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Etape 67 : Taraz - Talas
Dimanche 1er Juin 2008
160 km - Dénivelé : 855 mètres
Départ : 7h10 - Arrivée : entre 17h15 à
19h
KAZAKHSTAN - KIRGHIZISTAN "Il faut
oser, ou se résigner à tout" Tite
live
L’entrée en Kirghizie
Nous voilà déjà dans notre dernier pays,
avant la Chine ! Il faut se pincer pour y croire.
Après une fâcheuse erreur de parcours (+ 30 km),
nous sommes entrés rapidement dans le pays Kirghize,
et nous avons trouvé à la frontière notre
nouvel accompagnateur : Sacha, une homme jeune, Khirghize,
d’origine Russe qui sera notre guide durant notre passage
dans ce pays.
Le relief a changé et nous avons pu admier les nouveaux
paysages qui s'offraient à nos yeux : lacs et montagnes.
Un vrai régal.
Notre première nuit sera également plus fraîche,
car nous avons pris de l’altitude à plus de 1000
m. Nous sommes hébergés dans un camp de jeunes,
très acceptable, dont les chambres sont équipées
de 25 lits, c'est toujours mieux que de dormir par terre !
Notre témoin du jour est : Michel
Boog du Vélo Randonneur Cantonal de Roc Baron (83)
Var.
Après les steppes du Kazakhstan, nous nous attendions
à un changement de relief. L’étape de
la veille, nous laissait présager des étapes
escarpées. Au départ ce matin nous avons pour
commencer roulé dans la vallée en apercevant
les chaînes de montagnes à plus de 4000 m. Vallée
riche, transformée en plaine agricole fertile et besogneuse.
Le passage de la frontière s’est effectué
assez rapidement (2 heures). Nous roulons pour la première
fois de nos vies au Kirghizistan. Un arrêt pique-nique
au km 60, au bord d’une rivière au fort courant,
à l’ombre est très apprécié.
Sur ce site une source miraculeuse. La légende dit
que le fondateur du Kirghizistan est venu s’y désaltérer.
Nous avons tous bu et attendons les miracles.
Puis nous atteignons un barrage, en pleine opération
de lâchage d’eau, ce qui forme une gerbe étonnante,
avec un débit inimaginable. Nous avons compris pourquoi
la rivière du bas, était aussi tumultueuse.
Ce barrage, construit par l’URSS est placé sous
la protection de Lénine, dont le buste est sculpté
dans la montagne, n'aurait-il pas une certaine ressemblance
avec un pays de l'ouest... Un lac d’une vingtaine de
km, est retenu derrière le barrage. Quelques ressemblances
avec Serre Ponçon dans les Hautes-Alpes sont frappantes.
La montée est régulière. Les ovins
et les bovins sont très nombreux, dans les pâtures.
Premier changement visible les costumes : Les femmes sont
très souvent en rouge, la plupart des hommes portent
un chapeau assez haut en feutre blanc. L’accueil est
chaleureux et bon enfant. Sur les 50 derniers kilomètres
nous avons du subir quelques petits orages et comme nous sommes
en altitude, il fait nettement plus frais : 23° dans l’après
midi. Notre arrivée dans un camp de jeunes, en pleine
fôret, met un terme à une première journée
fort attrayante malgré sa longueur.
Etape 66 : Risqulov - Taraz
Samedi 31 Mai 2008
102 km - Dénivelé : 450 mètres
Départ : 7h15 - Arrivée : 14h30
KAZAKHSTAN
"Faîtes que le rêve dévore
votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve"
Antoine de Saint Exupéry
Fin du premier acte Kazakhstanais !
Cette dernière étape très vallonnée,
était splendide. Après le pique-nique, la chaleur
aidant, nous avions tous hâte de regagner notre hôtel.
Quelques coups de chaleur, pour certains, ont permis à
l’ambulance suiveuse toute neuve, de montrer sa réactivité
et son efficacité. Une nuit réparatrice et fraîche
devrait faire oublier ces petits malaises. Rien de bien grave
naturellement et notre service médical a été
mobilisé.
Taraz est une grande et belle ville. La mairie a fait le nécessaire
pour nous montrer son meilleur visage. 4 autocars ont été
mis à notre disposition pour visiter un splendide mausolée
à une vingtaine de kilomètres de la ville, puis
la municipalité a organisé pour nous une cérémonie
officielle au cœur de la cité, devant des centaines
de jeunes. Nous avons tous apprécié et nous
garderons un excellent souvenir de notre premier passage au
Kazakhstan.
Demain nous passons au Kirghizistan et nous reviendrons, pour
quelques jours au pays kazakh le 12 Juin. Nous avons débuté
notre périple par l’ouest du pays, la partie
la plus rude. La boue, la pluie, la chaleur, la piste, les
hébergements sommaires, toutes ces conditions, normales
dans ce genre d’expédition et déjà
vécues, ont fait que nous avons trouvé au sud,
des conditions bien meilleures et donc apprécié
ce «confort» relatif. Le Kazakhstan, où
nous avons séjourné une vingtaine de jours et
avons pédalé sur près de 2000 km nous
a beaucoup donné, nous sommes persuadés que
ce très grand pays, qui, assez rapidement prendra son
envol économique à n’en pas douter, restera
un excellent souvenir. Le tourisme n’existe pas, ce
qui présente beaucoup d’avantages et quelques
inconvénients. Un exemple : en arrivant à chaque
hébergement, la première demande avant même
d'entamer un dialogue, est : «Il faut me payer».
Aussi notre chef d'expédition grand négociateur
devant l'éternel arrive toujours à ses fins,
lui aussi, et tout s'apaise en réglant en cash ! La
carte visa a de l’avenir ici.
Depuis le départ de Paris : 7 502 km parcourus
et 30 361 mètres de dénivelé
Etape 65 : Shimkent - Risqulov
Vendredi 30 Mai 2008
82 km - Dénivelé : 850 mètres
Départ : 7h - Arrivée : 12h30
KAZAKHSTAN
"On
court vers quelque chose, on trouve autre chose. On court
vers quelqu’un, on trouve soi"
Jacques Salomé
La douceur avant l'assaut
Il fait beau, frais en début de matinée, la journée démarre
bien. La campagne est verdoyante, les villages fréquents.
