème
pour des sportifs bien entraînés, après le repas de midi rien
n’est plus évident et les organismes sont à la peine. Cependant
la journée s’est bien passée. Tout le monde roule groupé, à
une bonne allure, régulière et tranquille, le rythme étant donné
par trois capitaines de route : Alain, James et Joël.
Nous traversons une nouvelle province, la 5ème de notre périple,
celle-ci étant considérée comme le grenier de la Chine. De fait,
la route plate et longiligne traverse des champs de maïs à perte
de vue. Petites et grandes parcelles se succèdent, souvent séparées
par des rangées d’arbres, qui les protègent du vent fréquent
dans cette large vallée.
Ce soir, nous apprécions le confort d’un bon hôtel et d’une
bonne cuisine Chinoise. A ce propos, à part le petit déjeuner
qui est plus difficile à avaler, les déjeuners et les dîners,
sont appréciés de la très grande majorité des participants.
Nous savons maintenant, un peu mieux, ce qu’est la vraie cuisine
Chinoise, et nous nous ferons tous un plaisir de vous conduire,
à notre retour, dans un vrai "Chinois". Notre
témoin du jour est :
Royer Jean-Paul de l’amical cyclos et VTT de Toul dans la Meurthe
et Moselle (54).
Je suis très heureux aujourd’hui, car selon les calculs de mon
cher compteur, j’ai franchi ce soir mes 12 000 km. En ce qui
concerne l’étape du jour, le départ à 7h45 est tout à fait conforme
avec le kilométrage prévu. Avant le départ réel, nous avons
écouté attentivement une longue explication de Jean-François
sur les prochaines festivités prévues pour notre arrivée à Pékin.
Cela était indispensable pour unifier le groupe pour ces trois
rendez-vous importants : la muraille de Chine, l’ambassade de
France, le Club France du CNOSF Certains de ses propos m’ont
rappelé mon service militaire ! Vélos propres, tenues impeccables,
véhicules comme neufs !
La matinée s’est déroulée en traversant beaucoup d’agglomérations,
avec une brume toujours aussi persistante. Au km 75, surprise,
une copie de notre chère tour Eiffel, d’une centaine de mètres,
nous a été présentée. Repas pris au Km 105, vers 13h car notre
guide Chinois Gaston avait disparu ! Après le traditionnel bol…de
pâtes arrosées d’une bière bien fraîche, nous avons repris la
route. Mon étonnement a été de retrouver un vrai ciel bleu,
disparu, depuis Xi'an. Le vent a été notre allié pour réaliser
ce petit miracle.
Au bord de la route, de multiples marchands de fruits, dont
beaucoup de pêches, très agréables à déguster : Prix du kilo
20 centimes d’Euro ! Aucun problème pour terminer, en groupe,
cette étape ordinaire mais nécessaire ! Après une période de
rodage et d’adaptation assez courte pour les participants où
je voyais certains cyclos bien mal partis je suis surpris, 4
mois après, d’être toujours accompagnés par 102 collègues et
néanmoins amis ! Je tiens à les féliciter, pour avoir su s’adapter
à l’ensemble des difficultés présentes dans une telle aventure.
Le bienfait du cyclotourisme a-t-il frappé une nouvelle fois
de sa magie les cyclistes ? Journée
de Repos à Jiyuan
Vendredi 25 Juillet 2008
CHINE
Oser
affronter le mystère de l’inconnu est un excellent moyen de
se découvrir soi même.
Amand de Thibert
Une journée bien relaxante
Nous apprécions une fois de plus cette journée
de repos. Un car a été mis à notre disposition pour faciliter
l'excursion organisée pour la plupart des accompagnatrices
et de leurs compagnons. Beaucoup ont profité d’un salon de
massage, dans l’hôtel même, pour goûter aux délices du massage
Chinois. Il s’agit de soins, dispensés par des professionnels,
d’une durée de plus d’une heure, sans ambiguïté pour seulement
6 euros. Une très bonne séance de relaxation.
L’encadrement prépare studieusement les cérémonies des 3,
4 et 5 août à Pékin. Rien n’est simple et tout doit être réalisé
dans une ville immense, dont la priorité est naturellement
l’organisation réussie de ses jeux olympiques. Tout est mis
en oeuvre pour que ces trois jours dont les réceptions à la
muraille de Chine, à l’ambassade de France à Pékin et au club
France du Comité Olympique et Sportif Français soient une
conclusion digne de l’exploit réalisé par nos cyclotouristes.
Notre
témoin du jour est :
Brigitte Derégnaucourt du club de l’amical des randonneurs
de la communauté de commune de saint Pourçain sur Sioule dans
l'Allier (03)
Pourquoi avoir une comptable dans Paris Pékin
?
Responsable d’un budget conséquent de plus de deux millions
d’Euros, Jean-François, chef de l’expédition et mon mari avait
impérativement besoin d’un comptable pour assurer, au quotidien,
des taches nombreuses et variées. Comptable de métier, il
a paru à tous que mon choix était naturel.
Le travail est très important en particulier le suivi comptable
des centaines d’opérations réalisées chaque semaine et qui
doit tenir compte de la ventilation demandée par Stéphanie,
la comptable fédérale au siège de la fédération, je dois en
effet avoir les mêmes rubriques et les mêmes codes que le
budget fédéral.
Pour faciliter et simplifier la vie du groupe, Jean-François
a mis à la disposition de chaque participant un compte privé.
Il faut donc assumer la gestion des 115 comptes. Ce n’est
pas un travail de tout repos car il faut enregistrer les opérations
comptables aussi bien en recettes qu’en dépenses et qui plus
est en monnaie locale ; soit 10 monnaies différentes : Euros,
Lei, Rouble, Tengué, Som, Yen, ce travail ne peut se faire
que le soir, dans la nuit ou au petit matin.
A chaque passage de frontières (10) je dois préparer et présenter
les passeports, m’assurer que l’expédition soit pourvue en
monnaie du pays et que chaque cyclo puisse aussi disposer
de la monnaie locale sur son compte.
Pendant la journée je dois en effet, avec l’équipe du camion
frigo, assurer la distribution des boissons fraîches. En revanche,
depuis que nous sommes arrivés à Xi'an, je ne participe plus
à la préparation des pique-niques, qui sont assurés par l’organisation
Chinoise.
Je suis très heureuse d’aider à la bonne marche du Paris Pékin
et d’apporter une aide à mon mari, en précisant que la préparation
de cette expédition a commencé pour lui, comme pour moi, plus
de 18 mois avant le départ de Paris et se terminera probablement
en décembre 2008, à l’assemblée générale de la FFCT à Orléans.
Etape 110 : Luo Yang - Jiyuan
Jeudi 24 juillet 2008
71 km - Dénivelé : 182 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 12h00
CHINE
L'âge n’est pas une donnée naturelle
en soi, mais un indicateur de mesure
Maurice Halbwach
En parfaite osmose
Il ne nous a pas fallu beaucoup de temps, ni beaucoup d’effort,
pour rejoindre notre étape. Il faut dire en effet que
désormais le groupe est homogène, bien entraîné
et que chacun ayant enfin trouvé sa place, personne
n’a plus besoin de prouver qu’il existe par un
besoin impérieux de se faire remarquer. Nous avons
rejoint la large et riche vallée du fleuve Jaune, qui
ressemble un peu à notre belle Loire en période
d’étiage. Différence quand même,
dans ce fleuve nous avons pu apercevoir des centres d’aquaculture.
Nous avons également longé une mine de charbon,
toujours à ciel ouvert. Si un smog permanent, assez
pénible, ne nous empêchait pas de voir le ciel,
nous serions heureux comme des cyclos lors d’une sortie
de club du dimanche matin.
Ce soir nous faisons étape, dans un hôtel différent,
avec le groupe des « Xian-Pékin ». Les
contacts fraternels ont été nombreux.
Notre
témoin du jour est :
Clément Genet, ostéopathe, de Wimereux (62)
Pas de Calais, Côte d’Opale. Ancien élève
de l’ecole d’ostéophatie de Paris, notre
partenaire
Quel est le rôle de l’ostéophate
dans ce Paris-Pékin ?
Du point de vue ostéophatique il y a eu deux axes
de travail. La prévention pour le bien être du
cyclo, afin d’optimiser sa forme physique et lui permettre
de rouler en toute sérénité et d’éviter
les blessures musculaires et articulaires. Le second, en cas
de traumatisme ou de chute est de tout faire pour que le patient
soit remis sur ses pédales, le plus rapidement possible,
pour éviter de rater quelques étapes.
Notre volonté, nous sommes deux ostéopathes,
a été, de mieux comprendre les contraintes particulières
du cyclotouriste au long cours, et de pratiquer avec eux.
Nous avons donc fait quelques étapes en vélo
et un jour sur deux, nous sommes dans le véhicule fermant
la marche, pour apporter un soutien à l’infirmière
Hermina et l'aider à régler les milles petits
bobos qui sont présents dans un peloton de 103 cyclos
sur près de 13 000 km.
Nous devons traiter une population très précise
et très particulière ce qui nous oblige à
vraiment connaître ce milieu. Ce qui me surprend en
effet ce n’est pas tant la «performance»
sportive que l’acharnement et la volonté pour
trouver une motivation quotidienne pendant…4 mois !
Cela est vraiment caractéristique de ce groupe Paris-Pékin.
Indépendamment
de notre rôle spécifique, nous avons pu sans
problème nous intégrer facilement dans l’équipe
d’encadrement. Nous avons notamment, parlant Anglais,
servi d'interprète à la logistique, aimant conduire,
au cas où, nous avons même obtenu notre permis
de conduire poids lourd Chinois ! et accessoirement fait baisser
la moyenne d’âge du groupe (j'ai moi-même
26 ans et Enrique 27).
Pour moi cette aventure, à mon âge, est une expérience
imprévue et inoubliable et demain j’envisage
sérieusement…d’adhérer à
la FFCT.
Etape 109 : Sanmenxia – Yu Yang
Mercredi 23 Juillet 2008
130 km - Dénivelé : 925 mètres
Départ : 7h45 Arrivée : 15h00
CHINE
Qui vit content de rien, possède toute chose
Boileau
La route du charbon !
Changement en vingt quatre heures pour modifier l’arrivée
de l’étape. En raison de difficultés d’hébergement
nous passons la soirée et la nuit à Yu Yang,
une petite ville… de deux millions d’habitants
en lieu et place de Wangshan. L’hôtel est neuf
et très confortable.
Ce changement imprévu nous a permis de fréquenter
une route peu usitée par les cyclistes du dimanche
et qui, pour nous, ajoute une page noire à notre expédition.
Explication : nous sommes dans une région de mines
de charbon. Curieusement nous ne voyons jamais la mine proprement
dite, qui se trouve éloignée de la nationale,
la célèbre 310, il s’agit en réalité
de gisements exploités à ciel ouvert.
Une noria incroyable de camions, de tous tonnages circulant
jour et nuit, tous les jours de la semaine, dans un va-et-vient
perpétuel, transporte de la mine aux centrales thermiques,
le précieux combustible. Il faut dire qu’actuellement
le pays est de plus en plus demandeur d’énergie
et que 80% de la production d’électricité
sont assurés par des centrales thermiques alimentées
par du charbon.
Bienheureux le pays qui assure sa production électrique
à 75%, grâce à l’énergie
nucléaire. Mais le sait il ?
Sur cette route du charbon, on n’y rencontre forcément…
que des charbonniers. Quand les cyclotouristes sont arrivés,
ils méritaient bien ce titre, car ils avaient tellement
pédalés dans la poussière de charbon,
qu’ils étaient vraiment devenus des gueules noires,
dignes de Emile Zola.
Tous fringants, ils apparaissent, comme tous les soirs, à
19h30 dans la salle de restaurant ayant déjà
récupéré en grande partie la fatigue
de la journée. Quand on vous dit qu’il se passe
quelque chose de ne pas ordinaire ici.
Notre
témoin du jour est :
Georges Mazzega du club : Cyclo-club de Cloubevie dans l'Isère
(38).
Pour moi cette expédition a un intérêt
majeur, car elle me permet de rencontrer des hommes et des
femmes de cultures différentes et de nombreux paysages
que je ne connaissais que dans les livres ou par des reportages.
Tout au long de cette randonnée, tout en sachant que
sans le groupe rien n’est possible, j’ai pu cependant
exercer mon tempérament de «contemplatif»
seul ou avec quelques uns. J’ai beaucoup apprécié
aussi des moments de partage quotidiens sur nos péripéties,
chacun profitant de l’expérience de l’autre.
Les moments forts de l’expédition sont, de mon
point de vue, ceux qui sont provoquées par les autochtones
des pays traversés. Par exemple à Albota de
Jos, en Moldavie ou à Akhtoubinsk en Russie ou un buffet
et une réception princière nous attendaient.
Personnellement, en toute intimité d’une famille,
au hasard, j’ai eu le bonheur de côtoyer certains
anonymes qui m’ont reçus à bras ouverts
dans leur maison ! Moments simples, mais moments palpitants
qui permettent de découvrir les vraies coutumes locales.
Ce
qui m’impressionne chez les Chinois c’est le respect
des autres et d’eux mêmes, des lieux publics,
des animaux des paysages et de la nature. Ce sont des gens
souriants, calmes. Tout ici est mis en valeur, pour essayer
de faire beau, la plupart du temps, l’opération
est réussie. Je trouve que le pays est un jardin, cultivé
de partout.
Etant à la Fédération depuis 40 ans,
je veux simplement dire que sans elle, je n’aurais jamais
pu profiter d’un tel voyage, car elle m'a tout appris
en matière de cyclotourisme, par l’intermédiaire
de mon ancien président de club. Par ce message, je
souhaite tous les remercier pour leurs actions discrètes
et méconnues.
Etape 108 : Ruichang - Xanmenxia
Mardi 22 juillet 2008
91 km - Dénivelé : 981mètres
Départ : 7h40 - Arrivée : 15h00
CHINE
Si l’on veut plus de sourires dans la vie, il
faut créer les conditions pour qu’ils apparaissent.
Dalaï-lama
Les travailleurs de l'ombre
Temps
gris et frais, pas de pluie, de bonnes conditions météo
pour aujourd’hui. Le temps se maintiendra ainsi toute
la journée. Un excellent hôtel nous reçoit
ce soir, tout va donc pour le mieux. Pendant que ces messieurs
pédalent, les accompagnatrices arrivées à
Xi'an, profitent, en car, des beautés des lieux touristiques
de la région. Elles semblent apprécier.
Nous profitons de nos derniers jours de route pour commencer
à préparer le retour…. ! Les esprits vagabondent.
Il faut redoubler de présence sur la route, car le
stress ayant disparu, la fin de l’expédition
étant chaque jour plus proche, l’attention est
moindre et les chutes plus probables. Aujourd’hui encore
une chute, sans gravité heureusement, a donné
du souci au capitaine de route concerné, qui naturellement
s’est porté au secours de la «cyclote»
ayant chutée. Travail obscure et anonyme des capitaines,
dont peu de monde se rend compte, qu’ils en soient ici
déjà remerciés.
Notre
témoin du jour est :
Jean-Luc Bernard de l’association sportive cordemaisienne
cyclos, de Cordemais en Loire-Atlantique (44).
Une superbe étape, bosselée à souhait,
au milieu de cultures multiples et variées: pommier,
pêchers, arbres à coton, maïs, poivriers
et toujours des maisons troglodytes. La circulation est assez
difficile, car la pluie de la veille et de la nuit a engendrée
des coulées de boue, assez dangereuses. Belle et riche
campagne, mais population pauvre et laborieuse.
Je n’arrive pas encore à croire tout le chemin
parcouru depuis Paris. Il me faudra quelques mois pour réaliser.
C’est le voyage de notre vie (je suis avec ma femme
Evelyne) et il restera graver au fond de mon cœur, encore
très longtemps.
Mon voyage a commencé à Paris le 16 mars. Le
départ a été difficile et émouvant,
car notre fille Virginie et son mari Stéphane, venus
nous accompagner, ont couru un moment derrière nous
et ont disparu sur les quais de la Seine proches. Nous avons
continué très émus dans l'idée
de nous séparer pour la première fois. J’avoue
avoir versé une larme à cet instant.
Ce voyage est la découverte de trois grands fleuves
: le Danube, la Volga, et le fleuve Jaune. Les moments forts
auront été : le froid et la neige en Allemagne,
la pauvreté en Roumanie, l’accueil simple et
fraternel en Moldavie, la longue attente à la frontière
Russe, dans le froid, sous la pluie, et dans la boue du Kazakhstan.
J’ai réalisé des actions que je n’imaginais
pas pouvoir faire : rouler dans des conditions climatiques
difficiles, aller dans des toilettes à cinq de front,
vivre près de 5 mois en communauté, manger avec
des baguettes et une cuisine épicée, avec tous
les jours du riz, que je n’aime toujours pas. ! Cette
randonnée m’a fait grandir et mûrir dans
la connaissance de la vie.
Ce Paris Pékin est «le mien» mais j’ai
conscience que sans la FFCT et son organisation, je n’aurais
pu réaliser cette expédition.
Mon seul dopage a été les applaudissements de
milliers de spectateurs anonymes et les encouragements de
toute ma famille et mes amis. Qu’ils en soient remerciés
ici.