Au loin à plus de 100 km nous apercevons de hautes montagnes,
aux sommets couverts de neige. Ce sont les montagnes kazakhs
et Kirghizes. Ce jour s'est égrené en douceur avec des variations
de 400 à 850 mètres d’altitude, ce qui n’est pas du tout déplaisant.
L’étape étant courte, nous avons déjeuné directement dans
notre hébergement qui était prévu pour la nuit. Nous sommes
dans une maison de convalescence et de repos en activité,
au milieu des arbres, entourée d'eau et… nous dormirons enfin
dans de vrais lits ! Nous bénéficierons d'une douche et d'un
WC pour 4 personnes, un "5 *****" kazakh, d'ailleurs certains
préfèrent même ce type d’hébergement à l’hôtel classique.
Notre chaude après-midi sera consacrée au massage, au coiffeur
et au repos. Encore un havre de paix. Tout le monde semble
très satisfait.
Notre
témoin du jour est :
Odette Galvaing du club : Boucles de l’île de France de Meudon
la Forêt dans les Hauts de Seine (92).
Vous faites partie de l’équipe logistique de cette expédition,
pouvez vous nous préciser quel est votre rôle exact :
Nous sommes une équipe de trois personnes, Brigitte, Jean-Claude
et moi-même et nous devons assurer l’intendance des 116 participants.
Lors d’une journée ordinaire : dès le matin avant le départ
nous fournissons aux cyclos la boisson nécessaire pour la
matinée. Puis nous remplissons notre véhicule frigo des pique-niques,
préparés, soit par nous la veille, soit par le restaurateur.
Ces repas froids sont conservés dans le véhicule frigo jusqu'à
l'heure du déjeuner et ensuite distribués aux participants.
A l’arrivée de l’étape, notre véhicule est à la disposition
des cyclos assoiffés et chaque jour, durant les grandes chaleurs
nous avons distribué en moyenne plus de 600 litres de boissons
: eaux pétillantes et plates, coca et Pepsi, jus d’orange,
bières, jus de fruits. Chaque participant peut consommé chaque
jour une boisson gratuite, toutes les autres boissons sont
payantes et il utilisera pour les payer une carte spécifique
boissons équivalente à 30 consommations dont l'acquisition
lui en coûtera 15 euros soit 0,50 centime la boisson. Il ne
s’agit pas de faire du commerce mais d’apporter un service
aux participants.
Nous devons également en cas de préparation des repas par
nos soins, acheter les ingrédients et les préparer pour le
dîner du soir, le petit déjeuner et le pique-nique : le pain
notamment 2OOO tranches sont nécessaires,etc. il faut tout
de même pour assurer 348 repas par jour. Nous essayons de
varier les menus et nous devons adapter ceux-ci selon les
disponibilités des commerçants locaux, des pays traversés,
en ville pas de problème, en campagne, il faut parfois acheter
dans 10 boulangeries le pain nécessaire.
Notre volonté est que «nos» participants mangent le mieux
possible, le plus possible, en variant nos préparations et
en gardant le sourire. A ce jour et à notre connaissance personne
n’est mort de faim.
Repos bienfaiteur à Shimkent
Jeudi 29 mai 2008
KAZAKHSTAN
"Ce
qui fait l’intérêt d’un voyage ce sont les questions que l’on
emporte, dont on est poursuivi, et qui vont se résoudre par
le spectacle des lieux et des hommes"
Frédéric Ozanam
Les jours de repos dans une telle expédition,
permettent vraiment de respirer, de traîner ou de se retrouver.
Celle-ci ne fera pas exception. Ecole solidaire, visite de
la ville, réception officielle, sieste, lessive, soins...
Tout est possible, rien n’est inéluctable pour les cyclos.
La preuve : Gérard Muller, notre non voyant, militant estimé
pour ses actions en faveur des victimes de cet handicap, a
rencontré, le secrétaire général et quelques membres de l’association
locale des aveugles. Grâce à cette visite émouvante à l’extrême,
les kazakhs ont découvert, la roulette. La roulette est une
petite pièce fixée à l’extrémité de la canne blanche et qui
permet de "sentir" avec la plus grande des délicatesses, le
sol et ses obstacles. Selon les spécialistes, cet accessoire
transforme la vie des handicapés. Désormais les non voyants
kazakhs, vont adopter cette fameuse roulette. Si Paris-Pékin,
ne remplit que cette action humanitaire, il aura déjà fait
oeuvre utile et solidaire.
Dans
trois jours nous quitterons le Kazakhstan, pour entrer au
Kirghizistan. Nous frôlerons l’Ouzbékistan. Tous ces pays
qui ont la même terminaison, aux noms bizarres : le Tadjikistan,
le Turkménistan et l’Azerbaïdjan un peu plus à l’ouest font
désormais partis de notre mémoire géographique et nous pouvons
maintenant les désigner sans honte d'ignorance sur une carte.
Dans notre leçon quotidienne de vie, notamment sur la géographie,
l’histoire, la sociologie, l’architecture, la gastronomie,
l’agriculture, le fil rouge reste notre vie communautaire.
Dans tous les cas, notre voyage aura appris à chacun de nous,
beaucoup de choses, d’abord sur lui-même et peut être sur
les autres. Rien que pour cette découverte, cette expédition
était fort utile. Qui a dit que l’apprentissage était réservé
qu'aux novices ?
Etape 64 : Tortkol – Shimkent
Mercredi 28 Mai 2008
92 Km - Dénivelé : 461 mètres
Départ : 7h - Arrivée : 14h30
KAZAKHSTAN
Le retour des fleurs !
L’étape assez courte est une des plus agréables de la semaine
car un léger dénivelé vient rompre la relative monotonie des
étapes précédentes et colorée par des multitudes de fleurs.
Des fleurs oui à tous les niveaux, dans le musée du plus grand
champion de sport de force du pays, où son village natal a
érigé un bâtiment spécialement à sa gloire, et présente ses
multiples médailles, coupes et autres récompenses, glanées
par lui dans le monde entier. Puis dans la nature, plus pimpantes
que jamais. (voir l’article ci-dessous) et enfin celles qui
nous ont été offertes, en arrivant sur le territoire de Shimkent
(la 2ème ville du Kazakhstan). Petite leçon de choses, les
fleurs étant à l'origine de la conception du miel, nous avons
croisés, de très nombreuses marchandes de cette merveilleuse
production, toutes situées sur le côté droit de la route,
en sortant de la ville. Pourquoi me direz-vous! Parce que
ce produit ne s’achète qu’en partant, jamais en entrant !