Etape 107 : Tong Guan - Ruichang
Lundi 21 juillet 2008
61 km - Dénivelé : 530 mètres
Départ : 7h40 - Arrivée : de 11h15 à
12h30
CHINE
Après la pluie le temps de la fête
!
Ce matin au départ le temps est à la pluie
et hélas, le restera toute la matinée. Contre
mauvaise fortune bon cœur, il faudra donc s’en
accommoder et chacun avec philosophie a pris la route, essayant
de se protéger au mieux. La pluie a comme conséquence
première une route glissante et ce matin en particulier
une route boueuse et dangereuse. Plusieurs chutes, sans gravité,
ont incité les cyclos à une plus grande vigilance.
Sur quelques kilomètres nous avons retrouvé,
sans rire, la route Kazakhstanaise ! Heureusement la campagne
est toujours aussi belle et nous avons traversé des
kilomètres de prairies où poussent des poivriers.
Trois hôtels assez médiocres nous attendent,
nous profiterons de l’après midi pour vivre zen.
Ce soir, nos amis Belges offrent à boire à l’occasion
de leur fête nationale. La bière (Chinoise) va
couler à flots.
Notre
témoin du jour est :
Marcel Lefèbvre : membre individuel de Belgique.
C’est un grand honneur pour un Audax ordinaire qui
fait des choses Audaxtraordinaires d’être le témoin
du jour en ce 21 juillet, fête Nationale de la Belgique.
C’est très émouvant pour moi car il y
a exactement un an, je me trouvais devant le petit écran,
entouré affectueusement de ma petite famille pour regarder
comme chaque année le défilé militaire
se déroulant dans la capitale Bruxelloise et j’ignorais,
encore étant sur une liste d’attente des candidats
à Paris-Pékin, que je serais invité à
participer à cette merveilleuse aventure. Cette année,
moi aussi, je défilerai...mais au pied de la Grande
muraille.
Pour en revenir à Paris-Pékin, j’aimerais
exprimer mon admiration sans borne pour ce bel élan
de solidarité qui s’est manifesté souvent
et spontanément parmi les 101 cyclos lorsque soudain
s’élevait dans les airs, d’abord timidement,
puis en crescendo ce mot «crevaison». Tous s’arrêtaient
pour attendre la malheureuse victime, la conseiller d’abord
sur la façon de démonter le pneu, retirer la
jante, remonter le pneu, à la méthode «d'un
tel», à la canadienne "d'un autre",
etc.… Mieux, il arrive souvent qu’elle n’ait
même pas la possibilité de procéder à
la réparation, si ce n’est de fournir la chambre
neuve, tant les mains se tendent sur l’objet du désir,
j’en parle d’expérience.
Ces minutes, qui au fil du temps se transforment en heures,
puis en jours complets, ne sont pas perdues, bien au contraire
; c’était l’occasion pour chacun au début
de l’expédition de faire connaissance, puis peu
à peu de s’apprécier, puis découvrir
derrière la tenue de cyclo se cache un cœur d’or,
une âme de poète, et aussi de se lier d’amitié,
et pourquoi pas de s’aimer.
Bref tout est bénéfique, à tel point
que certains envisagent la création d’une association
des anciens de Paris-Pékin 2008. J’applaudis
à deux mains en lâchant mon guidon, mais à
la condition que l’on se réunisse tous les 20
ans, la première réunion se passerait à
Aubusson lors de la récupération des vélos
par exemple et la seconde en 2028 à Pékin, le
trajet se faisant bien évidemment à vélo.
Pour la logistique, cela ne devrait pas poser beaucoup de
problèmes, une camionnette et 2 tentes de 4 suffiraient.
Mais évoquer ces projets m’émeuvent et
des sanglots me viennent dans la voix tandis que je vois perler
sur les joues de mon rédacteur, lui aussi ému,
des larmes, au risque qu’elles ne s’écrasent
sur son clavier et causer un court circuit néfaste
pour lui et les prochains comptes-rendus.
Etape 106 : Weinan –Tong
Guan
Dimanche 20 juillet 2008
82 km - Dénivelé : 860 mètres
Départ : 8h30 - Arrivée : 15h00
CHINE
Les raisonnables ont des rêves, les passionnés
ont du vécu
Henri de Bonnaffé.
Vous avez dit * ** *** voire plus….
Une séance photo avec le groupe d’une centaine
de cyclotouristes Chinois, avec qui nous faisons route commune,
permet à tous de partager quelques instants très
conviviaux.
Le temps est gris et lourd, mais notre sérénité
est totale et notre coup de pédale très léger.
L’étape vallonnée à souhait nous
permet de franchir, probablement notre dernier col Chinois.
Nous poursuivons notre route vers le nord à environ
1000 km au nord ouest de Shanghai.
L’assurance d’avoir chaque jour un hébergement
en hôtellerie est la garantie pour nous tous, d’être
reposés pour avoir profité d'une literie correcte
et de sentir "le propre" pour avoir profité
d'une bonne douche à la température voulue.
Nous qui avons connu des moments de galère notamment
dans des hébergements, difficiles à imaginer,
nous en apprécions davantage à sa juste mesure
ce simple luxe.
Notre seul souci désormais est de finir en toute sécurité
et au complet ce périple insensé, car nul doute,
et sans incidents majeurs, il marquera à jamais nos
vies de cyclotouristes, de femmes et d’hommes.
Notre
témoin du jour est :
Michel Bédard du Vélo club de Saint-Hyacinthe
du Québec
Mon rêve deviendra bientôt réalité...Il
y a quelques mois, j’ai vu une émission à
la télévision de langue française de
radio Canada ou une personne a prononcé une phrase
qui m’a marqué : «Les raisonnables ont
des rêves, les passionnés ont du vécu».
Depuis plusieurs années je rêvais de réaliser
un voyage unique à vélo, mais mon côté
raisonnable me freinait. Je me trouvais toujours des excuses
pour ne pas concrétiser ce rêve, même si
je n’avais aucune idée précise de ce projet.
Par un pur hasard, en janvier 2007, je suis informé,
sur le site voyage.com du projet de la FFCT la réalisation
de Paris Pékin à vélo 2008. Instantanément
j’ai su, que c’était ce voyage que je ferais.
Je m’informe plus précisément sur les
conditions de participation et j’apprends que 20% de
non Français pourront être présents. Je
suis certain en tant que «cousin des Français»
de pouvoir participer. Je m’empresse de remplir un dossier,
de passer un examen médical sérieux et...bonheur
en juillet 2007 j’apprends que je suis sélectionné
avec trois autres Québécois.
Après quatre mois de vie commune avec les hommes et
les femmes de l’expédition Paris Pékin,
pour lesquelles j’ai la plus grande admiration et cela
sans exception, j’atteindrais mon but ultime le 3 août
à Pékin. Je serais alors comblé et heureux,
car c’était là ma seule et unique attente
le 16 mars à Paris, cela et rien d’autre.
Maintenant le retour à la maison est tout proche, cette
expédition unique et enrichissante sur le plan humain,
restera gravée pour toujours dans mon cœur et
tous ensemble nous aurons ce petit quelque chose de spécial
entre nous qui confirmera que : "les raisonnables ont des
rêves et les passionnés du vécu".
Etape 105 : Xian - Weinan
Samedi 19 juillet 2008
77 km - Dénivelé : 464 mètres
Départ : 8h00 - Arrivée : 14h00
CHINE
Dans les traces du Xi'an Pékin.
C’est
ce matin que nous entamons la deuxième partie de notre
Paris Pékin, nettement plus courte. Les "Xi'an"
comme on les appelle dorénavant, ont une avance de
24 heures "chrono", ils nous ouvrent la route. Quant
à notre groupe, nous sommes accompagnés par
une centaine de cyclos Chinois, qui vont également
à Pékin. Nous ferons route commune encore demain.
Désormais un bus nous accompagne parallèlement,
son but faire visiter le pays à une quinzaine
de d'épouses ou de compagnes venues nous rejoindre
pour effectuer la fin de parcours. Tous les rouages et les
mécanismes de la "machine" semblent n'avoir
subi aucun problème particulier !
Notre témoin du jour est : François
Hennebert du Cyclo Sport Provencal, d’Aix en Provence
dans les Bouches du Rhône (13).
J’ai passé aujourd’hui un excellent anniversaire
- 62 ans – sur une route de rêve pour un cyclotouriste.
Nous avons traversé 5 ou 6 villages, ou les villageois,
notamment, font battre leur blé par les véhicules
qui traversent le bourg.
J’ai pu mettre, comme chaque jour, en application un
premier principe qui m’est cher dans cette expédition
: toujours lever la tête et ouvrir les yeux. Le second
principe appliqué, est : tout ce qui m’est arrivé
ou tout ce qui m’arrive en positif ou en négatif
est mille fois mieux que d’être dans mon fauteuil,
en train de regarder la télévision.
Pour moi ce très long passage en Chine est le cerisier
sur l’énorme gâteau de mon plaisir, en
particulier notre traversée du Kazakhstan et du Kirghizistan.
En effet le contact avec la quasi-totalité de la population
est facile, chaleureux, décontracté et simple.
En croisant n’importe qui, un simple un sourire, celui-ci
vous est immédiatement et systématiquement rendu.
Ce matin, une mère de famille a glissé son enfant
dans mes bras pour qu’il soit photographié avec
moi ! Cela
donne une impression de confiance totale entre humains ! Après
une surveillance (protection) policière dans certains
pays de l’ex URSS, nous pouvons, en Chine pratiquer
le cyclotourisme et la visite des villes, en totale et entière
liberté, jour et nuit.
Je ne souhaite pas terminer ce témoignage
sans dire que si « mon » Paris Pékin s’est
très bien passé, je le dois aussi à toute
l'équipe de la logistique qui nous entoure : sur le
terrain et à Paris. Pour partager mes émotions
et mes impressions plus compètes sur cette histoire
incroyable, vous pouvez me retrouver sur :
http://velo.hennebert.fr
Journée de repos à
Xi'an
Vendredi 18 Juillet 2008
CHINE
Bis repetita encore une journée de repos !
Nous n’avions jamais eu depuis notre départ de
Paris le 16 mars dernier, deux jours consécutifs de
repos. Nous avons donc profité de cette véritable
coupure pour satisfaire à diverses occupations. Les
chauffeurs des véhicules Ivéco ont, quant à
eux, profité de cette aubaine pour rendre visite au
concessionnaire du même nom, pour l’entretien
de leurs véhicules qui ont beaucoup souffert.
Le soir, la grande majorité du groupe, s’est
rendue à l’opéra pour assister à
un spectacle ou l’Art Chinois, sa poésie, sa
sensibilité et sa richesse ont été démontrés
avec talent, grâce et émotion.
Notre
témoin du jour est :
Bernard Monnin du club Les cyclos de Chartreuse de Saint Laurent
du Pont dans l'Isère (38).
Cette deuxième journée de repos à Xi'an
a été la bienvenue car les visites de la veille
ont été, pour moi, assez fatigantes. Visites
que j’ai beaucoup appréciées, et dont
je n’ai pas à faire l’éloge ce jour.
Aujourd’hui donc, je me suis vraiment reposé
et j’ai pris du temps pour être avec ma fille,
arrivée la veille à Xi'an, pour participer au
séjour touristique de Xi'an à Pékin.
Nous avons flâné dans la vieille ville et fait
quelques achats dans les échoppes de souvenirs pièges
à touristes !
Après le repas pris en dehors de l’hôtel
nous hébergeant, nous avons assisté à
une soirée à l’opéra de Xi'an.
Spectacle court -1h15- et d’une qualité exceptionnelle,
tant pour les costumes, que pour les décors et les
artistes. De la danse, des ballets, présentant des
costumes et des instruments de musiques anciens et traditionnels
en Chine sont venus nous charmer avec un spectacle très
poétique.
J’ai apprécié en particulier une séquence
mettant en scène 6 musiciens, qui avec des instruments
à percussion et des cymbales, se sont lancés
dans un numéro ou chaque musicien donnait un rythme
différent en une sorte de dialogue plein d’humour
avec l’un ou avec les autres.
Tous
les participants de Paris-Pékin, qu’ils soient
sur le vélo ou dans l’accompagnement sont les
pièces d’un puzzle, pièces disparates,
qui n’ont qu’un point commun : la passion du vélo.
Reste à savoir quelle sera l’image de ce puzzle
reconstitué à l’arrivée ? J’espère
que cette image du cyclotourisme, de notre Fédération
et de la France, transportée à l’autre
bout du monde, sera belle et restera gravée dans la
mémoire de tous ceux qui s’y sont intéressée.
Je souhaiterai que cet itinéraire de Paris-Pékin,
tracé et bientôt terminé, soit un fil
d’Ariane d’union et de paix entre les pays traversés
et les peuples rencontrés. Je voudrais que toutes les
routes qui finalement ne mènent pas toujours qu’à
Rome, soient pour tous les baroudeurs de tous les pays du
monde un trait d’union et d’amitié.
Journée de repos à
Xi'an
Jeudi 17 juillet 2008
CHINE
Une journée gigXIANtesque !
Le voyageur qui vient de si loin ne peut être qu’un
ami !
Confucius
Nous attendions tous Xi'an, car nous savions que nous
finissions la première partie de l’expédition
et que ces deux jours de repos seraient différents.
Rencontre avec nos cadets de «Xi'an Pékin»,
l'arrivée d’une dizaine d’épouses
ou de compagnes, deux jours de repos consécutifs dans
la même ville, visites et festivités diverses.
Tout a été différent en effet. Dès
9h trois cars ont été mis à notre disposition
pour la journée. Première visite de la ville
de Xi'an (8 millions d’habitants), à la pagode
des oies sauvages. Lieu de repos, de détente, de calme
et de silence. Notre guide nous explique, en Français,
ce qui peut être considéré comme une façon
de vivre pour la plupart des chinois : arriver à l’équilibre
entre le Yang et le Yin, vivre Zen, suivre la philosophie
Bouddhiste, qui n’est pas d’origine Chinoise,
mais qui est reconnue et très respectée.
Deuxième visite, permettant à l’Etat de
nous présenter dans un show room impressionnant la
fabrication et la vente de superbes articles en Jade.
Puis
direction vers le site de l’armée enterrée,
à 45 km de notre hôtel. Découvert par
hasard en 1974 par un paysan qui creusait un puit, ce site
aménagé, comme savent le faire les Chinois,
permet de recevoir une douzaine de millions de visiteur par
an. Les aménagements sont plus fonctionnels qu’esthétiques.
En revanche, l’objet de la visite est vraiment extraordinaire
et mérite le voyage. 3 heures sont nécessaire
pour admirer et tenter de comprendre la mégalomanie
ou le génie de l’empereur Tchin Shu Ruangdi,
qui a enterré des milliers de statues de soldats, en
tenue de combat, au 3ème siècle avant Jésus
Christ !
Chaque fois qu’une salle était terminée
et recouverte d’un plafond, lui-même couvert de
terre, il faisait entrer tous les artisans ayant participé
à cette œuvre, et fermait la salle définitivement,
pour éloigner tous témoins de cette croyance
en l’éternité !
Le Président Chirac, nous a-t-on dit plusieurs fois,
considérait à cette découverte comme
la 8ème merveille du monde.
Les fouilles continues et il est probable que lors de notre
prochaine visite, dans une vingtaine d’années,
beaucoup de questions qui se posent encore aux archéologues
seront résolues.
Notre journée s’est terminée en apothéose
par un dîner officiel et par une cérémonie
sur les remparts de la ville ou le Maire de Xi'an a remis
au Président Dominique Lamouller les clés de
la ville et à Jean-François Dérégnaucourt,
chef de l’expédition un parchemin. Le tout, en
musique, avec danse et spectacle. Longtemps après minuit,
nous étions encore sous le charme de cette surprenante
journée.
Notre
témoin du jour est : Lionel Barbotin du club
: La roue Marquettonne de Marquette en Ostrevant dans le Nord
(59).
Je participe à une magnifique expédition, certes
nous avons eu rencontré beaucoup de difficultés
: neige, pluie, froid, chaleur, bivouacs improvisés,
ce qui m’a occasionné quelquefois un peu de nostalgie
quant à ma famille. C’est normal, mais l’ambiance
qui s’est créée au fil du le temps, nous
a fait oublier toutes ces contraintes et le franchissement
de cols à plus de 3000 mètres a été
pour moi un moment merveilleux.
Aujourd’hui nous sommes à Xi'an, là où
la découverte des soldats enterrés est impressionnante.
Les vacances commencent il ne nous reste plus que 1 200 Km
à parcourir. Les jeunes et les nouveaux arrivants,
partageront un peu de notre expérience, mais je crains
qu’ils ne profitent pas comme nous, de nos merveilleux
contacts et l'ambiance trouvés lors de nos traversées
des 14 pays différents.
Mon souhait le plus fort est que nous arrivions tous ensemble
à Pékin, pour verser des larmes de bonheur et
d’émotion sur la Grande muraille. Si c’était
à refaire, je le referais comme cyclo ou comme encadrant
bénévole, pour faire bénéficier
à d'autres de cette unique et extraordinaire expérience.
Le
témoin du jour :
Dominique Lamouller, président FFCT.