Allez donc savoir !!!
Notre
témoin du jour est :
Jean-Jacques Marck de Lautenbach-zell dans le Haut-Rhin (68).
Vous roulez avec votre femme Pierrette, quels sont les avantages
de rouler en couple ?
Nous sillonnons l’Europe à vélo depuis des décennies et des
habitudes se sont forgées au fil des ans. Partager la même
passion est un luxe rare que j’apprécie à sa juste mesure.
Dans les moments un peu difficiles, nous pouvons nous remonter
le moral et je ne me serai jamais engagé seul dans une telle
aventure ! Pour de simples raisons de complicité. Il est agréable
de pouvoir partager les moments de bonheur et de s’épauler
lorsque les temps sont plus durs.
Depuis Paris, je m’amuse à photographier tout ce qui ressemble
à une fleur afin de raconter le "Paris-Pékin" par les fleurs.
J’ai particulièrement été comblé lors de cette étape puisque
quelques variétés de choix sont venues s’ajouter à ma petite
collection : des centaurées, des liserons, la chicorée, le
coquelicot et la merveilleuse rose trémière sous ses plus
fastueux coloris.
Je souhaitais enfin, transmettre à tous, ce que je cherchais
depuis longtemps :
Pourquoi Le croissant de lune est-il le symbole de l’Islam
?
J’ai eu la chance, hier, de rencontrer un professeur d’université
spécialiste dans la littérature Turque. Il nous a éclairés
sur ce sujet : au douzième siècle, lors d’une bataille particulièrement
meurtrière remportée par les Turcs, le sang de l’ennemi (les
croisés ? Notre interlocuteur sans doute par pudeur disait
ne plus se souvenir) coulait tellement que même la lune et
les étoiles se reflétaient dans cet océan. Les Turcs décidèrent
alors d’apposer le croissant et l’étoile sur leur drapeau
ce qui n’avait pas grand-chose à voir à priori avec l’Islam
né cinq siècles auparavant. D’autres pays musulmans ont suivi
cet exemple et petit à petit le croissant de lune est devenu
le symbole de l’Islam.
Notons par ailleurs que la petite viennoiserie, le fameux
"croissant" serait né à Vienne inventé par un boulanger de
génie au 18ème siècle où la Turcomanie était fortement à la
mode : La marche turque chez Mozart, le grand Mamamouchi chez
Molière !
Henri Dusseau, qui a retrouvé avec satisfaction "son" Ivéco
avec un embrayage neuf.
Etape 63 : Turkistan - Tortkol
Mardi 27 Mai 2008
72 km - Dénivelé : 67 mètres
Départ : 7h 10 - Arrivée : Entre 11h30 et 12h30
KAZAKHSTAN
L’eau
c’est la vie
Rarement une évidence, vieille comme le monde, n'a été aussi
vécue sur le terrain.
Nous partons à la fraîche de Türkistan (50000 habitants) en
observant la vitalité de cette cité. Constructions neuves
par centaines, immeubles et supermarchés fleurissent dans
la banlieue. Cette ville qui vit au rythme d’un Islam modéré,
possède son université où des étudiants de très nombreux pays
musulmans viennent étudier. L’hôtel, de bon confort, où nous
avons passé la nuit, est d’ailleurs la propriété de cette
institution.
Du
désert d’hier, nous nous dirigeons lentement en direction
de l’Ouzbékistan, ses hautes montagnes et sa capitale Tachkent.
Le fleuve Arys en arrose largement sa vallée qui s'étend sur
des centaines de km. Sur ses berges, grâce à de nombreux canaux
d’irrigation, il alimente les plantations de toutes sortes
et ses populations, l’herbe tendre y pousse naturellement
et nourrit de nombreux troupeaux. Par cette diversité agraire,
les métiers ruraux sont légions : Vendeurs et réparateurs
de machines agricoles, vendeurs d’engrais, de semences, vétérinaires,
tondeurs de moutons, aiguiseurs, etc. Tout le monde peut travailler
et vivre au pays, les enfants, à leur tour, engendreront d’autres
activités. Les maisons bien alignées, avec des portails de
couleurs vives : Bleu : un Kazakh fier de son drapeau, vert
: un musulman qui a réalisé son pèlerinage à la Mecque. Grâce
à son développement, la société de consommation commence à
poindre son long nez.
Ce soir nous retrouvons notre gymnase habituel, mais cette
fois ci rien que pour les hommes "célibataires", d’autres
pièces sont réservées pour les couples, une spécifiquement
pour nos amazones "seules" et enfin une dernière pour l’encadrement.
L'eau c'est la vie… si nous l'avions eue nous aurions été
totalement aux anges.
Demain sera une autre histoire.
Notre
témoin du jour :
Danielle Haboury du Vélo-club d’Annecy en Haute Savoie (74).
Après deux mois de route, je suis toujours en super forme,
je n’éprouve aucune fatigue et j’apprécie de jour en jour
ce voyage, ou depuis plusieurs étapes nous vivons très proches
des Kazakhstanais.
Ce matin même, nous avons fait une halte dans une superbe
et rarissime maison. Ancienne propriété d’un riche agriculteur
transformée en restaurant. Sur la terrasse, nous avons pu
savourer notre thé brûlant, assis sur des sofas en contemplant
le plafond en bois sculpté et dont les murs étaient couverts
de fresques peintes et en céramique. Une merveille insoupçonnable.
J'ai trouvé la population d’une extrême gentillesse, toujours
accueillante. L’offrande est naturelle au Kazakhstan. Je pense
que notre visite est vraiment ressentie comme un honneur pour
ces populations qui, pour la plupart, n’ont jamais rencontré
d’étrangers. Ils n’ont pas peur, bien au contraire, ils sont
curieux de nous voir, en groupe sur nos machines un peu étranges
!
Surprise aujourd’hui, pas d’eau courante dans notre gîte,
mais douche dans un local alimentée toute l’année par de l’eau
de source très chaude. Un vrai régal.
Je savais et j’espérais faire en compagnie de mon mari Jean-Marie
un voyage inoubliable, je constate avec plaisir et simplicité
que mon espérance devient réalité !