Pour la première fois, les 262 cyclotouristes sont
réunis à 21h ou 3 représentants de la
FFCT sont pris en charge par la ville de Xi’An. Tous
les cyclotouristes suivirent dans 7 bus et furent amenés
à la porte principale de la ville. Face à des
remparts majestueux qui entourent cette ville impériale
sur 14 km, nous sommes tous accueillis par une cérémonie
majestueuse. Sous des flots de musique et de lumière,
de nombreux soldats de l’empire et de nombreux princes
et princesses nous reçoivent avec le faste de l’empire.
C’est l’émotion et l’émerveillement
pour tous. Le président de la FFCT reçut alors
les clefs de la ville de Xi’An. Jean-François
Derégnaucourt reçut le visa impérial.
Paris-Pékin est ainsi devenu Paris-Xi’An-Pékin.
Nous pouvons alors pénétrer sur un large tapis
rouge et sous une haie d’honneur les larges fortifications
et la porte de la ville. Tout se termine dans la cour impériale
du palais des ‘Cloches’ sous le grondement des
tambours.
Tous les cyclotouristes sont devenus des citoyens de fait
de la ville de Xi’An. Nous avons eu ici une belle cérémonie
d’ouverture confirmant l’amitié entre les
peuples.
Etape 104 : Fufeng - Xi'An
Mercredi 16 juillet 2008
109 km - Dénivelé : 282 mètres
Départ : 9h00 - Arrivée : 17h00
CHINE
La rencontre avec les Xi'an Pékin !
Avant le départ, nous avons commencé notre
matinée par une séance photo. Vue d’ensemble,
de chaque groupe, de l’équipe cuisine, de ceux
qui chargent et déchargent les camions et de l’équipe
de la logistique. Ces prises de vues ne sont pas faciles à
organiser car nous avons besoin de la présence de tous
et de grandes surfaces au sol pour pourvoir organiser le déploiement
de 120 personnes et sept véhicules.
Tout le monde se souviendra longtemps du dernier bivouac,
excellent dîner, projection des vidéos de notre
expédition, feu d’artifice et feux de camp.
A noter hier après midi, un léger accrochage
entre le 20 T de Jean-François et une voiture, qui
est venue, en manoeuvrant à reculons s’écraser
contre le pneu arrière droit du camion ! Cet incident
a bloqué pendant cinq heures JFD, Brigitte, Enrique,
co-pilote et notre traductrice, car il a fallu se rendre au
commissariat de police, pour régler le constat, les
problèmes d’assurance et attendre le verdict
de la police, qui a prononcé officiellement la totale
responsabilité du chauffeur Chinois. Il faut dire que
la circulation devient de plus en plus intense, nous roulons
désormais dans des zones péri urbaines ou villages,
petites et grandes villes se succèdent. Les piétons,
les tricycles, les vélos et tout ce qui roule, ayant
des logiques de circulation assez incompréhensibles
pour les chauffeurs. Nous redoublons d’attention et
roulons très lentement.
Notre arrivée à Xi'an sonne la fin de la première
partie de "notre" périple Paris-Pékin. Dès
ce soir, de nouvelles personnes vont se joindre à nous
jusqu’à Pékin (pour nous, ce sera deux
cyclotouristes et une dizaine d'épouses ou de compagnes),
et surtout un groupe important de plus de 150 participants,
dont une trentaine de jeunes adolescents de toutes les régions
de l'Hexagone et de l'Ile de la Réunion qui vont prendre
la route en vélo pour certains ou en car pour d'autres,
nous précédant de 24 heures, pour rejoindre
Pékin. Nous sommes persuadés que ces nouveaux
venus apporteront une sensation nouvelle en fraîcheur
et en esprit, bénéfique pour les deux groupes.
Notre
témoin du jour est :
Jean-Jacques Skubiszewski du Club Cyclo de Ensisheim dans
le Haut-Rhin (68).
Cette étape suit le dernier bivouac, qui s’est
très bien passé, et selon moi a été
fort réussi en particulier le dîner, puis la
présentation des vidéos par l’équipe
de reportages, le feu d’artifice et un feu de camps
pour clôturer. Soirée trop courte hélas,
mais nécessité oblige, ce matin nous devions
pédaler nos kilomètres quotidiens.
Etape classique, très peu vallonnée, ce qui
est une bonne surprise par rapport aux deux précédentes.
Le temps est gris et nous ne voyons plus le soleil depuis
quelques jours. Nous avons traversé de très
nombreux villages, très animés avec des gens
qui vivent dehors et qui sont curieux de tout et très
bon public. Un bain de foule permanent qui nous a réjouis.
Etape importante également car nous réalisons
la jonction avec le groupe Xi'an-Pékin, ce qui pour
moi est particulier car je devais être participant à
ce dernier en lieu et place de Paris Pékin. La chance
m’a permis de réaliser cet exploit que je jugeais
impossible. Et je prends conscience de ce que j’ai appris,
pendant ces 4 mois : gestion de la pratique du cyclotourisme,
de la vie en groupe, de mon organisation personnelle et des
contraintes d’un effort répété,
par tous les temps et dans toutes les conditions.
Inscrit dans cette expédition, un peu pour faire plaisir
à mon Président de club, je n’ai pas trop
réfléchi pour donner mon accord. Je me rends
compte maintenant que j’ai pris cette décision
peut être inconsciemment pour relever un défi
et il me faudra probablement plusieurs semaines pour réaliser
que moi, modeste cyclotouriste, j’ai pu participer à
la plus grande randonnée de tous les temps. J’ai
du aussi prendre sur moi, un bonheur et une catastrophe, la
naissance et le décès de mon petit fils. Cette
tragédie personnelle, m’a donné la volonté
et l’énergie de participer et je l’espère
d’arriver. Je devais cela à ma famille, à
mon club, à mon village, à mon département
et à ma chère Alsace.
Un seul regret, notre difficulté pour coopérer
avec les capitaines de route, car nous aurions du pouvoir
vraiment devenir des amis et des complices et malheureusement
ce ne sera pas le cas.
Une bonne surprise : la qualité et la fiabilité
de notre vélo qui a beaucoup souffert.
NDLR : "Paris Pékin
est un enjeu majeur pour la FFCT et pour ses participants.
Le but pour nous étant de conduire 115 personnes à
bon port dans les conditions les meilleures. Tous les moyens
mis en œuvre ont été choisis pour la sécurité
et le confort de chacun qu'ils soient humain ou matériel.
Chaque participant a signé avec moi un contrat de moralité
qui s’appuyait sur ces contraintes "fortes"
caractérisant l’expédition. Tout le monde
a été prévenu de ce contexte et de son
organisation. Il ne fallait donc pas oublier cela en cours
de route. Certains, dès le départ, n’avaient
pas intégrer ces conditions et nous savions qu'il en
serait ainsi. Le rôle des participants, des responsables
sur la route, de la logistique, des travailleurs de l’ombre,
a été clairement défini avec la complexité
qui accompagne une telle organisation. Pour que cela fonctionne
chacun se devait de partager et d’accepter les missions
et les responsabilités des autres.
Il est évident qu’en ne faisant pas cette démarche
l’un vers l’autre de ce partage, il y ait des
écarts anormaux et des problèmes relationnels.
Cette situation qui tient du domaine de la psychologie était
inévitable. Nous devons donc accepter la responsabilité
commune de cette situation avec les capitaines de route et
cesser ce harcèlement moral stérile. Ceci ne
m’empêchera pas de dire que cette situation a
contribué à la réussite d’un rêve
individuel pour les cyclotouristes, d’un rêve
collectif pour tous ceux qui se sont «décarcasser»
bénévolement pendant 2,5 ans et veiller au bon
fonctionnement, ainsi que pour tous ceux qui ont rêvé
en lisant vos aventures sur le NET.
Avec toutes mes amitiés et mes félicitations
aux 101 cyclotouristes qui sont aux portes de Pékin
sur la route de la soie pour notre plus grand bonheur à
Tous. Mes encouragements à l’équipe d’encadrement
pour toutes les missions lourdes qu'elle devra assurer durant
les 2 prochains mois."
Dominique Lamouller, Président de la Fédération
française de cyclotourisme
Etape 103 : Longxian - Fufeng
Mardi 15 juillet 2008
95 km - Dénivelé : 852 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 16h45
CHINE
De l’improbable et l’incroyable peut surgir
une nouvelle vie impensable et inattendue
Amandine de Bournes
Le
dernier bivouac !
Une excellente occasion de mettre à l’honneur
aujourd’hui ceux qui dans l’ombre depuis le 16
mars assurent la préparation, la réalisation
et le service lors des bivouacs, les petits déjeuners,
les dîners et quelquefois la confection et le service
du pique nique ou du repas de midi :
Le chef cuisinier officiel, traiteur de son métier
: Jean-Claude Marendon et une équipe de cyclos volontaires
extêmement dévouée, compétente,
énergique et dynamique sous la houlette de Barbotin
Lionel (Traiteur) et composée de : Arpin André
(assureur), Bacho Paul (Physiothérapeute), Giroux André
(Informaticien), Tisserand Serge (Retraité EDF) et
Wuyts Marc (Vétérinaire) qui, dès l’arrivée
à l’étape, alors que les autres se reposent,
prennent en main la préparation des repas.
Ce soir pour terminer en beauté ils ont acheté
des moutons, les ont découpés, préparés,
mis en brochette, et serviront un dîner de gala avec
feu d’artifice et projection des vidéos de Paris
Pékin, par Julien et Adrien.
Un feu de camp avec chants et histoires terminera notre première
partie de Paris Pékin. Dès demain en effet les
compagnes de cyclos viendront se joindre à nous chaque
soir et l’ambiance sera certainement bien différente.
Pourquoi pas encore mieux ?
Notre
témoin du jour est :
Martine Gothon du Vélo-club d’Annecy en Haute
Savoie (74).
Nous sommes partis ce matin sous un ciel gris et chargé,
avec une humidité importante. Rapidement, après
quelques kilomètres, la route qui longe le lac nous
plonge dans une atmosphère calme et reposante. Nous
remarquons des cultures maraîchères sur de minuscules
lopins de terre, et un important transport de briques dans
des charrettes bondées.
Puis, une côte sévère d’environ
4 km, entre 10% et 13%, nous rappelle que nous sommes dans
une région montagneuse. Une vue superbe sur les alentours
nous rassure : « ça va encore grimper entre les
cultures en terrasses verdoyantes ».
La deuxième partie de l’étape nous fait
traverser des villages où les marchés attirent
une foule grouillante et colorée. Nous nous faufilons
dangereusement au milieu d’un concert de klaxons et
d’une circulation dans tous les sens.
Sur la route, j’ai remarqué de nombreux mûriers,
j’espère que nous allons enfin voir de la soie
!
A l’arrivée, grosses caisses, scènes de
costumes traditionnels nous accueillent sous un soleil radieux.
Et pour notre dernier bivouac, les organisateurs nous préparent
une soirée spéciale
« inoubliable »!
Pour moi, la route vers le Soleil Levant est longue, mais
aujourd’hui j’entrevoie enfin la lumière.
Etape 102 : Pien Lang - Qian Yang
Lundi 14 juillet 2008
150 km - Dénivelé : 56 mètres
Départ : 8h00 - Arrivée : 17h30
CHINE
Liberté, Egalité, Fraternité
La devise de la République Française
Une journée difficile et superbe !
Tout avait bien commencé. Quelques minutes avant
le départ, évocation simple et pédagogique
du mot Liberté, par Jean-François, à
l’occasion de notre fête nationale, ponctuée
par une Marseillaise chantée à l’unisson.
Ensuite sur la route se sont enchaînés les péripéties,
cols inattendus, piste encore moins attendue, et indications
kilométriques transmises par le responsable Chinois,
complètement fantaisistes. Il n’y a rien de plus
agaçant pour un cyclotouriste de ne pas savoir où
il va, combien il doit faire et combien il lui reste de Km
à parcourir.
En réalité cette l’étape n’avait
jamais été reconnue, au point que le ville étape
a été changée à la dernière
minute, et est devenue la pose du repas de midi. Certains
souhaitaient proposer un carton "jaune" à
nos encadrants Chinois.
Heureusement, cet "énervement" a été
compensé par un paysage et la vision d’un type
de vie très nouveau pour nous. Nous sommes en pleine
terre musulmane, (135 millions de musulmans recensés
en Chine) dans une région autonome (il y en a cinq
dans le pays) qui s’ouvre à l’étranger
depuis très peu de temps. Ici encore l’étonnement
est partout. Notre invitée relate d’ailleurs
très bien cette journée, ce qui me permet de
la laisser s’exprimer.
Malgré les aléas du quotidien, la robustesse
de notre groupe vient du fait que tout le monde a compris
que notre force résultait d’être ensemble.
Notre
témoin du jour est :
Peretti Paule de l’amical cyclos d’Orcet dans
le Puy-de-Dôme (63)
Partis à 7h30 sous un ciel menaçant, après
avoir chanté la Marseillaise, 14 juillet oblige. Nous
avons longé une route bordée de cultures d’un
côté (maïs) et de l’autre une gigantesque
centrale électrique au charbon d’où sortait
la vapeur d’eau par quatre cheminées géantes.
C’était très roulant jusqu’au moment
où nous avons tourné à droite, et grimpé
notre première bosse assez sévère, 200m
en quelques km.
Après avoir quitté la ville nous retrouvons
une campagne bordée de maisons en briques avec une
mosquée et croisons des paysans musulmans avec leur
coiffe blanche pour les hommes et une petite toque pour quelques
femmes. La montagne de chaque côté est couverte
de feuillus. Puis la route devient de plus en plus mauvaise,
nous dansons la carmagnole sur les trous, les ornières
et dans la boue, cela pendant vingt kilomètres. Dans
le creux de la montagne des maisons troglodytes, dans l’une
d’elle une femme fait des pâtes, son habitation
consiste en deux pièces, une cuisine et une chambre,
plus loin une maison abandonnée où se trouve
un lit et un âtre en briques sous le lit pour chauffer.
C’est une autre Chine que nous découvrons : après
les grandes villes qui évoluent très vite, des
bâtiments neufs, des autoroutes, des pistes cyclables
géantes, nous nous trouvons dans la Chine profonde.
Les campagnes évoluent toujours lentement dans n’importe
quel pays du monde. La population est curieuse mais réservée
à notre encontre, car il semble que peu d’Européens
viennent dans cette contrée. Après un rassemblement
nous nous retrouvons dans un village avec un grand chantier
en construction et une exploitation de charbon, plus loin
une exploitation de poterie.
Au sortir de ces zones industrielles nous avons du franchir
un tunnel routier de plus de 2 km. Le plan sécurité
C/123, ayant été appliqué à la
lettre, nous n’avons eu aucun problème. Pour
le second tunnel, plus court (500 mètres) nous nous
sommes débrouillés seuls, et cela a été
plus fun.
Nous déjeunons dans une petite auberge et continuons
notre petit bonhomme de chemin. Nous repartons et en milieu
de parcours nous passons devant un collège où
des centaines d’enfants nous interpellent et nous applaudissent,
cela nous fait chaud au cœur.
14 juillet, liberté, égalité, fraternité.
La Chine pays frère, pays où je me sens bien,
toutefois cette étape a été difficile,
150 km au lieu de 120, la pluie, des bosses, une piste comme
route mais j’ai eu une autre approche de la Chine :
Qiu Ying : La Montée au pavillon de l’Epée
"En haut, le Soleil sur son char s’en retourne
vers les sommets ;
En bas, les flots s’engouffrent dans le fleuve sinueux.
(Même) les grues en vol ne parviendraient pas à
surmonter (cette passe) ;
Les singes (de nature si habiles) s’inquiéteraient
pour traverser les eaux en se tenant par la main.
A Qingni, que de méandres !
Tous les cent pas neuf virages s’enroulent sur les pics
escarpés.
(Les exilés) se hissent vers les astres, gorge béante
ils ouvrent leurs poumons ;
(Les voyageurs) s’assoient, en se tenant la poitrine
ils soupirent longuement.
Je vous demande, quand reviendrons-nous de ce voyage oriental
?
Je crains un chemin trop abrupt pour le gravir (…) »
Li Bo, De la Difficulté du chemin vers Shu"
Etape
101 : Jining - Pien Lang
Dimanche 13 juillet 2008
107 km - Dénivelé : 835 mètres
Départ : 8h00 - Arrivée : 14h00
CHINE
Un dimanche ordinaire
6 heures ce matin, le bivouac installé à l’intérieur
d’un collège se réveille. Nous déjeunons
à 6H30 tous les matins et il y a fort à faire
pour tout remettre en place. Hier soir l’équipe
cuisine s’est mise en quatre pour nous servir un excellent
repas.
En ce dimanche ordinaire, au même moment des élèves
arrivent au collège, les professeurs aussi ! Nous croyons
rêver. Nous avons appris que ce sont des élèves
en difficultés, qui viennent recevoir des cours de
soutien ! Un peu comme en France, je crois !
Nous prenons la route. Une montée assez sèche,
sur une route en travaux est abordée tranquillement.
Les ouvriers s’activent et avec peu de machines, construisent
des murs de soutènement gigantesque. Murs d’une
autoroute en construction à travers une vallée
très secondaire. Le trafic des camions est intense,
peu de voitures. Dans les champs les paysans s’activent,
dans les villages les commerces son ouverts et dans les petits
bourgs
traversés des dizaines de grues s’agitent, pour
apporter matériel et briques aux ouvriers du chantier.