Etape
62 : Jangaqorgan - Turkistan
Lundi 26 mai 2008
129 km -
Dénivelé : 983 mètres
Départ : 7h00 - Arrivée : 16h00
KAZAKHSTAN
Steppe désertique
Nous quittons notre oasis rafraîchissant à regret car nous
savons que 11 Km de piste nous attendent dès le premier mètre.
Nous devons en effet revenir par la piste empruntée hier soir
! Il fait chaud mais le soleil est voilé et c’est très supportable.
En revanche la poussière pose problème. Un cyclo essaye le
masque ! Chacun fait comme il peut. Le vent encore présent
rafraîchi, mais il est face à nous, tant pis il faut y aller.
Chacun, dans son groupe autonome, avec ses moyens et sa forme,
pédale à son allure. Nos éternels baby-sitters se sont adaptés
à nos exigences : sécurité, convivialité, solidarité. Aujourd’hui
nous traversons une steppe désertique. Pas une once
d’ombre, pas un arbre : grandeur, beauté et souffrance du
désert sont à notre menu et c’est "je t’aime, moi non plus
!" Un peu de vallonnement est apprécié, car il permet le changement
de position sur le vélo.
Les étapes plus courtes, des hébergements bien préparés, une
nourriture abondante, nous aident énormément à traverser le
Kazakhstan qui restera, sans nul doute, un des monuments forts
de notre folle histoire.
La logistique, Jean-François en tête, Brigitte, Andreï et
Jean, sans humeur, sans tintamarre mais avec une réelle efficacité,
ont réglé le problème Ivéco. Jeudi ou vendredi, la camionnette
devrait être réparée ! Mais que de labeur !
Ce soir nous sommes à Turkistan, troisième lieu sacré de l’Islam.
Le musée sera exceptionnellement ouvert jusqu’à 20 heures
pour notre groupe. Deux bons hôtels vont nous permettre de
recharger les batteries durant la nuit.
Notre témoin du jour :
Christian Robin du club de Saiguede en Haute Garonne (31).
Après 7 000 km dont près de 2000 au Kazakhstan, je découvre
sur le terrain le résultat de mon travail et de mes recherches
réalisés sur ce pays. En effet c’est avec bonheur que je retrouve
la steppe, sa grandeur et son immensité. Depuis notre arrivée
dans le sud, la proximité du fleuve Syr Daria, apporte la
fraîcheur nécessaire à l’éclosion d’une nature riche en verdure,
celle-ci nous procure une sensation de bien-être, fort appréciée,
sous cette forte chaleur (42°)
La sympathie et l’enthousiasme des populations font plaisir
à voir et les habitants se dévouent corps et âmes, pour nous
procurer, un accueil et des spectacles folkloriques appréciés
de tous. Les chants traditionnels, bien que diffusés, parfois,
avec une sono beaucoup trop puissante, montrent, de mon point
de vue, toute l’ambition et la volonté pour ce jeune pays,
d’arriver le plus rapidement possible à un niveau de vie socio-culturel
semblable à l’Europe. Cette détermination populaire va dans
le sens des slogans officiels : Kazakhstan 2030 !
En ce qui me concerne j’attends avec impatience notre entrée
dans le prochain pays : La république Kirghiz, car je souhaite
découvrir la haute montagne, dans un environnement naturel,
l’habitat traditionnel, les yourtes et le deuxième plus grand
lac d’altitude au monde (1650 m) le lac Issy Köl.
Venu sur ce périple pour y découvrir une aventure sportive
et humaine, je suis comblé. De loin l’aventure humaine est
la plus formidable et la plus enrichissante. Je découvre,
chaque jour, de nouvelles facettes avec mes compagnons de
route et quelques unes me concernant aussi, je me découvre
! La vie « Spartiate » nous ramène à des bases de vie essentielles.
Ce voyage, modifiera, dans tous les cas, mon approche des
autres et mon comportement futur, tant auprès de ma famille
qu’auprès de mes collègues de E.A.D.S. (du moins je l’espère).
Etape 61 : Shiyelli - Jangaqorgan
Dimanche 25 Mai 2008
78 km - Dénivelé : 283 mètres
Départ : 7h20 - Arrivée : 13h00
KAZAKHSTAN
L’oasis.
Nous n’imaginions pas que cette étape courte et plate serait
assez difficile. Il faut toujours tenir compte, en Asie de
deux éléments essentiels : Le vent et la qualité de la route.
Ces deux variables ont fortement influencé les 15 derniers
km de notre étape quotidienne. En effet une piste poussiéreuse
et rugueuse et un vent violent de face, ont rendu le final
assez délicat pour les moins en forme. Accessoirement, nous
franchissons les 7 000 km !
Un sérieux coup de chaud, pour un participant a permis de
vérifier la réactivité des médecins et de l’infirmière. Ils
ont fait le nécessaire pour soigner en toute urgence le garçon
concerné. Demain il repartira, sans difficulté.
Autre
tracas sérieux. L’un des deux "véhicules-bagages" a cassé
son embrayage. Aucun garage dans notre village étape. Du coup,
le camion de Jean-François va remorquer le véhicule en panne
jusqu’à Shimkent (grande métropole) située à 280 km. Nous
espérons trouver un garage compétent, qui devra se faire livrer
le disque d’embrayage en provenance d’ Almaty (1000km) puis
réparer. Impossible de savoir si le véhicule sera disponible
rapidement.
L’expédition continue bien entendu avec un véhicule en moins,
ce qui pose évidemment des problèmes délicats. Les solutions
adoptées doivent prendre en compte la sécurité, les possibilités
techniques des autres véhicules, et la mise à disposition
du matériel et des bagages indispensables à chaque étape.
Nous gérons avec sérieux et dans la bonne humeur, comme il
se doit. Tous les cyclos, sont loin de ces vicissitudes et
profitent largement de la fraîcheur d’un centre de vacances,
au milieu d’une oasis.
Naturellement, en ce dimanche particulier, à plus de 7 000
km, de leur famille, les participants ont tous eu une pensée
émue pour leur maman, voire leur belle maman !
Notre
témoin du jour :
Alain Roger du club cyclotouriste de Boigny sur Bionne (45)
Loiret, demeurant à Chécy.
Pour moi cette étape, avec vent favorable au départ et défavorable
dans le final, sans compter une piste poussiéreuse et caillouteuse
satisfait mon goût de l’aventure.
Pour
le reste, je suis très content du déroulement de cette expédition.
Il y a des jours difficiles, d’autres moins, des hébergements
sommaires, d’autres plus luxueux, nous nous adaptons au jour
le jour. Dans mon groupe (vert) je me suis fait de nouveaux
copains, l’entraide est de mise, la rigolade aussi, je suis
à l’aise et en pleine forme physique et morale.
Je découvre pour la première fois les 12 pays traversés, tous
très différents les uns des autres. Le style de vie également
et c’est ce qui rend ce voyage passionnant. Nous devons nous
adapter quotidiennement car les saisons sont changeantes,
nous passons de l’hiver à l’été, de mars à fin mai.
Habitué dans l’Orléanais à des terrains relativement plats,
et pédalant, en grande partie sur des routes peu pentues,
je suis vraiment à l’aise et ne fais pas trop d’effort avant
la montagne du Kirghizistan, que nous allons aborder dans
une semaine. Je regrette de n’avoir pas à mes cotés mon épouse
Marie-Jeanne et mes amis du club de Bobigny avec qui j’ai
parcouru la Birmanie et le Vietnam.
Etape
60 : Kizil Orda - Shiyelli
Samedi 24 Mai 2008
132 km - Dénivelé : 236 mètres
Départ : 7h00 - Arrivée : 16h15
KAZAKHSTAN
Une journée ordinaire ?
7h00 du matin. Il est 3h00 en Europe de l’ouest. Le peloton
prend la route, requinqué, reposé, propre et souriant. Cette
journée de repos, très appréciée, a permis à tous les organismes
de s’adapter à la grosse chaleur. 90 Km seront avalés avant
midi. Le groupe profite de quelques arbres pour consommer
le pique-nique et prendre une heure trente de farniente.
La
route est goudronnée, rugueuse, droite. L’environnement reste
la steppe sablonneuse, avec çà et là, quelques points d’eau
où des troupeaux viennent profiter de la fraîcheur. Le peloton
groupé arrive à l’hébergement à 16h15. Nous utilisons ce soir
un camp de jeunes. Il s’agit d’un internat permettant aux
enfants de la ville voisine, de profiter d’un "centre aéré".
Des chambres avec 16 lits ! Et cela nous paraît un luxe –
le lit – pas d’eau courante, les toilettes rudimentaires dans
la cour. Un bain russe fera l’affaire pour l’hygiène et le
folklore.
Le personnel du centre se dévoue sans compter, pour nous préparer
le dîner, le petit déjeuner et le pique-nique du lendemain.
La quasi totalité du personnel, des femmes en majorité, n’a
jamais vu "en vrai" des Français, ce qui provoque des rires
et des regards complices. Tout le monde exige de se faire
photographier avec "un Français, un vrai", mais le tout avec
une gentillesse extrême et une efficacité ordonnée.
Tout
compte fait cette journée, que nous pensions ordinaire, est
comme chaque jour une ouverture au monde, un partage d’humanité.
Aujourd’hui encore, nous sommes au cœur de notre identité
de cyclotouriste et cela est formidable.
Notre
témoin du jour est :
Ernest, dit Netti Mauron, de Marly, canton de Fribourg (Suisse)
Je suis parti du connu pour aller vers l’inconnu, et j’ai
eu vraiment l’impression de commencer le voyage à partir de
Volgograd (Russie). Jusque dans cette ville, je me sentais
en Europe et à partir de cette cité tout a changé, de mon
point de vue. Les paysages, steppes immenses, inconnues en
Europe de l’Ouest, visages et comportement vraiment différents
de mes balades antérieures. L’impression de me trouver au
milieu de rien ! Habitué à prendre des films, tout me semble,
à première vue, identique. Cette impression est vite oubliée
quand je rentre dans le détail des choses, de la flore ou
de la faune. Ce qui m’intéresse beaucoup est la recherche
des visages des enfants, des hommes et des femmes qui, si
l’on y prête attention, sont des visages de la vraie vie.
J’ai beaucoup apprécié les manifestations folkloriques et
voir danser, au milieu de la steppe, des groupes de jeunes
filles en tenue d’apparat, m’a semblé complètement hors du
temps et superbement surprenant. Mon livre de chevet pendant
ce voyage est : L’usage du monde de Nicolas Bouvier (édition
Payot). Chaque soir, je me délecte de quelques phrases ou
d’une moitié de chapitre. Je vous en cite une : "Un voyage
se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit
à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt,
c’est le voyage qui vous fait ou vous défait."
Repos
à Kizil Orda
Vendredi 23 mai 2008
KAZAKHSTAN
Enfin..
un repos salvateur
Disons
le tout net, ce jour était attendu, espéré et bienvenu. Les
cyclotouristes, les encadrants, tous les matériels roulants,
sans compter les vêtements et les accessoires avaient besoin
de faire le point.
Nous avons tous retrouvé avec délice un vrai hôtel avec même
de l’eau chaude, de la climatisation, et de la propreté !
Chacun a donc vécu à sa façon. La majorité des cyclos à l’économie
!
Seules les machines à laver de notre hébergeur ont tourné
à plein régime, au point de retrouver le linge des 116 participants,
certes propres mais… en vrac sur le plancher d’une pièce !
Le tri fera parti de nos instants inoubliables. Seule une
chaussette et une casquette n’ont pas retrouvé leur propriétaire
d’origine.
L’intendance a fait le plein de boissons pour les jours à
venir et le mécanicien Claude a travaillé comme un fou, pour
changer une soixantaine de chaîne sur les vélos. Tous ont
été lavés, graissés, entretenus, par leur utilisateurs.
Les 7 véhicules ont retrouvé physionomie leur pimpant du départ
et les dégâts d’une route chaotique ont été réparés.
L’opération école solidaire, une fois encore, sous la noulette
d'Yves-Marie, a été mené à bien et a servi de lien entre les
jeunes. Moments forts et émouvants.
La visite de la ville en autocar, proposée par la mairie n’a
pas eu lieu, faute de clients. Il faut dire que cette grande
ville, n’est pas un haut lieu d’un tourisme qui n’existe pas.
En revanche une quinzaine d’amateurs ont goûté aux délices
d’une piscine kazakh.
Le cyber café, a été envahi, et des milliers de messages sont
partis pour l’Europe. A 18h, la chaleur ayant diminué, beaucoup
sont allés au spectacle musical et folklorique. Danseuses,
chanteurs, chanteuses et instrumentistes en costume de parade
donnent un récital émouvant et sans fantaisie. Le spectacle
fait manifestement partie de la vie. En supplément de programme,
notre interprète Andreï Ivanov, au piano, nous fascine par
quelques airs de musique classique.