Partout ce n’est qu’activité et travail.
Le dimanche ne semble pas être un jour de repos les
autres jours non plus d’ailleurs. Mystère de
ce fascinant pays, où toutes les idées reçues
volent en éclat où la théorie de la misère
généralisée, sauf dans l’est, est
loin d’être vérifiée.Notre expérience,
et peu de gens auront parcouru près de 4000 km en Chine
en vélo, nous permet de dire que si ce pays étonne
c’est aussi par la quantité de travail fournit
et en même temps par la gentillesse de ses habitants.
Nous avons fait des milliers de rencontres, jamais nous n’avons
trouvé un Chinois ou une Chinoise désagréable
! Jamais. Hier notre ami Gérard notre non voyant, est
allé au restaurant. Devant sa difficulté à
déguster une fondue Chinoise, la patronne s’est
spontanément mis à sa disposition, l’a
accompagné et fait manger avec délicatesse et
gentillesse durant tout le repas. Gérard n’avait
jamais vu cela !
Notre
témoin du jour est :
Patrick Rossignol du club Association de loisirs et action
culturelle de Carquefou, section cyclotourisme dans la Loire
Atlantique (44).
Pour commencer, je dois dire combien je suis heureux de rouler
de nouveau en vélo après trois jours de pénitence
dans le camion, suite à une luxation de l'épaule,
conséquence d’une chute malencontreuse au restaurant
!
Au moment du départ, ce matin nous avons droit à
une séance inattendue d’aérobic, dirigée
par une jeune chinoise, au son de la musique diffusée
dans le collège.
Le ciel est gris, le temps est brumeux, avec un brin de pollution,
au sortir de la ville de Jining (1640 mètres) Ce ne
sera pas, hélas, une journée propice à
la photo. Une première montée, sorte de petit
col, permet aux plus véloces de se faire plaisir. En
ce début d’étape, nous pouvons voir et
dominer une importante briqueterie, précédée
d’une cimenterie, en pleine activité. Passés
ce col, nous commençons une descente dans une plaine
d’altitude, aux cultures multiples et variées
où l’on pratique le maraîchage sous serre.
Celles-ci ne sont plus en terre et briques, mais semblables
aux nôtres, avec des arceaux en bambou. Je remarque
également des travaux gigantesques de consolidation
de pans de montagnes, pour la construction de l’autoroute,
en chantier.
Sur ce vaste plateau, la monotonie de la route, désormais
légèrement montante, est compensée par
les sourires et les saluts de la main des paysans et des enfants,
qui répondent à nos «Nirao» (bonjour).
Notre route est bordée pendant de nombreux Km par une
double rangée de sapins et de saules et d’une
bordure de roses Trémières, splendides et de
plus de un mètre de haut. Nous savons qu’au point
culminant, situé à 50 Km et à l’entrée
d’un tunnel (col) à 2370 m nous nous rassemblerons
pour déjeuner.
La pente s’accentue et pendant 12 Km un vent de travers
et parfois de face, rend les efforts plus importants. Un excellent
repas servi chaud, permet à tous de reprendre des forces
et une longue descente de 55 Km, malheureusement gâchée
par une pluie incessante, permet à chacun de se rendre
le plus rapidement possible à l’hôtel,
où nous arrivons sales et boueux, pour découvrir
que l’ascenseur est en panne et l’eau chaude encore
froide. Après quelques discussions, tout rentrera dans
l’ordre.
Ce Paris Pékin est pour moi une évasion, me
permettant d’oublier mes soucis et de vivre une aventure
humaine personnelle et collective, partager d’autres
valeurs et de découvrir d’autres modes de vie.
Sur la route de la soie, je découvre aussi le chemin
du bonheur.
Etape 100 : Huining – Jining
Samedi 12 juillet 2008
79 km - Dénivelé : 602 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 12h00
CHINE
"Le bout du monde et le fond du jardin contiennent
la même quantité de merveilles."
Proverbe Chinois
La Chine profonde fête nos 100 jours !
C’est
toujours avec autant d’enthousiasme et de curiosité
que notre randonnée se poursuit, d'ailleurs un cap
important aujourd'hui cela fait 100 jours en vélo.
Depuis plusieurs jours nous sommes en terrain montagneux,
et restons à une altitude moyenne de 2 000 mètres,
avec aujourd’hui un passage à 2 060 mètres.
La nature autour de nous se prête à la flânerie
et le cyclotouriste traditionnel est à l’aise
sur ce terrain de jeu.
Nous sommes très attentifs à la vie des gens
qui nous entourent et constatons combien ces paysans, vivants
modestement dans leurs maisons construites en terre séchée,
souvent entourées d’un mur haut de deux mètres
environ, près de leur minuscules parcelles, sont en
phase avec la vie moderne, exemple : les hommes aident les
ânes à tirer une énorme charrette chargée
de la récolte de seigle, une oreille vissée
au téléphone portable. Tout est paisible, tout
semble serein. La barrière infranchissable de la langue
ne nous permet pas de connaître réellement la
réalité.
Ce soir nous participons à notre avant dernier bivouac
et la surprise imprévue s’est produite à
notre arrivée dans la cour du collège. 800 enfants,
filles et garçons de 10 à 16 ans, en uniforme,
encadrés par leurs professeurs, également tous
en chemise blanche et pantalon ou jupe bleu ! nous attendaient
sagement et en ordre au pied d’un podium. Ovation, émotion,
quelques mots en Chinois et en Français, remise du
fanion officiel au directeur de l’établissement
et nos «gens ordinaires» sont devenus soudainement
très populaires et ont été assaillis
par les lycéens pour signer des autographes, se faire
photographier, et répondre aux multiples questions
émises la plupart du temps dans un Anglais scolaire
et assez sommaire. A force d’être admiré
quelques cyclos commencent à prendre consciences qu'ils
réalisent probablement quelque chose hors de commun.
Dans trois semaines chacun pourra commencer son bilan.
Notre
témoin du jour est :
Peter Ernst - Club des Audax randonneurs Danemark demeurant
Skagen (DK)
Chaque jour est pour moi une nouvelle expérience.
Les routes, les bivouacs, les températures de -8°
en Allemagne à +53° en Chine, l’altitude
: au Kirghizistan 3 350 mètres, je n’étais
jamais monté à pareille altitude, au plus à
2 600 mètres en Espagne. (L’altitude maximum
au Danemark est de 154 mètres !
Cette expédition m’a permis de découvrir
de nouveaux amis, car la vie en commun est très importante,
le soir après l’étape et chaque jour au
repas. Aucune randonnée cyclotouriste ne permet de
tels contacts.
En Chine je constate des différences énormes
entre les villes, modernes et riches et les campagnes ou les
paysans travaillent encore sans l’aide de machines.
Et tout semble très bien fonctionner. Je suis également
très surpris, par le regard des Chinois sur moi. En
effet je suis barbu, une barbe grise, et énormément
d’enfants accompagnés par leurs parents, me demande
mon âge (66 ans) et veulent me tirer la barbe et être
pris en photo avec moi. Je me prête à ce jeu
avec philosophie et tendresse.
Etape 99 : Dingxi - Huining
Vendredi 11 juillet 2008
65 km - Dénivelé : 850 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 12h00
CHINE
On ne peut se priver de rêve.
Andrée Chedid
La fin de la longue marche !
Avez-vous déjà entendu parler de la petite
ville de Huining, terme de notre étape d’aujourd’hui
? Probablement pas, car aucun dans notre groupe ne connaissait
cette ville hormis notre guide Chinois Gaston et… le
milliard 350 millions de Chinois qui nous entourent. C’est
ici en effet que, dans l’histoire de la Chine moderne,
s’est passé un événement important
: en 1936 la fin de la longue marche, conduite par celui qui
allait devenir le Président Mao.
En mémoire de ce moment historique, un musée
vraiment très intéressant que nous avons visité,
explique dans une scénographie simple et très
parlante, la rude histoire de ces hommes qui partis à
300 000 ont été réduit à 30 000
dans une lutte fratricide.
En dehors de ce haut lieu historique, nous avons encore roulé
en montagne, avec l'ascension d’un col à près
de 2000 mètres, tout en admirant les cultures en espalier.
Chaque cm2 est toujours cultivé à l’ancienne,
avec par exemple le battage des lentilles sur la voie publique,
spectacle n’étant pas le moins intéressant,
et au milieu de cette vallée au mode de vie séculaire
la construction d’une autoroute. Paradoxe et fascination
de la Chine !
Notre
témoin du jour est :
Gilbert Gauthier des cyclos Romainvillois en Seine-Saint-Denis
(93) et demeurant à Paris (17ème)
Paris Pékin est pour moi une expédition prodigieuse,
unique, indescriptible et enrichissante à tous points
de vue.
Que de souvenirs !
En Allemagne j’ai été frappé par
l’organisation et les aménagements des pistes
cyclables le long du Danube et des très belles réceptions.
En Autriche j'ai été frappé par les magnifiques
villages et leurs maisons particulières ainsi que la
discrétion des populations à notre passage.
En Hongrie j’ai trouvé, un peuple sérieux
et triste.
En Serbie, par contre, j’ai apprécié les
visages souriants des villageois où nous avons eu un
excellent contact avec les enfants, en particulier.
En Moldavie, excellent accueil aussi et beau spectacle réalisé
par de jeunes enfants, en présence de l’ambassadeur
de France et du Ministre des sports du pays.
En Roumanie ma surprise vient de la pauvreté du pays
où j’ai trouvé les automobilistes très
imprudents.
En Ukraine je retiens cette immense terre céréalière
représentant 80% d’un territoire grand 6 fois
comme la France !
En Russie, j’ai vue de très grandes et belles
villes avec beaucoup de statues, en particulier celle de Lénine.
J’ai trouvé les gens assez froids, mais qui nous
ont réservé, lors des cérémonies
officielles un accueil très sérieux et agréable.
Le très beau musée de Volgograd, reste dans
ma mémoire.
Au Kazakhstan l’accueil a été chaleureux,
avec de très belles réceptions, notamment les
chanteurs et les chanteuses aux voix magnifiques. Ce peuple
semble aimer la musique sous toutes ses formes.
Au kirghizistan c'est le pays qui nous a le plus frappés
par ses sites de montagnes sublimes, sans oublier cette descente
vertigineuse de 50 km. Nombreux contacts avec les habitants
et visite de Yourtes. Ce pays d’élevage me laisse
un souvenir exceptionnel.
Enfin la Chine. Tout ici est étonnement. Dès
l’entrée le poste frontière est surprenant
et grandiose. Depuis notre entrée ici, je suis stupéfié
par l’accueil et la sympathie des Chinois.
Je trouve des gens travailleurs, serviables, vivant calmement
et efficacement. Les gens dans la rue conduisent sans trop
respecter les règles, et en klaxonnant beaucoup, mais
il y a peu d’accrochages et les gens ne se disputent
jamais. La population est toujours d’accord pour se
faire prendre en photo avec nous et cela les fait beaucoup
rire.
En se promenant tardivement en ville ou en village, la sécurité
est totale, partout. Je suis complètement ébloui
par ce pays, qui sans aucun doute, sera rapidement une des
deux grandes puissances du monde. Dès mon retour, je
vais m’intéresser à l’histoire de
la Chine.
L’idée d’avoir inventé ce périple
est géniale car pour moi ce n’est que du bonheur
et je n’oublierai jamais cette aventure qui marquera
ma vie, moi chauffeur de taxi à Paris qui n’avait
jamais eu pratiquement l’occasion de quitter la France.
Etape 98 : Lanzhou - Dingxi
Jeudi 10 Juillet 2008
105 km - Dénivelé : 1 061 mètres
Départ : 7h35 - Arrivée : 16h00
CHINE
Prendre
de l’altitude
Partis de Lanzhou,
capitale de la Province du Ganso, nous quittons la vallée
du fleuve Jaune pour nous trouver rapidement dans un paysage
de montagne. Sur le papier l’étape était annoncée facile.
Sur le terrain, la réalité a été tout autre. Une très longue
montée, pour prendre près de 1000m d’altitude durant toute
la matinée. Le point culminant étant de 2057m pour un passage
en tunnel non éclairé de 500 mètres de long. Tout ressemblance
avec le Galibier... En échange, un spectacle champêtre varié
et toujours plaisant nous est offert.
Ce matin nous étions dans la région de la pastèque et du chou
en pleine récolte. Cela génère une très forte activité dans
les champs et sur les routes. Des centaines de triporteurs
à moteur livrent la coopérative, laquelle alimente des camions
plus gros, pour livrer la ville proche. Les paysans s’affairent,
dans un climat bon enfant. Chaque centimètre de terrain est
travaillé et irrigué. Ici les parcelles sont très petites
et sont travaillées à la main. Nous n’avons vu aucun tracteur
dans cette vallée. Les montagnes pelées sont équipées de canalisations
à ciel ouvert pour récupérer les eaux de ruissellement.
Notre pique-nique quotidien sonne la fin de la longue montée.
Après, nous reprenons la route pour atteindre notre hébergement
prévu dans une école, en plein centre d’une petite ville.
Notre
témoin du jour est :
Geneviève Ravel, Présidente du Club Vélocio du Pilat (42)
de Fraisses. Capitaine de route.
"L’étape est belle mais je suis surprise par le dénivelé et
aussi par les paysages. Des ravins profonds et des cultures
en terrasses nous étonnent. Du lin, du blé, du maïs et plusieurs
légumes sont cultivés à la main sur des parcelles minuscules.
Les gerbes de blé sont groupées en gerbiers car ici le blé
est coupé à la faucille et battu à la main. Pour l’instant,
on rencontre peu de mécanisation. Curieusement, nous avons
vu une section d’une trentaine de militaires en chapeau de
paille, donnant un coup de main aux paysans. Des roches, très
friables, proches de la route sont creusées. De nombreuses
cavités semblent servir de greniers pour les récoltes. Ici,
deux légumes sont rois : la pastèque et le chou-fleur !
Depuis le 16 mars, nous avons pédalé près de 600 heures et
le groupe est en bonne forme. Je suis admirative du courage
et de la ténacité de tous et en particulier des femmes.
Profitant de ce témoignage, je souhaite un excellent anniversaire
à mon beau-père Paul, 88 ans, et à mon père Joseph, 81 ans...
et naturellement, je salue cordialement tout le personnel
hospitalier de Firminy."
Journée du repos à Lanzhou
Mercredi 9 juillet 2008
CHINE
"L’homme
le plus heureux est celui qui saura savourer le plus complètement
l’instant qu’il tient dans les mains."
Pierre Teilhard de Chardin.
Nous pouvons affirmer que tous les membres (hommes et femmes)
de l’expédition savourent ces instants magiques que procure
chaque jour notre périple.
La découverte de la ville, avec ses petites rues, ses échoppes
ouvertes nuit et jour, sous la surveillance du ou de la propriétaire
qui dort au milieu de son étal, ses buildings ultra modernes,
ses temples, la pagode blanche, le pont Allemand, ses parcs
nombreux et très bien dessinés, ses avenues immenses, ses
pagodes traditionnelles, ses incroyables magasins en sous
sols et ses salons de coiffure, s’ajoutent aux souvenirs de
cette Chine qui nous fascine et nous surprend.
La sieste fait partie pour beaucoup de la journée de repos,
car la route est encore longue. Sans oublier le courrier afin
de témoigner à tous et à chacun de son passage à Lanzhou.
Notre
témoin du Jour :
Nicole Rompteaux de l’Aviron bayonnais dans les Pyrénées-Atlantiques
(64) côté Pays basque
"Après la beauté des sites naturels que nous avons traversés
au Khirghizistan, je ne m’attendais pas à trouver avant Lanzhou
des paysages de haute montagne, certes très différents, mais
également très beaux et riches en couleurs, avec ces cultures
variées. Les habitants surpris et curieux, nous accueillent
toujours avec gentillesse. Nous allons de surprise en surprise
chaque jour en découvrant des villes mais aussi des villages
en pleine évolution.
Notre arrivée dans Lanzhou, par la rive gauche du fleuve Jaune,
nous montre une ville moderne où nous avons pu visiter ce
matin le quartier des temples et de la pagode blanche.
Je n’aurais jamais pensé, il y a deux ans, pouvoir participer
à une telle expédition, mais un entraînement progressif en
endurance, programmé par Jean-Pierre mon mari, me permet d’effectuer
les étapes dans de bonnes conditions, même celles de haute
montagne et de profiter pleinement du voyage qui m’apporte
beaucoup, tant sur le plan découverte géographique que par
le contact avec les habitants, dans la vie de chaque jour
et aussi pas la qualité des spectacles auxquels nous avons
eu la chance d’assister. Il reste 20 étapes dont je vais profiter
pleinement. Notre famille et nos amis attendent le récit de
notre aventure, Ils devront attendre..."
Etape 97 : Tianzhu – Lanzhou
Mardi 8 Juillet 2008
145 km - Dénivelé : 306 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 17h00
CHINE
Il est de la nature de l’homme de dépasser sa nature
Maurice Zundel
Notre première très grande ville
Partis de plus de 2000 m ce matin, nous avons perdu plus de
600 mètres pour atteindre cette immense métropole Lanzhou.
Le décor reste le même, cultures irriguées en pleine terre
ou sous serres, villages en pleine mutation où l’habitat traditionnel
pauvre en terre séchée est remplacé, à coup de bulldozer et
sans état d’âme par du neuf coquet et plus fonctionnel. Les
routes entre les villages sont excellentes, par contre dans
quelques bourgs la voirie laisse vraiment à désirer.
A midi halte pique-nique dans la cour d’une usine car il est
très, difficile de pouvoir arrêter un groupe de 100 personnes
et des véhicules au bord de la route. La sécurité est prioritaire
! Nous roulons l’après-midi, avec une température de 35° et
au fur et à mesure que nous approchons de la capitale provinciale,
peuplée de plus de deux millions de citadins, nous sommes
surpris par la pollution, très visible issue de nombreuses
usines pétrochimiques. Nous atteignons également un autre
grand fleuve mythique : Le fleuve Jaune, le bien nommé. A
ce stade, très en amont, aucune navigation mais déjà une grande
vigueur qui alimente des retenues avec production électrique.
L’entrée dans Lanzhou n’est pas évidente, et la peur de se
perdre est réelle. Ici aussi la ville est un chantier, des
dizaines de tours destinées à l’habitation ou aux affaires
sont en construction. La circulation est importante et les
embouteillages existent déjà. Notre hôtel étant à côté de
la gare centrale, notre arrivée a été un soulagement pour
tous.
Notre
témoin du jour :
Hou Lizhao. (20 ans) Il s’agit d’un des deux cyclos Chinois
qui participe à l’aventure.
C’est la première fois que vous venez en Europe, en Asie
Centrale et à l’ouest de la Chine, pouvez vous nous donner
vos impressions premières sur ces trois parties du monde,
ensuite vous me parlerez de Paris-Pékin.
"Ma première impression ce sont les monuments de Paris, et
en particulier la nuit, l’éclairage des bâtiments publics
: l’Arc de triomphe, la tour Eiffel et les Champs Elysés notamment
j’ai trouvé cela merveilleux et je n’en suis toujours pas
revenu. Il faut dire que c’est la première fois que je quitte
mon pays et que je suis arrivé la veille du départ à Paris.
Je suis allé également dans un restaurant Chinois à Paris
où la cuisine servie ressemblait à peu près à ce que nous
avons l’habitude de manger en Chine. J’ai sympathisé tout
de suite avec des Français. J’ai également été très surpris
par le froid et la neige du mois de mars, en France et en
Allemagne. J’ai visité également des églises et j’ai admiré
la beauté des vitraux et les exceptionnelles couleurs diffusées
sous le soleil, en particulier en Allemagne, à Donauschingen.
J’ai été également très surpris par les nombreuses réceptions,
avec discours, remise de cadeaux, buffets en présence des
dirigeants des communes et des régions.
En Russie, j’ai été surpris par les chants et les danses des
enfants des écoles, toujours très agréables et divertissants.
Au
Kazakhstan, j’ai pu entrer dans des maisons privées, et j’ai
découvert de belles demeures, avec de splendides tapis aux
murs et aux sols. Au Kirghizistan ce sont les paysages de
montagne aux neiges éternelles et du lac Issy-kûl qui m’ont
séduit.
Pour la Chine, retrouver les baguettes et les prix très modiques
pour manger a été très apprécié. J’ai également été impressionné
par les magnifiques paysages montagneux de l’ouest que je
ne connaissais pas. J’ai été très heureux aussi de pouvoir
parler chinois, avec beaucoup de monde, donc d’être autonome.
Pour Paris Pékin, ma première bonne surprise est l’entraide
spontanée que j’ai reçu des cyclos de mon groupe les verts.
J’étais en effet incapable de parler ni de lire le Français.
Je trouve aussi que pouvoir avoir des boissons fraîches est
bien agréable. J’ai aussi apprécié de pouvoir loger dans des
écoles où le contact avec les élèves et les professeurs est
très enrichissant, je m’exprime en Anglais.
Au départ je ne pensais pas pouvoir arriver à rallier Paris
à Pékin. Le premier mois a été très difficile pour moi car
j’ai eu très froid. J’ai beaucoup progressé et sauf accident,
je sais que je finirai cette expédition."
Etape 96 : Gulang - Tianzhu
Lundi 7 Juillet 2008
81 km - Dénivelé : 1054 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : de 12h30 à 14h00
CHINE
Une étape comme nous les aimons !
Nous continuons de parcourir le corridor Hexi et nous avons
atteint aujourd’hui son point culminant. Un col autour de
3000 m. Une montée d’une quarantaine de km, en pente douce,
hormis le final de 5 km à 7, 8%, puis une descente longue
et très appréciée. En prime un décor splendide de vallée ouverte
avec des champs jaunes de fleurs de colza, alternant en damiers
avec des surfaces vertes de plantations diverses. L’irrigation
étant permanente jusqu au col ! Au bord d’une 2x2 voies, nous
longeons de vieux villages traditionnels, construits en terre
ocre. Manifestement tous ces hameaux n’ont pas encore bénéficié
du progrès économique.
Depuis plusieurs jours également nous croisons de très nombreuses
serres, utilisées pour toute culture. Les serres chinoises
sont très particulières, avec un mur épais d'au moins un mètre
de large, trois mètres de haut et 50 mètres de long, et partant
du sommet du mur et allant à terre, des arceaux en bambou,
faciles à déplacer et couverts d’une bâche amovible. Ces constructions
sont impressionnantes, originales et très fonctionnelles.
Ce soir nous sommes à l’hôtel dans une petite ville où les
Tibétains sont très nombreux. Nous avons même croisé trois
moines bouddhistes en robe rouge !
Nos
témoins du jour :
Ils sont deux : Adrien Flipo, 21 ans, de Pézenas dans l'Hérault
(34) et Julien Lessi, 21 ans, de Maule dans les Yvelines (78),
nos deux reporters officiels de l’expédition.
Vous êtes les témoins privilégiés de cette expédition.
Quel est votre plus grand étonnement ?
Adrien : Tout est source d’étonnement. Le plus grand
est certainement pour moi cette nouvelle façon de voyager
: traverser un pays d’un point à un autre, permet de saisir
autre chose que l’ambiance d’une simple ville. Le fait de
survoler chacun des pays n’empêche pas des rencontres émouvantes
avec des populations toutes aussi fascinantes les unes que
les autres. Le second est la dimension journalistique de mon
travail en tissant un lien de confiance avec nos témoins pour
obtenir le plus honnêtement possible ce qu’ils ressentent
au quotidien et dans l’instant.
Julien : Je retiendrai particulièrement,
les différences entre les aspects humains de cette expédition.
Dans les pays traversés les variations de coutumes, de langue,
de niveau de vie, et de perception de l’étranger. A l’intérieur
du groupe de l’expédition, la révélation des caractères, l’affirmation
des affinités, et cette vie communautaire constituent pour
moi une aventure hors norme et hors du commun, car nous devons
vivre à 115 pendant 150 jours et moi qui suis de nature plutôt
sauvage, je suis plongé dans un collectif 24h sur 24.
Cette randonnée m’a surtout permis de découvrir un trait de
caractère dans ma personnalité que j‘ignorais : ma capacité
d’adaptabilité à une longue séparation, au changement incessant
de mes habitudes et de mes repères.
Sur le plan professionnel, j’ai compris comment capter les
sentiments de chacun.
Que vous apporte cette expédition sur le plan
personnel ?
Julien : Grâce à ce voyage, j’ai pu enrichir
mon expérience personnelle et professionnelle et cette ouverture
sur le monde me permet d’entrevoir dans ma vie de reporter
de nouvelles perspectives et de nouveaux projets inattendus
et impensables il y a six mois.
Adrien : Je réalise chaque jour la chance
que j’ai de pouvoir vivre cette aventure notamment avec mon
meilleur ami Julien. Je m’efforce à chaque instant de rester
original et créatif dans mon travail pour permettre à mes
proches et à tous les internautes de partager cette aventure
hors norme.
Etape 95 : Wuwei – Gulang
Dimanche 6 juillet 2008
63 km Dénivelé : 535 mètres
Départ : 13h30 - Arrivée : de 17h00 à 18h00
CHINE
Rêvez pour nous réveiller ! De rêveurs vous deviendrez
des réveilleurs (Gitta Mallasz)
La chaleur pour compagne
Nous
profitons de l’attrait de l’hôtel en centre ville et du faible
kilométrage à venir, pour prendre le départ de l’étape en
début d’après-midi. Nous reprenons notre route vers le sud
Ouest du pays toujours dans notre fameux couloir de la route
de la soie. La chaleur (33°) a été un élément perturbant pour
bon nombre de cyclos. Heureusement le camion frigo rempli
de boissons fraîches a permis à tous, en suivant le peloton
éparpillé de parcourir l’étape sans trop de difficultés.
Ce soir nous montons le bivouac, dans la cour d’un collège
ultra moderne, de la toute petite ville de Gulang. Les équipes
hébergements et cuisine sont rodées et en 2h00, tout est prêt
pour le plaisir de tous.
A
noter d’une pierre blanche, qu’hier samedi 5 juillet, dans
la journée et la soirée, une équipe très motivée par l’opération
"école solidaire" s’est rendue à l’école, à la demande d’une
enseignante d’Anglais et du directeur, "Wuwei sunstrine English
school", sous la responsabilité de Gil Degugliemi, accompagné
de 4 ambassadeurs. Cette délégation a été prise en charge
et conduite dans cet établissement privé, qui enseigne la
langue anglaise les fins de semaine et pendant les vacances
aux enfants de 5 à 18 ans. Gil a présenté de 14h30 à 17h00
l’expédition Paris-Pékin et l’opération école solidaire, puis
sous la direction du professeur d’Anglais, particulièrement
motivé, dynamique et enthousiaste, les enfants ont posé des
centaines de questions toujours pertinentes, parfois surprenantes
: la nourriture en France, les lois, notre façon de vivre,
etc.
En soirée nouvelle présentation par Gil et Raymond Cambarat
d’un deuxième établissement où là encore, pendant plus de
2h00, les questions ont fusées, sur notre mode de vie : après
les échanges traditionnels des adresses et remise de fournitures
scolaires, il était temps de rentrer avec la satisfaction
d’avoir rempli son rôle d’ambassadeur.
Notre
témoin du jour est :
Xavier Latorre Vilallonga notre cyclotouriste Espagnol du
club Velocio du Pilat de Fraisses dans la Loire (42)
"Ce qui m’intéresse dans ce voyage est avant tout l’aspect
culturel des pays traversés. Le vélo étant un moyen, peut
être le meilleur, pour découvrir la culture, au sens large
des nations rencontrées. Ouvrir les yeux pour améliorer la
connaissance du pays, connaître son histoire, sa géographie,
sa ou ses religions, sa ou ses langues. Ce Paris-Pékin a donc
été longuement préparé pour me plonger dans le contexte, ce
qui m’a déjà donné beaucoup de plaisir. Je préfère d’ailleurs
chercher dans les livres que sur Internet. Ces livres et des
cartes m’accompagnent depuis le 16 mars. Notamment pour l’Europe
: le Danube de Claude Magris, pour la Russie : Vie et destin
de Vassily Grosmann et pour la Chine le roman de Mo Yan.
Ce voyage est pour moi particulièrement intéressant car il
me permet de vérifier sur le terrain, depuis près de cent
jours les incroyables bouleversements de l’histoire de l’Europe,
de l’Asie centrale et bien sur de la Chine.
Pour l’Europe des pays développés mais qui semblent progresser
lentement, pour les états de l’ex Europe de l’est, des états
ruinés et en reconstruction plus ou moins rapides et pour
les pays de l’ex-URSS, en Asie centrale des pays encore pauvres,
fiers de leurs origines et qui récupèrent leur personnalité,
leurs religions, leurs propres politiques au rude prix de
l’indépendance.
Pour la Chine, je vois à tous les instants, les bénéfices
d’une orientation générale nationale qui manifestement profite
à l’amélioration constante du niveau de vie d’un peuple qui
travaille. Les Chinois utilisent leurs racines millénaires,
au profit d’une planification exemplaire, le tout dans le
calme, le sourire et la sérénité. Actuellement sur la route
de la soie, je mesure mieux l’apport inestimable des échanges
entre la Chine et les pays voisins, éléments du développement
actuel, les chinois ayant su et voulu valoriser et canaliser
la totalité des apports hétérogènes de tout ces peuples, de
toutes ces richesses économiques, humaines, culturelles et
politiques."
Etape 94 : Yongchang - Wuwei
Samedi 5 juillet 2008
71km - Dénivelé : 55 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 11h45
CHINE
Une
descente de 50 km !
A force de monter, il fallait bien redescendre et aujourd’hui
notre courte étape a été très facile et sans histoire particulière.
Arrivés pour déjeuner au restaurant de l’hôtel en fin de matinée,
nous nous reposons ici pour 24h00. Notre départ de demain
étant programmé vers 14 h00. En revanche, nous avons été témoins
de deux anecdotes significatives. En pleine campagne, sur
un lopin de terre très petit, 1000m2 environ, un couple de
paysans, avec délicatesse et conscience, faisait la moisson
du champ de blé dont il était manifestement propriétaire ou
fermier. Rien de particulier me direz-vous ? J’ai oublié de
préciser que le champ était moissonné avec une…faucille. A
notre vue, l’homme s’est avancé, chemise ouverte, fusil d’aiguisage
et gourde à la ceinture, a pris un épis, l’a écrasé entre
ses doigts pour nous montrer la qualité de son blé et de son
travail. Nous nous sommes retrouvés au milieu d’un tableau
digne de Millet, acteurs involontaires d’une scène rurale
simple, digne, belle et émouvante. La femme souriante, foulard
sur la tête, perles de sueur au front, un peu en arrière,
attendant que l’homme fasse le geste du menton pour la reprise
du labeur.
Ces
petites tranches de vie, que chacun a pu découvrir selon son
regard, à tous les instants, sont pour nous plus instructives,
que tous les discours et les analyses de «grands» spécialistes
ou experts entendus dans nos pays d’Europe.
Autre anecdote : un cyclo arrive dans une grande poste, il
est 18h35, le service public cesse à 18h30, déçu, de ne pas
pouvoir acheter un timbre et envoyer son courrier, il fait
tout de même un signe de l’extérieur pour attirer l’attention
des postières en train de faire leur caisse. Une femme s’approche
souriante et très calmement ouvre la lourde porte, comprend
le souci du "client étranger", le conduit au guichet, demande
à une collègue d’arrêter sa caisse pour vendre un timbre,
le colle, ferme l’enveloppe avec du scotch et d’un grand sourire
lui fait comprendre que sa missive partira dans la nuit. Soudain
de derrière arrive, manifestement un chef qui a tout vu de
la scène, il s’approche et offre une tranche de pastèque à
notre cyclo qui a fait rouvrir la poste et payé seulement
0,60 €. No comment.
Notre
témoin du jour est :
Charpentier Michel des Cyclotouristes de Vésoul en Haute-Saône
(70).
"Depuis mon départ, je suis de plus en plus en forme et de
mieux en mieux physiquement. Réaliser un tel périple dans
cet état rend vraiment facile cette randonnée. En 1960, j’ai
assisté aux jeux olympique de Rome, je ne voulais, sous aucun
prétexte rater ceux ce Pékin, je suis donc très heureux.
Ce qui me faisait rêver avant de partir était le passage au
Kazakhstan et au Kirghizistan. Je n’ai pas été déçu, car j’aime
la montagne et les paysages somptueux, les lacs et la nature.
J’aime, contrairement à certains, les bivouacs et leur convivialité,
l’inconfort, l’imprévu. Peut-être que devenu vieux, j’aimerai
moins. (Ndlr. Michel a 74 ans !)
Il s’agit de mon deuxième séjour en Chine, je suis venu en
effet, dans le sud en Novembre 2007, pour un mois de vélo,
et je suis stupéfait de la différence. Autant ce que j’ai
vu dans le sud était archaïque et hors du temps autant ce
que je vois à l’ouest et au centre est en mouvement, moderne
et particulier à la fois. Je dois dire aussi que j’apprécie
la gastronomie Chinoise, car elle est variée, pleine de légumes,
et toujours servie avec une multitude de plats différents
où les couleurs et la présentation ont une grande importance.
Je reste également impressionné par la courtoisie et la gentillesse
des personnes rencontrées, toujours souriantes, prévenantes
et disponibles. Je souhaite bien entendu terminer avec tous
à Pékin. Je ne considère pas du tout ce que je fais à vélo
comme un exploit, par contre vivre avec 100 compagnons est
une aventure peu banale où la découverte de chacun nécessitera
d’écrire un livre."
Etape 93 : Handan – Yongchang
Vendredi 4 juillet 2008
117 km - Dénivelé : 910 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 16h00
CHINE
Une
très belle étape.
La pluie de la veille ayant cessé, nous repartons ce matin
rassurés et tranquille. Le soleil brille et la température
s’annonce très convenable, entre 20 et 25°. Nous continuons
notre progression dans une immense plaine bordée au loin au
sud et au nord de hautes montagnes. Il s’agit d’un couloir
plat et large d’une trentaine de km et d’une altitude moyenne
et constante entre 1500 et 1800 m. Ce corridor a toujours
été propice à la circulation des hommes et des biens. C’est
pourquoi dans un ordre chronologique et historique on y trouve
des ouvrages et infrastructures, marquant toutes les époques
de l’histoire des voies de communication chinoises.