Tout le monde s'endort avec ses rêves, il est 22h.
Le
témoin du jour est :
Pierre Orset du cyclos Club de Saulieu (21) Côte d’or.
Pour moi aussi j’ai attendu cette journée avec impatience.
Nous avons franchi près de 7 000 km en 60 étapes. Notre organisme
avait aussi besoin de récupération, car notre adaptation a
la grande chaleur nécessite un comportement particulier, notamment
en buvant énormément. Nous donnons du temps au temps, et la
sieste est vraiment réconfortante. J’ai également beaucoup
écrit, à la famille et aux amis, car je vais bien, de mieux
en mieux même. Quelques courses, feront l’objet d’une balade
en ville, sans oublier le concert habituel.
La journée de repos, fait aussi partie de notre expédition.
Mon rêve se poursuit. L’aventure humaine aussi, et une grande
dose d’humilité et de sagesse sont indispensables pour éviter
les simples problèmes de la vie communautaire. Peu habitué
à vivre avec 115 collègues 24h/24, je découvre avec philosophie
le comportement des hommes ! C’est une surprise !
Etape
59 : Jalaghash – Kizil Orda
Jeudi 22 Mai 2008
80 Km - Dénivelé : 126 mètres
Départ : 7h - Arrivée : 14h
KAZAKHSTAN
Toujours
la chaleur
"Il est de la nature de l’homme de dépasser sa nature Maurice
Zundel"
Il nous faudra encore deux ou trois jours pour assimiler les
effets de la chaleur brutale. Nous essayons donc de rouler
le matin à la fraîche ! Et nous avons sorti les "camelback"
(réservoir d’eau de 3 litres porté sur le dos). Il faut beaucoup
boire, 5 litres minimum sur 80 km. Un oubli est vite sanctionné
et la vigilance est de mise.
Nous traversons aujourd’hui une région relativement verdoyante,
les arbustes ont remplacé la steppe désertique et ce décor
est beaucoup plus agréable. Des fleuves traversent le sud,
et manifestement la région est nettement plus riche qu’à l’ouest.
Les villages, sans être coquets sont organisés et structurés.
Encore des rizières, et d’énormes silos dans la campagne.
Nous arrivons
aussi sur des terres où la
Turquie a laissé ses empreintes depuis des siècles : coutumes,
nourriture, vêtements. Imperceptiblement les Mongols purs
et durs se sont mêlés aux Turques et ont adopté une partie
de leurs habitudes.
Nous
arrivons tôt a l’hôtel, car après huit jours de "baroud" dans
la steppe, les mots : douches, lit, WC, propreté, coiffeur,
cyber-café, deviennent voluptueux à nos oreilles ! Nous allons
tous en profiter et demain dans notre ville-étape de 250 000
âmes les "Paris Pékin", vont croiser bras et jambes !
Notre
témoin du jour est :
Joël Gaborit , du C.T. Rambouillet (78) Yvelines.
Capitaine du groupe jaune, quelles sont vos impressions après
60 étapes ?
Après
deux mois de route et de vie commune, une certaine tension
est présente : la fatigue, la chaleur, la vie en commun, la
promiscuité dans des hébergements sommaires, tout cela permet
de mesurer
la réelle valeur des participants. La théorie de convivialité
permanente, de solidarité totale vécue au quotidien n’est
plus livresque mais pratique !
Sur le plan sportif, cette expédition est relativement facile
en tous les cas pour moi. Mon groupe tourne bien. L’organisation
générale est vraiment faîte pour satisfaire au mieux les besoins
généraux. Moi qui adore l’imprévu et les situations difficiles,
je suis servi et à la limite la fin du voyage arrivera déjà
trop vite !
Sans jour de repos, dans de bonnes conditions matérielles
notre expédition serait probablement invivable. Cette respiration
quasi hebdomadaire est devenue indispensable pour l’équilibre
de tous et de chacun.
Depuis l’Ukraine, le paysage est assez monotone, plat et répétitif.
L’itinéraire choisi a voulu éviter les difficultés, la montagne
à venir nous apportera des paysages grandioses.
J’observe avec attention depuis des semaines la vie des gens
: Je me demande si les personnes rencontrées, toujours souriantes,
propres, attentives, sont conscientes de vivre une vie qui
nous semble très difficile, en tous les cas pour nos standards
habituels.
Je suis surpris aussi par les contrastes de vie : pas d’eau
courante, mais des DVD dans les maisons ! pas de chemin goudronné
et une antenne parabolique ! Beaucoup
de marche à pied, avec le téléphone portable vissée à l’oreille
! Que de sujets de réflexions !
Le rôle de Capitaine n’est pas évident tous les jours et je
dois m’adapter avec chacun. J’ai quelques problèmes avec les
individuels "forcenés". J’essaye de faire au mieux, conscient
de ne pas toujours pouvoir faire tout et son contraire !
Etape
58 :
Josali - Jalaghash
Mercredi 21 Mai 2008
94 km
Dénivelé : 454 mètres
Départ : 7h10
Arrivée : 15h
KAZAKHSTAN
Les
rizières du sud
Cette journée, relativement courte en km, s’est révélée cependant
assez pénible. La chaleur, bien sûr, mais aussi des petits
soucis pour quelques cyclos, touchés par un "virus" qui les
embarrasse coté digestion. Le plan papier est opérationnel
! Et les rizières toutes proches
peuvent
être un réconfort pour les plus fragiles avec le produit fini
!!!!!! Dans ce sud que nous découvrons, notre
étonnement vient des cultures.
Un fleuve qui désormais recommence à se jeter dans la mer
d’Aral, permet, grâce à un réseau d’irrigation complexe, d’ensemencer
des centaines d’hectares de rizières. L’impression, steppe
désertique côtoyant rizières inondées, est vraiment surprenante.
Ce soir, encore nous sommes hébergés dans une école, avec
gymnase. Grand luxe car nous avons des douches, et 6 pommes
d’eau à se partager.
Notre
témoin du jour :
Michel Cabart du club de l’amicale des anciens du tour cyclotouriste
et demeurant à Peisey Nancroix en Savoie (73).