Un mur de 5 m de haut et d’ 1m de large, construit il y a
plus de 600 ans, pour arrêter les envahisseurs venant du nord
constitue en fait la première Muraille de Chine. Elle est
encore assez bien conservée mais n’est pas destinée aux touristes,
donc fort intéressante pour nous. Nous longeons une des premières
routes historiques de la soie, un chemin, première voie carrossable,
allant d’ouest en est. Nous empruntons aujourd’hui une route
goudronnée qui lui est parallèle, à côté se trouve une autoroute
à péage à 2 x 2 voies, une double voie de chemin de fer électrifiée
et pour finir un pipe-line en construction pour acheminer
du gaz.
Cette étape très variée nous permet, par un long faux plat
montant, de franchir un col de 2 577 m, presque le Galibier.
En pleine forme et de bonne humeur, le groupe se trouve ce
soir à l’hôtel, ce qui permet, après une douche chaude, de
trouver le repos bienfaiteur.
Le
témoin du jour est :
Paul Bacho, notre seul participant Américain originaire de
Cleveland dans l’Ohio.
Quelle est votre impression générale sur Paris-Pékin,
sur la traversée de l’Europe de l’ouest et de l’est, puis
de l’Asie centrale et enfin de la Chine ?
"Depuis Paris je suis dans l’inconnu car je connaissais l’ouest
de la France, pour avoir fait Paris Brest mais pas l’est.
C’est la première fois que je réalise une randonnée cyclotouriste
avec une centaine de personnes. J’ai quelques difficultés
à rouler dans un peloton compact car j’ai besoin d’espace.
Mais je m’adapte.
J’ai trouvé dans l’est de la France un excellent accueil,
en Allemagne et Autriche, plus de froideur et au fur et à
mesure que nous passions à l’est une sympathie de plus en
plus chaleureuse. En ce qui concerne les pays traversés, je
trouve l’Europe de l’ouest d’un bon niveau général et que
depuis la Hongrie, les villes sont modernes et d’un bon niveau.
En revanche dans les campagnes, j’ai l’impression de me retrouver
avec un siècle de retard ! Tout est nouveau pour moi et je
découvre avec des yeux d’enfant, ces pays qui me surprennent
tous les jours. N’attendant rien de précis de l’organisation
et n’ayant aucune référence en ce domaine, je suis satisfait
de ce que l’on me propose. Pour le 4 juillet, anniversaire
national aux Etats-Unis, il est de tradition de faire claquer
des pétards. Ce matin, surprise pour moi au départ de l’étape,
des Chinois ont lancé des pétards et ce soir, à l’arrivée,
de nouveau des pétards ont éclaté. La tradition est respectée."
Etape 92 : Zanghye - Shandan
Jeudi 3 juillet 2008
63 km - Dénivelé : 249 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 12h00
CHINE
Belle
étape, bivouac sordide
Il y a des jours comme cela. L’étape semble une formalité
sur le papier et puis un problème imprévu vient perturber
notre quiétude. Partis ce matin avec le vent dans le dos,
par une température de 21°, nous arrivons à midi, heureux
de trouver notre bivouac.
Patatras, le bivouac en question se trouve dans le chantier
d’un futur stade. Le gymnase qui nous est dévolu est promis
à la destruction et de ce fait, ne possède ni eau, ni électricité.
De la poussière, des gravats, un environnement assez sordide.
De plus, un pique-nique chinois des plus simples, pourrait
briser un moral de cyclos non aguerris, ce n’est pas le cas.
Après un moment d’hésitation et de mauvaise humeur, nous nous
organisons, donnons un coup de balai, installons les douches,
mettons en place le groupe électrogène, construisons une tente
pour abriter les latrines, sortons lits et duvets et donnons
à notre décor un aspect plus humain et acceptable.
Ce soir notre équipe cuisine mettra « les petits plats dans
les grands ». Ce "mauvais moment" vite oublié, permet de constater,
une fois de plus la cohésion quasi-totale de notre groupe.
Notre
témoin du jour est :
Gérard Muller du club de l’Association Sportive d’électricité
de Strasbourg. (67)
Il faut rappeler que Gérard est non-voyant et qu’il réalise
la parcours en tandem, avec Michel Cabart son pilote.
"Le tandem dans le peloton a une position particulière. Avant
de partir, je ne pensais pas avoir le même pilote pendant
13 000 km, surtout pour soulager mon pilote. Dans la réalité,
Michel est le seul qui m’a conduit car tous les deux, nous
y trouvons tous les jours notre plaisir. Lui est plutôt cyclotouriste,
moi par tempérament je souhaiterais de temps en temps « jouer
avec les gros bras ». Grâce à lui, j’ai vraiment découvert,
non seulement le cyclotourisme, mais aussi la solidarité entre
cyclos. Dés le départ, chacun de nous pédalant, avec et pour
l’autre, nous avons trouvé un rythme commun qui nous satisfait
pleinement. Notre relation est équilibrée et nous pédalons
vraiment en osmose. Nous roulons toujours en queue de peloton,
car nous avons besoin d’espace, pour être libre dans nos mouvements.
Plus j’avance dans ce périple, plus le tourisme, les rencontres,
les "à côtés" du vélo prennent de l’importance. Alors que
le premier mois nous étions presque seuls. Désormais autour
de nous s’est formé un groupe. Nous profitons au mieux de
la vie collective empreinte de convivialité et d’amitié.
Personne
dans le groupe ne connaît le monde de la cécité, mon militantisme
actif, me pousse à donner une certaine image de celle ci,
bien loin des stéréotypes traditionnels. Je dis souvent: il
vaut mieux faire envie que pitié. Dans la vie du groupe et
dans les différentes activités quotidiennes, j’essaye d’avoir
toujours le plus d’autonomie possible. Comme dans ma vie sociale
et familiale habituelle, je reste soucieux de mon look et
de mon apparence. L’élégance n’étant pas incompatible avec
la cécité. Le regard de l’autre est important pour moi car
la plupart des non voyants ont eux-mêmes une image négative
de leur handicap. J’ai besoin, comme tout le monde d’être
reconnu, non pas comme handicapé mais comme Gérard Muller,
cyclotouriste.
J’espère que ce séjour aura fait connaître la condition d’aveugle,
et si les 115 participants pensent désormais que les non voyants
sont des gens comme eux, je n’aurais vraiment pas perdu mon
temps, en dehors naturellement d’avoir participé à une randonnée
hors du commun, avec des relations humaines assez exceptionnelles."
Journée de repos
à Zanghye
Mercredi 2 juillet 2008
CHINE
Le temps passe à toute allure et plus particulièrement les
jours de repos. Nous sommes partis depuis plus de cent jours,
avons traversé 14 pays, pédalé plus de 10 000 kilomètres .Tout
cela nous paraît très proche, très lointain, très simple et
très compliqué. Confusion des étapes dans les esprits et mélange
dans notre kaléidoscope de souvenirs. Il nous faudra probablement
un peu de temps pour remettre en ordre ce fabuleux parcours.
Quand nous y parviendrons, nous nous rendrons compte combien
cette expédition fera date dans notre histoire personnelle
et collective. Dans cette grande ville, à notre échelle (2
millions d’habitants) chacun est libre de gérer sa journée
à sa guise. La majorité d’entre nous se repose, se balade,
essaye de comprendre cette fascinante et surprenante Chine
d’aujourd’hui. Il paraît sage aussi à certains de commencer
à faire des emplettes car ils pensent, à raison, que les prix
d’ici n’auront rien à voir, avec ceux de Pékin !
Notre
témoin du jour :
Haboury Jean Marie du Vélo club d’Annecy (74)
"Une journée de repos est toujours appréciée, car elle permet
de souffler et notamment de vérifier les vélos. Je dis les,
car j’ai le privilège de réaliser cette expédition avec Danielle
ma femme, ce qui pour moi est une grande chance.
Il s’agit de mon deuxième séjour en Chine. Cette fois nous
traversons la campagne et nous prenons une provision d’images
assez exceptionnelles. Les contrastes et les surprises se
trouvent partout : à chaque coin de rue, derrière chaque triporteur
ou en poussant une porte de magasin. Ce qui me frappe est
l’importance de l’irrigation dans les campagnes. Surprise
également dans les villes ou les immenses avenues larges de
deux ou trois voies de circulation , sont bordées d’arbres,
fort utiles pour dispenser l’ombre. Dans les rues du centre
ville, des fleurs et des calicots publicitaires ou explicatifs
donnent un air à la fois simple et convivial. La ville d’aujourd’hui
par exemple est un modèle de mélange entre les vieilles constructions
traditionnelles et les immeubles récents et modernes.
Parmi mes meilleurs souvenirs, la traversée du Kirghizistan
et l’approche de ses hautes montagnes aux cimes enneigées.
A l’approche des grandes murailles les Ramoneurs sont toujours
vaillants !"
Etape 91 : Gaotai - Zanghye (1 497
mètres)
Mardi 1er juillet 2008
88 km - Dénivelé : 229 mètres
Départ : 7h30 - Arrivée : 13h30
CHINE
En
liberté totale
Nous pensions avoir ici, la même "protection" des autorités,
que nous avons connues depuis notre entrée en Roumanie. Un
service de police omniprésent, des voitures nous encadrant
et pour les pays les plus soucieux de notre sécurité des assignations
à résidence sévères, nous interdisant, par exemple de quitter
l’enceinte de notre hébergement.
Depuis notre entrée en Chine, c’est tout le contraire. nous
n’avons jamais été encadrés ou contrôlés par la police. Nous
roulons absolument où nous voulons et nous avons un sentiment
de sécurité totale. Dans la campagne, sur la route et dans
les villes, aucun policier nous encadre, hormis les agents
de circulation débonnaires. Dans les hôtels, aucune vérification
de passeports ! Là encore la surprise est grande. Tout semble
cohérent, calme. Chacun peut mener sa vie, comme il l’entend,
habillé simplement mais sans excentricité. Notre impression
de sérénité souriante se développe de jour en jour. Demain
repos, quel plaisir !
Notre
témoin du Jour :
Rougert Michel du Club Sportif et artistique de la défense
de Roanne (42)
"Depuis ma toute première jeunesse j’ai été animé par deux
grandes passions (en dehors de celle de ma famille) : l’activité
physique et les voyages. A 56 ans, j’ai la possibilité d’assouvir
ces deux passions. Rien que le nom de Paris Pékin à vélo inspire
le respect et je suis heureux de participer à une telle expédition.
C’est pour moi avant tout une grande aventure humaine, dont
les séquelles seront indélébiles et où j’ai eu la confirmation
que le mot solidarité n’était pas un vain mot dans notre milieu.
J’ai appris que la notion de solidarité n’est possible que
si elle est partagée. Pour pouvoir en bénéficier il faut surtout
en faire profiter les autres et dans une randonnée de plus
de trois mois, il est indispensable d’être bien dans son corps
et dans sa tête, je parle en connaissance de cause, pour que
ce mot, quelquefois galvaudé prenne tout son sens.
J’ai conscience que chacun de nous, construit son propre Paris
Pékin d’abord pour son histoire personnelle, mais que sans
la magie du groupe, personne ne l’aurait réalisé. Nous ne
sommes pas encore conscients que nous écrivons, ensemble,
quelques belles pages de l’histoire fédérale, et je suis certain
que dans quelques mois, revenus sur terre, nous serons simplement
fiers de pouvoir dire en toute simplicité : j’y étais ! Pour
finir, je dois dire à tous les jeunes des écoles solidaires,
de la Loire en particulier mais aussi de toute la France,
et de la ville de Piatra-Neamt en Roumanie, que sans leur
soutien et leur enthousiasme, je n’aurais jamais pu terminer
cette grande aventure. Dès mon retour je leur rendrai ce qu’ils
m’ont offert : leur confiance et leur amitié."
Etape 90 : Quingshui - Gaotai
Lundi 30 Juin 2008
94 km
Départ : 7h30 - Arrivée : 14h30
CHINE
10 000 km !
Mine de rien, kilomètres après kilomètres, jours après jours,
discrètement et courageusement nos vaillants cyclotouristes
viennent de franchir leurs 10 000ème kilomètres.
Eux seuls, individuellement et collectivement savent et sauront
vous raconter ce que représente cette somme d’heures de vélos
et de vie communautaire.
Vos hommes, vos compagnons, vos pères et grands-pères, vos
fils où vos compagnes, vos mères, vos grands-mères, vos filles
sont en train d’écrire pour eux, elles, et pour vous, une
inimaginable histoire, aussi belle qu’hypothétique. Soyez
certains qu’ils reviendront transformés, expérimentés et probablement
plus tolérants, plus humanistes, peut être plus amoureux et
vraisemblablement plus conscients de la chance qu’ils ont
eue d’avoir pu vivre et participer à cette unique expérience
de terrain.
La traversée de la Chine fait beaucoup réfléchir et tous,
nous aurons un point de vue, totalement différent du départ
et souvent en contradiction avec ce que nous avions pu lire
ou entendre sur ce pays. Chacun de nous aura une opinion,
certes partielle, mais en tous cas crédible car, à ce jour
peu de gens ont eu la possibilité, en totale liberté, de sillonner
et de visiter, la campagne ou la ville, durant plus de 4000
km. Nous si.
Notre
témoin du jour est :
Alain Dupas du Club Cyclotouriste de Nice dans les Alpes-Maritimes
(06).
Parti d’un bivouac plein de cordialité et de rencontres avec
les autres, après une nuit passée sous la tente dans un cadre
exceptionnel, au milieu d’une plaine entourée de hautes montagnes
– nous étions à 1 600 mètres d’altitude – au centre d’un village
rural, de 5000 habitants doté de toutes les commodités publiques
et privées dont rêvent tous les villages Français !
Dès la sortie du bourg, nous retrouvons le désert pendant
une dizaine de Km, puis entrons dans une zone irriguée où
poussent tournesols, maïs, houblons et j’en passe, avec une
impression de richesse exceptionnelle. Les rivières venues
des hautes montagnes sont à sec, parce que chaque goutte d’eau
est utilisée pour garantir des récoltes abondantes.
En poursuivant l’étape, nous avons croisé une zone de plusieurs
Km2 de dunes de sable, et après un arrêt dans un "café" où
toute la famille, les amis, les voisins, viennent voir ces
diables rouges à bicyclette, pour se faire photographier avec
eux, nous arrivons au pique-nique, dans une école primaire,
qui nous ouvre simplement et instantanément ses portes. L’arrivée
est toute proche et en début d’après-midi, nous atteignons
nos trois hôtels en plein centre d’une ville de 100 000 habitants,
pas encore touché par la nouvelle architecture, et donc très
"provincial".
Après 10 000 km dans cette expédition, vous qui
avez beaucoup voyagé, pouvez-vous me donner votre sentiment
sur votre Paris Pékin ?
J’ai été un peu déçu par la Kazakhstan, enthousiasmé par le
Kirghizistan et depuis 10 jours réellement bluffé et estomaqué
par la Chine. Je pensais voir un pays agricole et pauvre alors
que je découvre un pays en pleine expansion, où les petites
villes nouvelles de 200 000 habitants sont réparties sur l’ensemble
de l’immense territoire. Où l’industrie et l’agriculture font
bon ménage et où la finalité semble être l’épanouissement
des gens.
En ce qui concerne l’organisation j’apprécie en toute connaissance
de cause, la résolution des multiples problèmes générés par
le déplacement quotidien de 120 personnes : boissons fraîches
au cours de l’étape, au repas et à l’arrivée, organisation
administrative facilitée, logement et nourriture assurés,
chaque soir, entretien des vélos, infirmière, médecins et
ostéopathes, au service du groupe, etc.
A contrario, je regrette le critère de choix de certains participants,
qui selon moi ne sont pas de niveau physiquement ou mentalement,
pour une telle expédition et qui pénalisent une partie du
groupe, en se faisant attendre chaque jour. En ce qui concerne
les capitaines de route, je regrette que ceux-ci n’aient pas
été à la hauteur de l’espérance que nous pensions trouver
en eux.
Etape
89 : Jiayuguan - Quingshui
Dimanche 29 Juin 2008
93 km - Dénivelé : 193 mètres
Départ : 7h15 - Arrivée : 12h00
CHINE
Une
étape bien tranquille.
Nous quittons à la fraîche Jiayuguan, alors que se prépare
au centre ville, devant notre hôtel, la répétition du passage
de la flamme olympique, qui aura lieu le 7 Juillet prochain.
Cet engouement et cette ferveur révèlent combien les jeux
olympiques de Beijing semblent représenter, pour l’ensemble
de la nation Chinoise, un événement exceptionnel. Partout,
des drapeaux olympiques, des drapeaux rouges nationaux et
le logo des jeux, rouge sur fond blanc. Voitures, motos, tricycles,
charrettes, sans compter les avenues,
sont ornés de ces oriflammes. Inimaginable de voir une telle
adhésion populaire. Sans compter la télévision, qui, tous
les jours en direct, retransmet des images du passage de la
flamme. Notre pique-nique sera installé directement dans la
cour d’un collège où nous allons bivouaquer. Pour la première
fois, nous prenons notre repas préparé par les Chinois qui
nous accompagnent. Chacun réagit selon ses goûts et sa nature.