Aujourd’hui je roule en solo, car mon
compagnon de tandem Gérard Muller a été victime d’une petite
fatigue. Demain il sera de retour sur la route. Je prends
conscience que pédaler sur ce type d’engin est plus difficile,
plus d’efforts pour moins de rendement, seul sur mon vélo
pour la première fois depuis le départ de Paris, cette étape
de 94 km m'a paru très facile.
Par ailleurs rouler en solo change la position dans le groupe
: Je passe un peu partout, je fais de nouvelles rencontres,
je me sens très libre et très léger. Aujourd'hui, j’ai même
pu rouler près de ma femme Odile, ce qui est plus difficile
avec un tandem.
En tandem nous évitons de subir l’effet de peloton pour que
Gérard puisse échapper au stress du aux voisins proches. Derrière
je garde une bonne visibilité,
pour éviter les pièges de la route. L’objectif du tandem étant
d’arriver à Pékin en pleine forme
et sans accident. Après deux mois de vie communautaire
je persiste dans ma chance de réaliser cette extraordinaire
randonnée. Même dans les
difficultés présentes ou passées je trouve des raisons d’être
heureux et je peste violemment contre les quelques "jamais
contents" qui peuvent perturber, de temps à autre la vie d’un
groupe, majoritairement exceptionnel.
Les
notions de solidarité et de convivialité, fondements de la
FFCT, se retrouvent, tous les jours, dans les gestes anonymes,
les attentions à l’autre et cela à l’abri des regards et des
photos.
Si c’était à refaire, je le referais sans réfléchir.
Etape 57 : Toréttam (BaÏkonour) -
Josali
Mardi 20 Mai 2008
85 km - Dénivelé : 259 mètres
Départ : 8h30 - Arrivée : 16h30
KAZAKHSTAN
QUE CALOR !!!
Nous
n’avons pas impunément voyagé en train l'équivalent d'un Paris-Avignon,
sans noter immédiatement des différences notoires. La première
qui nous interpelle au premier coup de pédale c'est la chaleur
! Et quelle chaleur : 38°C au soleil! Et à l’ombre me direz-vous,
c’est pareil car ce mot n’existe pas en langue kazakh. Il
faut désormais compter avec cette nouvelle donne. Nous savons
que cet état climatique sera notre compagnon de route pour
encore de longues étapes.
En début d’après midi nous nous arrêtons, pour le pique nique
au km 63. A cet endroit précis nous quittons la steppe désertique
pour des grands bâtiments construits en terrasse qui offrent
un curieux décor. Il s’agit d’un imposant musée érigé en faveur
de Korkyut. Peut-être ignorez-vous qui est ce personnage ?
Il s’agit de l’homme, qui selon la légende kazakh, a inventé
la musique. Il exerçait la
médecine et soignait ses patients en leur faisant écouter
de la musique. Il était, dit-on, mais cette information n’a
pu être vérifiée, contemporain de Jésus-Christ. Avant notre
arrivée, nous avons croisé notre première mini tornade, qui
est venue du diable vauvert, a traversé brusquement la route,
et a bousculé un cyclo qui a chuté sans gravité. Puis elle
a continué son bonhomme de chemin, en sautillant de façon
désordonnée pour se perdre rapidement à l’horizon. Charme
nouveau du désert. Comme d'habitude nous avons regagné pour
la nuit notre gymnase habituel. Nous avons pris maintenant
l’habitude du bain russe, quasi quotidien, à défaut de douches
inexistantes. Le bain Russe de campagne est un local fermé
de deux pièces, une surchauffée pour transpirer abondamment,
une autre pour se doucher ou se rincer avec de l’eau froide.
C’est souvent rudimentaire mais toujours bienfaisant, comme
au sauna.
Notre
témoin du jour est :
Gérard Genest, du club cyclotouriste de la ville de Sceaux
dans les Hauts de Seine (92).
Cette étape est la première qui s'est déroulée sous la chaleur.
Je l’ai franchie assez difficilement car j’ai eu quelques
problèmes gastriques. Ce qui est difficile à supporter pendant
ces heures se sont les arrêts multiples, les crevaisons qui
obligent l’ensemble du groupe à stopper. Pas le moindre arbre
pour être à l’ombre, cette situation est vraiment pénible.
Les accueils des villages sont souvent surprenants, et ce
qui m’étonne aussi est l’acceptation par les automobilistes
du blocage de la route, souvent pour une heure, à l’occasion
du passage de notre caravane. Je suis aussi admiratif du comportement
des personnels de service dans les cantines qui ne savent
pas comment faire, pour nous donner le meilleur de leur talent.
Après plus six mille km, je suis en pleine forme. Sauf accident,
je pense bien arriver à Pékin.
Liaison ferroviaire : Quandiaghash
- Torretam
Dimanche 18 au lundi 19 Mai 2008
680 Km en train couchette.
Départ : 18h15 - Arrivée : 9h15
KAZAKHSTAN
Voyage, voyage… en train
Nous
l’attendions tous ce transfert ferroviaire et pour des raisons
diverses et variées, nous avions tous, ou la plupart d’entre
nous une petite appréhension. Déjà au niveau de la réservation
des places prises depuis Paris et l’utilisation d’un fourgon
pour les vélos. Il a fallu négocier avec deux compagnies différentes.
Assez rapidement, mais tout de même avec une attente de deux
heures environ, nous avons connaissance de l'attribution de
nos wagons couchettes, trois en réalité de 9 compartiments
4 places. En revanche impossible de savoir si le fourgon destiné
aux vélos est vide au départ de Quandiaghash ! Le départ du
train est quant à lui prévu à 18h15. Nous devons donc être
présents à la gare pour 16 heures. A 18h00, le train tiré
par deux locomotrices Diesel, suivi de 17 wagons couchettes
entre en gare. L’opération chargement vélos est lancée. Elle
devra impérativement se réaliser en 15 minutes. Les volontaires
sont vraiment à l’ouvrage, car le fourgon bagages est hors
du quai et la hauteur du plancher se trouve à 1,50 m. Il nous
faudra 22 minutes pour faire grimper les 96 vélos et les deux
tandems. Les hommes épuisés, s'apprêtent à rejoindre leur
wagon respectif, sauf que le wagon N°6, n’existe pas ! Vent
de panique, mais la police toute puissante et efficace, nous
attribue le N°5 enfin nous découvrons des wagons, certes anciens,
mais confortables, propres, avec matelas et draps neufs sur
les couchettes. Durant 650 Km , ce sera la steppe, parsemée
d’une dizaine d’arrêts en gare. Pas le temps de faire causette
dans le wagon-restaurant qui n'existe pas et interdit de changer
de wagon, la police veille. Cette dernière nous compte et
nous recompte et tente de nous expliquer que nous occupons
deux places de trop ! Vers minuit il nous est demandé de céder
deux couchettes pour que deux policiers puissent dormir !