Ces bivouaques, moins confortables que l’hôtel,
permettent de mieux vivre en groupe et ont permis dans le
cadre de cette aventure de sceller des amitiés, probablement
indéfectibles.
Notre
témoin du jour est :
Marie Meyer de l’amical Laïque cyclotouriste et VTT de Toul
en Meurthe et Moselle (54).
Une étape sympathique, lendemain d’un anniversaire somptueux
et inoubliable pour moi. Je ne pensais pas mériter pareil
honneur, quoique ! Nous partons tranquillement, pour 93 km,
sans difficulté. Nous traversons une succession de cultures
aux couleurs variées, aux senteurs multiples, et nous nous
interrogeons au sujet de plantes totalement inconnues de nous.
Nous pensons cependant qu’elles doivent se manger. Nous faisons
des haltes fréquentes dans les nombreux marchés, au bord de
la route, dans les villages traversés. Nous sommes interpellés
par une étrange activité : des paysans tiennent des sacs en
toile de jute, dont le contenu est invisible. A l’arrivée
du client, le sac est ouvert et surprise, le vendeur tire
par la patte... un mignon petit cochon tout rose criant et
gesticulant. Simultanément, nos vélos intriguent fortement
les autochtones, ils les soupèsent, les touchent les admirent
et semblent être surpris de nous voir chevaucher de telles
montures. Nous arrivons au bivouac vers midi où nous attend
un pique-nique Chinois ! Dotée de cette nourriture, un ami
cyclo, m’accueille avec une boite de conserve ouverte d’où
jaillissent des arêtes de poisson, me déconseillant la dégustation
de ce met curieux, odorant et inconnu. J’ai rendu lâchement
ma boite à l’intendance ! Par contre j’ai jeté mon dévolu
sur le gâteau sec, vraiment sec de la portion. En approchant
du 10 000ème km, aujourd’hui en particulier, jour anniversaire
de mon fils, je ressens une belle émotion car je sais que
tous les jours sont des petites victoires qui m’approchent
de MA victoire
finale, à Pékin, que je partagerai avec tous.
Etape 88 : Yumen Zhen - Jiayuguan
Samedi 28 juin 2008
141 km - Dénivelé : 940 mètres
Départ : 7h15 - Arrivée : 17h00
CHINE
Allons toujours. Pour lentement que nous avancions,
nous ferons beaucoup de chemin
St.François de Sales
Une étape variée à souhaits.
Les charmes du cyclotourisme c'est la diversité des
paysages et la rencontre d'imprévus au détour
d'un itinéraire. Ce fut le cas pour nous aujourd’hui
: un départ prudent, sous les nuages et la fraîcheur,
une traversée du désert sous la chaleur, et
enfin une arrivée en pleine verdure à l’abri
de la Muraille de Chine.
Il faut dire que l’étape d’hier avait laissé
des traces. Dès notre départ, encore dans le
désert, nous traversons une nouvelle forêt d’éoliennes,
plus de mille, selon nos estimations, peut-être moins
selon "les autorités". Nous apprenons que
cette province est LA région des éoliennes !
Ici, rien n’est fait sans envisager un avenir à
long terme, 50 ans !
La pluie commence à tomber et curieusement
elle n’est pas trop mal appréciée. Nous
arrivons, par une large route, en faux plat montant sur 80
km, à 2300 mètres d’altitude dans une
ville dédiée à l’industrie du pétrole.
Il y a eu dans les années passées une production
et un traitement du brut. Actuellement le site est en fin
de vie.
Pour le pique-nique, nous trouvons refuge dans le hall d’une
banque !! Il fait 8°. Après cette halte très
fraîche, nous commençons une longue descente
qui nous conduit vers notre destination du jour, et notre
premier contact avec la Muraille de Chine que nous traversons
pour entrer plus profondément dans le pays, "à
l’abri des invasions lointaines". Nous sommes encore
à 1680 mètres d’altitude.
La
journée est loin d'être finie, empreinte de surprises,
dîner dans le restaurant d’un grand hôtel
où a lieu un concours de chefs cuisiniers, nous y participons,
avec enchantement comme spectateurs et comme dégustateurs.
Les tables sont couvertes de plats, exposés avec raffinement
dont la décoration est un chef d'œuvre à
elle toute seule, les asiatiques étant mondialement
connus maîtres en la matière. C’est un
régal pour les yeux et le palais. Après notre
repas où nous avons savouré des mets inconnus,
et dégusté du vin Chinois, l'occasion nous a
été donné d'apprécier un spectacle
chinois à la fois traditionnel et moderne de danse
et de musique, proposé par une troupe de 14 danseuses
et 14 danseurs. Décidemment, nous avons changé
de planète.
Etape 87 : Anxi - Yumen Zhen
Vendredi 27 juin 2008
141 km - Dénivelé : 853 mètres
Départ : 7h - Arrivée : de 17h45 à 19h
CHINE
Chaleur, vent, distance = galère
Cette
étape anodine sur le papier s’est révélée
particulièrement pénible, surtout par la traversée
longue et fastidieuse d’une fraction du désert
de Goby.
Une chaleur forte et surtout un vent contraire et violent
ont sapé lentement mais sûrement les forces du
groupe. Il faut dire que traverser un désert en virtuel
sur une carte topographique reste un exercice d’école
excitant, à contrario, l'effectuer en grandeur nature,
avec plus de 9000 Km dans les jambes, après un bivouac,
et par une température de 40°, relève de
l'exploit. C’est en puisant dans leurs réserves
que beaucoup de cyclos ont terminé cette étape.
Heureusement l'hébergement s'effectuera en hôtellerie,
modeste certes, mais suffisante pour reprendre des forces,
avec un accueil chaleureux matérialisé par des
banderoles de bienvenue.
Au cours de l’étape nous avons doublé
un groupe d’une vingtaine de cyclotouristes : Grecques,
Polonais, Lithuaniens, qui, partis du mont Olympe en Grèce,
rejoignent comme nous Beijing. Bien qu'ils aient envié
notre logistique, nous leur avons souhaité bonne chance.
Au fil des jours, il faut toute la vigilance et la solidarité
de tous pour continuer à vivre en harmonie, cette extraordinaire
aventure, et ne pas se laisser dominer par les conditions
de route, du climat, et l'accumulation de la fatigue.
Le
témoin du jour :
Jean-Yves Blanchard du club des randonneurs Luziens Lagunak
de Saint-Jean-de-Luz dans les Pyrénées-Atlantiques
(64).
L’étape du jour semblait difficile dès
le matin. Chaleur et vent de face sont au menu. Installé
dans un groupe d’une quinzaine de cyclos, nous prenons
régulièrement les relais, pour avancer en faisant
le moins d’effort possible car ce vent tenace, régulier
et usant ne permet aucune fantaisie. Nous avons circulé
sur une voie latérale à l’autoroute, utilisé
comme piste pour tracteur. Route au revêtement irrégulier,
avec quelquefois des trous dangereux. En revanche la circulation
est assez faible, heureusement, car les camionneurs avertissent
bruyamment et passent sans ralentir dans un nuage de poussière.
A 12h45 un pique-nique chaud et des rafraîchissements
ont été les bienvenus, car cette halte était
attendue par tous. Puis j’ai décidé, me
retrouvant seul un peu par hasard, d’en profiter pour
me tester et rouler seul, contre le vent, à mon allure.
Tout a très bien marché et cette solitude m’a
fait rêver à mon cher Pays Basque, à sa
fraîcheur, sa verdure, et ses couleurs. Pour rompre
cette solitude désertique, je m’imagine les distances
en fonction de celle que je réalise régulièrement
: dix kilomètres par ci, quinze par là et ainsi
j’avance sereinement. La température, sur la
route est montée jusqu’à 40°. Et soudain,
comme par un coup de baguette magique, au Km 115, la végétation
est revenue, le vent a cessé et avec d’autres
cyclos que j’avais rattrapés, je me suis plongé
avec délice dans un canal d’irrigation bien venu,
et terminé l’étape tranquillement dans
une excellente ambiance. Après 100 jours de route je
dois dire que la réalité du voyage est conforme
à mes espérances. Je regrette néanmoins,
que nos capitaines de route, connaissent assez mal la psychologie
des hommes qu’ils sont censés aider et conseiller.
Il suffirait de presque rien pour que les rapports entre adultes
soient meilleurs, c’est mon souhait le plus cher, pour
terminer sans problème cette expédition.
Etape 86 : Dunuang - Anxi
Jeudi 26 juin 2008
121 km - Dénivelé : 153 mètres
Départ : 7h - Arrivée : entre 13 h et 14 heures
CHINE
Le désert
Pour la première fois depuis notre entrée en
Chine notre étape s’est entièrement déroulée
au milieu du désert. En conséquence des dispositions
un peu nouvelles ont été prises : départ
matinale, afin d'avaler un maximum de km avant le déjeuner,
pour arriver le plus tôt possible à l’hébergement.
Les groupes de couleurs se sont modifiés en groupe
d’affinité. Tout le monde semble y trouver son
compte ; les plus en forme de la journée, roulent en
tête et ceux qui souhaitent flâner, peuvent librement
arriver plus tard. Il faut souligner que depuis que nous roulons
en Chine, nous n’avons aucune escorte policière
ce qui nous laisse une totale liberté de mouvement.
Il faut ajouter que sur la route de ce jour, nous n’avons
rencontré qu’une très faible circulation,
un revêtement parfait et en prime le vent dans le dos.
Du coup cette étape qui aurait pu être très
pénible et étouffante par une température
avoisinant les 40° a été agréable.
Un déjeuner au km 91, nous a permis de prendre un peu
d’ombre sous des abris en feuillage. Chacun ayant construit
sa traversée du désert selon sa forme et son
inspiration, la plupart ont trouvé cet exercice nouveau
comme une expérience intéressante. Ce désert
est mi minéral et sablonneux, sans vie, sans construction,
hormis une forteresse en ruine au km 42. Certains ont aperçu
des sortes de gazelle, cheminant par paire.
Ce soir nous retrouvons les joies du bivouac qui se situera
dans l’enceinte d’une usine désaffectée.
Notre
témoin du jour est :
Michel Helmbacher des randonneurs de Strasbourg du Bas Rhin
(67).
Depuis notre départ vous avez pris des milliers de
photos. Pouvez–vous nous dire combien, pourquoi et quelle
va être la destination de ces magnifiques clichés,
qui de l’avis général, sont pour le plupart
remarquables :
Plus de 15 000 clichés. Je voyage en vélo depuis
plus de trente ans et la finalité de mon activité
reste la photo et l’écriture. Concernant ce voyage,
sur lequel je suis heureux, je trouve vraiment matière
à assouvir ces besoins élémentaires.
Tout ce que j’ai vu est une découverte permanente,
une surprise continuelle et quotidienne. Tous les soirs, je
travaille sur mon ordinateur, je visionne mes photos du jour,
une moyenne de 150 par jour, j’élimine et je
choisis ce qui me plaît le plus. Je les classe par étapes,
et je sélectionne celles que je considère comme
les dix meilleures du jour. Ensuite, je rédige un compte
rendu et j’enregistre les données GPS.
Cette sélection quotidienne est envoyée à
mes amis et à la Fédération, lors des
journée de repos, si j’ai une connexion. A mon
retour j’envisage de créer un DVD qui pourrait
être proposé aux participants, en accord avec
la Fédération.
Je suis un homme heureux d’avoir participé à
cet extraordinaire périple et ayant organisé
moi-même des voyages cyclo-camping, je mesure bien les
aléas de l’organisation.
Journée de repos à Dunhuang
Mercredi 25 Juin 2008
CHINE
Les falaises… de Mogao La
journée était loin d’être terminée
car après l’installation dans deux hôtels
de Dunhuang et un déjeuner (Chinois !) nous reprenions
les vélos pour nous rendre à une vingtaine de
kilomètres afin de visiter les grottes de Mogao. Peu
de monde dans le groupe savait où nous allions mettre
pied à terre.
Avec, une fois encore un réel étonnement, nous
avons plongé directement du 21ème au 4ème
siècle !
Imaginez un lieu touristique reconnu au patrimoine de l’Unesco
depuis 1987. De quoi s’agit il ?
En plein désert, une barrière rocheuse de 1
700 mètres de longueur et 50 mètres de haut.
A ce stade rien de bien exceptionnel. Sauf qu’en approchant,
nous découvrons, dans la falaise 735 grottes, de toutes
tailles. Toutes ces cavernes, sont soigneusement fermées,
car elles cachent des trésors.
Plus de 2 500 statues et 45 000 m² de fresques liées
à la religion et à l’art bouddhiste sont
présentées. Peu de grottes sont ouvertes au
public, et celles mises en exposition révèlent
des merveilles exceptionnelles. Statues et fresques de toutes
tailles, toutes des pièces uniques : Bouddha, assis,
couché, géant, plus petit….. !
Ces chefs d’oeuvres ont été édifiés
du 4ème au 14ème siècle de notre ère.
La falaise ayant été recouverte pas les sables
du désert, les peintures et les statues ont été
ainsi protégées des ravages du temps et des
hommes et c’est après la révolution culturelle,
que ces trésors ont été dévoilés,
pour le plus grand bonheur des savants du monde entier et
des visiteurs, les premiers pour une étude historique
et pour faire l’admiration des seconds, dont nous sommes
aujourd’hui les visiteurs privilégiés
du Paris Pékin 2008.
Nul doute que ce soir notre potentiel intellectuel s'est
enrichi par la découverte de ce patrimoine inestimable.
Liaison ferroviaire : Urumqï
à Dunhuang
1 200 km
Mardi 24 juin 2008
CHINE
En rail la nuit de la Saint-Jean C'est
la deuxième fois depuis le début de notre périple,
et pour des raisons de sécurité, que la décision
a été prise de franchir les 1 200 Km entre Urumqï
et Dunhuang en chemin de fer. Le bons sens a été
de militer en faveur de ce choix : la traversée d’une
partie du désert de Gobi, nous a été
déconseillée par des spécialistes, la
chaleur pouvant atteindre 50° fin juin. Faire reposer
au maximum les cyclotouristes qui doivent encore pédaler
pendant près de 4 000 Km et faire l’expérience
des transports ferroviaires Chinois.
Cette décision prise en juillet 2007, s’est avérée
des plus judicieuses et a permis une coupure nette dans le
pédalage quotidien et un changement de rythme salutaire.
C’est donc en car que nous avons rejoint l’immense
gare d’Urumqï. La ville étant très
étendue, il nous a fallu près d’une heure
pour atteindre ce monument, moderne et fonctionnel. A 20h43,
à l’heure précise prévue, nous
quittions cette inoubliable mégapole dans un train
fort élégant d’une quinzaine de voitures,
tracté par une locomotive diesel. Deux voitures confortables
avec cabines équipées de 5 ou 6 couchettes larges,
avec matelas et couette nous étaient réservées.
Extinction des feux à 23 h et mise à disposition
des voyageurs de l’eau chaude. La nuit se passe sans
problème et après un petit déjeuner,
fourni par la logistique, nous arrivons à destination
à l’heure exacte 10h30. A noter que la traversée
du désert ne présente qu’un intérêt
relatif, hormis trois moments forts : le coucher et le lever
du soleil et les champs d'éoliennes sur plusieurs kilomètres.
Plus de mille spécimens tournent inlassablement leurs
ailes d’acier !
Arrivée dans une gare moderne et monumentale, d'à
peine une année ! Sur une voie qui n’existait
pas non plus l'an passé ! Quand on vous dit que la
Chine nous étonne.
Journée de repos à Urumqï
Lundi 23 Juin 2008
CHINE
Ce
matin repos et grasse matinée pour les cyclos. Pas pour la
plupart des encadrants et quelques cyclos volontaires, James
Mara, Joël Gaborit, Gérard Duru, Gérard Genest et Michel Rougert
qui prennent la route pour conduire les véhicules et les bagages
à Dunhuang, à plus de 1000 km au sud. Ils auront fait la moitié
du voyage lundi en fin de soirée et normalement nous devrions
tous nous retrouver mercredi matin à l’hôtel.
Hier soir, nos deux Luxembourgeois de l’expédition, ont simplement
et dignement célébré la fête nationale du Grand Duché, en
entonnant "l’Uêlzecht", leur hymne national.
Ces 48 heures de repos permettent à la majorité des cyclos
d’aller se balader et de découvrir cette ville qui est la
plus grande de l’Ouest. En ce qui concerne "votre rédacteur",
curieux de nature et jamais blasé, je dois dire que je reste
stupéfait de voir cette cité et cette région en marche.
Si toute la Chine est du même calibre qu’Urumqï, il ne fait
aucun doute que ce pays est parti pour étonner le monde.
Tout ici est activité, propreté, amabilité. Les différentes
communautés semblent mener une vie harmonieuse, sans heurt
et vraiment en toute tranquillité. Pas un seul policier en
tenue, pour contrôler, canaliser ou surveiller le centre ville.
Aucune restriction pour se balader n’importe où et n’importe
quand. Des commerces où tout se vend, à des prix étonnamment
bas, avec un personnel surabondant et toujours disponible
pour le chaland, où la vie modeste des couturières de rue,
côtoie en toute simplicité des Mercedes noires avec chauffeurs
qui véhiculent des hommes considérés comme importants.
Partout nous rencontrons une population jeune, affable, souriante,
certes qui ne nous comprend pas mais qui fait tout, pour nous
être agréable.
Peut être que notre statut d’extra-terrestres étrangers favorise
cette sensation, mais ici tout semble bien réglé, chacun à
sa place actif et consciencieux.
Avant de partir, j’avais lu dans diverses publications que
l’ouest de la Chine était une région pauvre, avec un statut
différent, à forte majorité musulmane, fermée à l’étranger
et sous haute surveillance. De ce que j’ai pu constater et
ressentir, j’affirme que le visiteur étranger passe totalement
à côté de ces affirmations. Nous côtoyons dans la rue, une
classe moyenne majoritaire, sur les chantiers, des hommes
et des femmes actifs bien au-delà de notre notion du travail
"à la Française". Partout des produits de qualité, non pas
seulement des chaussettes ou des liquettes, mais des voitures,
des autocars, des ordinateurs, des engins de chantier, des
constructions à l’architecture audacieuse et une ville à l’urbanisme
cohérent, pas de mendiants, ni de policiers en tenue (bis),
ni de tags sur les murs,
Il nous reste près de deux mois pour observer, comprendre
et avoir un avis, subjectif bien sûr, sur ce que nous aurons
vu. A ce jour la surprise est au moins aussi énorme que le
sentiment de puissance, d’efficacité et de réalisme qui se
dégage de cette première semaine vécue ici.
Etape
85 : Shihézi - Urumqï
Dimanche 22 Juin 2008
156 km
Départ : 7h30 - Arrivée : 18h30
CHINE
Côté
jardin et côté cité !
Cette
longue étape, réalisée sous une chaleur de 39°, s’est déroulée
en deux parties très distinctes. La première très agréable,
sur une route nationale peu fréquentée et au milieu de cultures
nombreuses et variées. Cela ressemble un peu à la vallée du
Rhône, mais en 20 fois plus grand ! Les contacts avec les
paysans sont hélas quasiment impossibles, à cause de la "muraille"
de la langue, mais les Chinois nous manifestent une grande
sympathie, par de grands gestes ou des coups d’avertisseurs
!
Un
petit loupé pour le pique-nique du midi, car notre camion
frigo est arrivé avec deux heures de retard au point de rendez-vous.
Il faut dire que les conditions d’organisation sont très différentes
en Chine. La deuxième moins poétique car nous devons rouler
toujours en convoi, non pas à la demande des autorités – Nous
n’avons plus aucun policier pour nous encadrer – mais pour
suivre la voiture pilote conduite par un Chinois. Nous sommes
malheureusement incapables de nous diriger seuls. Notre guide
s’étant trompé de route, nous l’avons aveuglément suivi et
avons du parcourir une trentaine de kilomètres supplémentaires,
après avoir attendu les cyclos dans une station où en réalité
ils ne sont jamais passés !!
Ce retard
imprévu, nous a fait terminer l’étape difficilement, sous
la forte chaleur et dans les faubourgs de l’agglomération
d'Urumqï où la circulation d’un groupe de 100 cyclos dans
une ville de plus de 2 millions d’habitants n’est pas si simple.
Heureusement
des cyclistes locaux, venus à notre rencontre, nous ont permis
de regagner notre hôtel, où nous allons bénéficier de 48 heures
d'un repos bien mérité. Nous prendrons en effet le train pour
Dunang situé à 1 000 km au sud d'Urumqï, le mardi 24 juin
à 20h40 (locale). En revanche, grosse déception, nous ne verrons
pas le passage de la flamme olympique!
Notre
témoin du jour :
Robert Dervaux de l’amicale des diagonalistes de France, demeurant
à Romilly sur Seine dans l'Aube (10).
Mon premier souci est de savoir, chaque matin l’heure du départ,
le kilométrage, l’heure du pique nique et le nombre de Km
restant après ce dernier. Je souhaite en effet faire le plus
grand nombre de Km le matin, pour éviter la chaleur de l’après
midi et j’aime connaître ces prévisions pour me préparer mentalement.
Mon sentiment sur le Paris Pékin est que c’est une très grosse
organisation et que cette vie de groupe ne permet hélas pas
un contact permanent avec les populations. Par contre les
rapports avec l’encadrement sont bons.
Je suis
déjà passé à Urumqi il y a 8 ans, lors d’un voyage en Chine,
en Inde et au Pakistan. La taille immense de la ville ne m’a
donc pas surpris.
Pour parler de la Chine, cette visite me confirme que ce pays
se développe très rapidement et je souhaite que tout le monde
profite de cette évolution, car nous voyons des disparités
importantes entre la campagne et les villes. Depuis le départ
de Paris, je constate que, hormis la Chine, hors norme, la
richesse des pays semblaient diminuer au fur et à mesure que
nous allions vers l’est. Très attaché à l’environnement, je
souhaite également que ce souci soit pris en compte par les
pays émergents.
En tout état de cause, mon souhait est d’arriver à Pékin en
bonne santé car je pense que cette extraordinaire aventure
est probablement pour moi, la fin de mes grandes randonnées.
Je continuerai le cyclotourisme, mais plus sur de telles distances
ni en cyclo-camping. Il faut savoir tourner la page !
Etape 84 : Kuytün - Shihézi
Samedi 21 Juin n2008
100 km - Dénivelé : 198 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 15h00
CHINE
Richesse
ignorée !
Tout revient en ordre dans notre fonctionnement et chacun
a repris sa place dans la logistique.
L’étape du jour s’est déroulée dans une très vaste plaine,
à l’évidence riche, grâce à une double activité.
Une très forte production agricole, avec en particulier la
culture du coton, qui draine, à l’époque de la récolte plus
de deux millions de saisonniers. Et pourtant cette plante
herbacée qui demande chaleur et humidité se situe dans une
région sèche. Ce sont des générations d’agriculteurs et d’ingénieurs
qui ont, au fil du temps, perfectionnés au plus haut point
des réseaux d’irrigation, permettant une telle production.
Il est vrai que nous sommes au pied du château d’eau de l’Asie
et que les rivières, asséchées, à cette époque, doivent débiter
au printemps des millions de mètres cubes d’eau. L’autre richesse
est l’industrie lourde et au milieu des champs, d’immenses
hauts fourneaux produisent, certainement de l’acier.
Etonnement également, tous les panneaux routiers sont rédigés
en Chinois et en Arabe. Ceci confirme que nous sommes en pleine
région musulmane. Nous découvrons des villages et surtout
des villes, aux constructions récentes, les avenues sont bordées
par de nombreux arbres, des parterres de pots de fleurs égaient
le modernisme des villes, tout est splendide dans cette région,
rarement visitée par des touristes locaux, jamais par des
touristes Français. Ce soir encore un grand hôtel nous reçoit,
avant le retour aux bivouacs, dans les prochains jours.
Quelques
lignes encore pour en terminer sur nos 4 jours d’isolement
et d’incertitude. Il faut préciser que si le but : Entrer
en Chine avec nos véhicules a été atteint, c’est notamment
grâce aux services de l’Etat français, de la Fédération et
de l’Etat Chinois. Nous sommes en effet les seuls étrangers
à pouvoir bénéficier d’une telle faveur. En effet, les J.O.
proches ne permettent plus l’entrée de véhicules étrangers.
Toutefois, les obstacles ont été nombreux à franchir. Nos
7 véhicules ont du, en tout premier lieu, passer un contrôle
technique, l’équivalent de nos services des mines. Dans un
bâtiment ultra moderne, sur deux chaînes parallèles, les véhicules
sont vérifiés, auscultés, contrôlés. Nous n’en menions pas
très large car ceux-ci ont déjà beaucoup souffert au Kazakhstan
en particulier. Au bout de 15 minutes, le contrôleur tout
sourire a donné un avis favorable ! Nous allions donc pouvoir
être immatriculés, dans la mesure ou le conducteur obtenait
le permis de conduire Chinois !!
Et pour valider ce permis de conduire, il a été nécessaire
de passer le code, mais personne ne savait lire les idéogrammes
Chinois. Une solution nous a été proposée : lire des signes
en forme de trident et indiquer les sens des dents. A gauche,
à droite, en bas ou en haut. Avec l’appui du groupe de souffleurs
et la bonne volonté évidente de la contrôleuse, nous avons
tous eu notre certificat de bonne vision, même Jean-Claude
le cuisinier, qui ne voit que d’un œil !
Nous avons donc en main, le sésame magique : le permis de
conduire les véhicules en Chine. Sauf les poids lourds, interdit
aux chauffeurs de plus de 60 ans. Problème pour nous car nos
trois titulaires ont tous cet âge. En toute hâte, pour dénouer
une situation inextricable, Enrique et Clément les ostéopathes,
Ermina notre infirmière ont du passer...le permis poids lourd
Chinois. Epreuve de conduite en ville avec inspecteur dans
la cabine. Sans problème le permis a été délivré à nos trois
candidats, félicitations. Il faut dire qu’ils avaient été
préparés à cette épreuve, durant au moins une demie heure
sur le parking voisin. Munis de nos précieux documents et
sans nous poser de questions, nous avons rapidement quitté
notre résidence forcée, pour rejoindre, 465 km plus à l’ouest
les cyclos.
Le
témoin du jour est :
Jean-Pierre Decouty du club de S.A.G.Cestas en Gironde (33).
Pour mes 70 ans, je me suis offert, cette balade de Paris
à Pékin, peut être en guise de conclusion de ma vie de cyclotouriste,
déjà bien remplie.
Tout me confirme que visiter le monde, est une source d’enrichissement
et de connaissance, pas seulement avec les habitants rencontrés,
qui nous étonnent et nous surprennent toujours, mais aussi
avec nous-même. Nous rencontrons d’autres cultures, d’autres
modes de vie, d’autres habitats, toujours différents de nos
repères. Je me demande comment les populations rurales, peuvent
vivrent sans ce que nous considérons comme le minimum : l’eau
et l’électricité. Et cependant les gens semblent heureux,
sobrement et proprement habillés. Souvent les enfants sont
en costume d’écolier et les femmes en particulier en Ukraine
et en Russie sont très coquettes.
Je trouve la vie de groupe, assez difficile et je m’efforce
de m’adapter. Globalement cette expédition me confirme que
dans un groupe on trouve des gens avec qui je souhaiterais
repartir et d’autres...non.
Je me sens désormais très à l’aise dans ce Paris Pékin et
mes inquiétudes avant le départ, au sujet de mon âge, de la
très longue distance à parcourir, des différences de climat
et autres craintes se sont envolées au fil des kilomètres.
Le maillot de Cestas, devra rejoindre la Muraille de Chine
dans une quarantaine de jours.
L’entrée dans l’empire du milieu
Ces quatre premières étapes parcourues
en territoire Chinois, ont été, pour les cyclos et pour la
logistique, réalisées séparément.
En ce qui concerne les "pédalants", ces étapes ont constitué
le véritable premier contact avec la Chine et nous devons
dire que cette entrée en matière est prometteuse d’un séjour
exceptionnel.
Etape 83 : Jinghe - Kuytün
Vendredi 20 Juin 2008
Distance : 186 km
CHINE
Les
retrouvailles
Cette dernière étape, très longue, mais avec des hommes et
femmes en super forme s’est déroulée sans histoire. L’hôtel
Oriental International, haut de 22 étages, nous reçoit, avec
professionnalisme. Ici encore à 4 000 km de Shanghai, nous
découvrons une ville ultra moderne avec buildings, parcs,
fleurs, bâtiments publics superbes qui font réfléchir vraiment
sur le réveil de la Chine !
A 22h00, nos 7 véhicules, ornées de plaques d’immatriculations
chinoises, pilotés par des chauffeurs avec permis de conduire
chinois ! rejoignent les cyclotouristes pour la plus grande
satisfaction de tous : cyclotouristes et encadrants. Les retrouvailles
ont du bon !
Journée de repos
à Jinghe
Jeudi 19 Juin 2008
CHINE
La journée de repos dans un hôtel très confortable, permet
à tous de faire des emplettes et de l’apprentissage du Yuan
et des étiquettes incompréhensibles pour nous. La conversion
est facile : 10Yuans=1€. La vie ne nous paraît pas chère,
pour les achats courants.
Etape
82 : Bord du lac - Jinghe
Mercredi 18 Juin 2008
Distance : 140 km
CHINE
Rouler sur l’autoroute !
Notre troisième étape chinoise donne l’occasion de retrouver
l’autoroute, cette fois achevée et c’est sur la bande d’arrêt
d’urgence, avec un terrain favorable, en légère pente descendante
que nous rejoindrons Jinghe pour notre première journée de
repos. en territoire chinois. A droite, les contreforts de
l’Himalaya, attirent nos photographes et provoquent notre
admiration.
Etape 81 : Quingshuihézi - Bord du
lac
Mardi 17 Juin 2008
Distance : 90 km
CHINE
Un
chantier spectaculaire
La seconde étape chinoise sera bien différente quant au relief.
Il nous faut en effet gravir un col à plus de 2000m. Ce n’est
pas la pente qui nous pose problème mais un gigantesque chantier,
permanent du pied jusqu’au sommet du col. Et un chantier Chinois,
c’est vraiment un spectacle. Ici, rien n’est construit "petit
bras". A travers une gorge, traversée par un torrent, des
milliers d’hommes et d’engins construisent une autoroute deux
fois deux voies, sans interrompre un intense trafic de poids
lourds et de véhicules 4x4. Inutile de préciser que le passage
durant deux heures d’une caravane de cyclotouristes, a assuré
le spectacle, les hommes du chantier en parleront encore dans
50 ans. Impossible de tout voir et il faut être vigilant pour
ne pas oublier le dromadaire à côté du scraper, ou le pilier
de 50 mètres de haut, au pied d’une chaîne d’hommes, remontant
les pierres de la rivière pour réaliser des gabions.
Au col, pas de pancarte mais un panorama reposant avec un
grand lac, d’une vingtaine de Km de long sur cinq de large.
C’est au bord de ce lac, que nous passerons la nuit, sous
des yourtes dernières générations, posées ici pour les touristes
locaux, forts nombreux.
Côté logistique
Nous
avions déjà adopté l’heure Chinoise.
(Midi en Chine - six heure du matin en France). Au petit matin
déjà chaud, nous attendons. La frontière
est fermée chaque jour de 18h à 8h du matin.
Sous les yeux ahuris des personnels civils et militaires de
service, nous installons tables et tabourets et faisons chauffer
le café. Il est très tôt et déjà
le téléphone de Jean-François est en
action. Notre situation est expliquée. Nous savons
que toute la nuit, l’Ambassade de Chine en France, celle
de France en Chine, le Ministère de la santé
de la jeunesse et des sports, monsieur Lin et le siège
fédéral font l’impossible pour "arracher"
une décision favorable à notre entrée
en Chine.
Malgré tout, notre moral est excellent. Nous savons
que les cyclos continuent de progresser, sans assistance.
Par chance, ils ont dormis en hôtel lundi, avant de
regagner un camp de yourtes, mardi soir.
Chacun s’organise. Le camion frigo est branché
dans le poste des maîtres chiens. Un tournoi de belote
interne débute. Il faut attendre, encore attendre.
Midi : rations de survie et vodka, avec toast portés
à nos secouristes.
16 heures, tout le monde somnole. Un ordre arrive du camion
de commandement. En cinq minutes montre en main, le camp est
plié, rangé, nettoyé. Encore une dernière
péripétie pour récupérer les passeports
auprès du chef de la sécurité qui traîne
les pieds. Nous repartons en convoi vers la Chine promise.
Trop pressés, nous franchissons une ligne de stop.
Nous devons reculer. Il faut faire vite car la frontière
ferme inexorablement à 18h. Le feu vert est donné
et avec circonspection nous avançons. Cette fois la
procédure enclenchée semble irréversible.
Les véhicules passent sous la douche et sont radiographiés.
Encore quelques vérifications sur ordinateur, dans
un poste de douane flambant neuf et rationnel. La diplomatie
a joué son rôle.
CETTE FOIS, NOUS SOMMES CERTAINS D’ENTRER EN
CHINE.
Etape 80 : Jarkent - Quingshuihézi
(Chine)
Lundi 16 Juin 2008
Distance : 69 km
KAZAKHSTAN - CHINE
Changer de monde
Depuis le passage de la frontière, la différence entre le
Kazakhstan et la Chine saute aux yeux, d’une façon vraiment
surprenante. Rien que le poste de douane est déjà à l’image
de ce que souhaite démontrer cet immense pays. Des douaniers
et des policiers courtois, souriants et efficaces. Nous avons
même la possibilité de noter, sur un boîtier électronique,
la qualité du service du préposé au contrôle des passeports
! Les visas sont méticuleusement vérifiés et en quelques minutes,
si tout est conforme, les piétons ou cyclistes peuvent passer.
Nous changeons de monde. Arrivant d’un monde rural, nous sommes
plongés dans un espace urbanisé, une ville neuve et moderne.
Des centaines de grues de chantier, dénotent une activité
fourmillante. L’organisation méthodique de toutes les activités
humaines saute aux yeux. En un instant nous avons changé de
monde.
Il faut cependant pédaler et notre première étape chinoise
après un passage à la frontière sans difficulté, sera finalisée
par une réception officielle, avec discours, musique et danse.
Notre premier hôtel Chinois : nous avions oublié le confort
de l’eau chaude et du service au client.
Notre premier repas chinois également : l’apprentissage de
l’usage des baguettes commence.
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