Un « niet »A? assez sec est prononcé et cette demande n’aura
plus de suite. Nous avançons nos montres d'une heure et désormais
avons quatre heures de décalage avec l’Europe. A 9h15, à la
minute prêt – les chemins de fer kazakhs vont-ils rivaliser
avec la SNCF!- nous arrivons à Torrétam, terme de notre voyage.
L’opération déchargement du fourgon est réalisée en 8 minutes.
Nous sommes attendus en gare, et dirigés en vélo, vers une
école qui se situe à 12 Km du centre. Notre gymnase habituel
nous tend les bras ! Nous apprenons que dans l’après midi,
nous pourrons aller dans l’enclave Russe de Baïkonour et visiter
le musée des cosmonautes !
Pendant ce
temps là, nos 7 véhicules, en deux convois distincts ont pris
la route et la piste. 4 d'entre eux dont les deux 20 tonnes
quittent Quandiagash samedi
à 20 heures, ils arriveront à Torrétam
le lundi à 14 heures. D'autres épopées à notre actif, avec
trois embourbements, et la réquisition par la police qui précède
le convoi de 500 litres de gas-oil, pour faire nos pleins
nous sommes encore en plein far West. Quant au reste des véhicules
partis dimanche à 18h30, ils ne sont toujours pas arrivés
lundi à 20 heures ! suspens, suspens. L’aventure continue.
Notre
témoin du jour :
Emile Hubert, notre seul Luxembourgeois, de Niedercorn, membre
du club, les Cyclotouristes de Longwy (54). "Après l’émerveillement
de l’accueil Kazakh de Quandiaghash, nous découvrons la grande
gare de la ville. Le chargement des vélos s’est bien passé
et nous montons dans un train comparable au nôtre. J’ai très
bien dormi, sur ma couchette, avec matelas et drap neuf. J’ai
vécu un coucher de soleil merveilleux et étant peintre à mes
heures, j’ai admiré la variation des couleurs. La nuit pour
moi a été calme et sans problème. J’apprécie beaucoup ce voyage,
le contact avec les différentes populations n’est pas toujours
évident, mais quand il est possible vraiment instructif. J’apprécie
beaucoup les spectacles qui nous sont proposés et j’ai même
eu le plaisir de pouvoir chanter sur scène une chanson de
Luis A?Mariano.
Sur les routes difficiles, je suis très attentif, car une
chute grave serait pour moi une catastrophe. Je fais également
très attention de ne pas faire tomber un autre cyclo, car
je souhaite vraiment arriver à Pékin en bonne santé, voire
en pleine forme, accompagné par tous. Ce voyage est pour moi
la cerise sur mon gâteau de cyclotouriste."
Etape
56 : Shubarqudig - Quandiaghash
Samedi 17 Mai 2008
85 km - Dénivelé : 454 mètres
Départ : 9h15 - Arrivée : 15h
KAZAKHSTAN
Une
journée ordinaire, mais
passionnante !
Petite étape, très légèrement vallonnée, à travers la steppe
qui désormais nous est plus familière. Nous avons eu la chance,
jusqu'à présent, de ne pas pédaler sous de très grosses chaleurs,
ce qui a vraiment rendu la randonnée fort agréable. En général
l’état des routes pour un cycliste ne pose pas de problème
particulier, il suffit simplement d'une attention plus grande
pour éviter les trous et les passages boueux. En revanche
nos véhicules d’accompagnement n'ont pas été à la "fête".
En parlant de fête, il faut convenir que les autorités locales
se mettent en quatre pour nous recevoir. A l’entrée d’un village,
une importante délégation était présente, les enfants agitaient
des fanions et les
cyclos signaient des autographes par dizaine. Notre arrivée
à Quandiagash est typique de ces manifestations bien préparées.
Dans toute la ville, un policier tous les 100 mètres et 500
mètres avant notre entrée dans le collège qui nous hébergeait
nous avons eu droit à une double haie d’enfants, en tenue
d’écolier, nous applaudissant. Sur le perron du collège, la
police, une cinquantaine d’hommes en tenue et de nombreux
civils, la directrice, l’ensemble des professeurs,
les multiples fonctionnaires de la ville et de la région,
étaient présents, sans compter le groupe de danseurs et celui
des musiciens, toujours des moments impressionnants, émouvants
et surprenant. Dans son discours de bienvenue, le chef de
la police nous indique que nous ne pouvons absolument pas
sortir de l’enceinte gardée des bâtiments ! La
consigne sera scrupuleusement appliquée à la lettre. Quant
aux trois repas qui nous ont été servis dans la cantine scolaire
ceux-ci étaient parfaits et très copieux et en prime nous
avons pu déguster les plats traditionnels : Viande de cheval
en saucisson, viande de mouton, sur un lit de pâtes que nous
définirons comme des lasagnes. Dans le même établissement,
le Maire, le chef de la police, le chef des députés, et quelques
dignitaires importants recevaient 4 des nôtres dans un salon
privé. Dans cette réception, le plus difficile n’a pas été
la dégustation après chaque allocution d'un verre de cognac
ou de vodka, mais bien "d'avaler" les yeux de mouton qui nous
ont été proposés, signe de reconnaissance comme hôte important
! Deux concerts viendront agrémenter nos 24 heures de casernement.
Notre
témoin du jour :
Christian Roche du club de l’amicale de randonneurs de la
communauté de commune de Saint Pourçain sur Sioule dans l'Allier.
Etape rapide, je dois m’accrocher pour rester dans le peloton,
car je suis quand même un peu fatigué.
Moments surprenants, à l’entrée de la région : Plus de cent
personnes, Préfet en tête, nous attendent : Tapis, buffet
et discours et là, un moment d’anthologie, le discours du
préfet qui cite en Kazakh, bien entendu les célébrités de
la France : Robespierre, Zidane, Chirac, Victor Hugo, et…
Dominique Lamouller (sic).
Autre étonnement, ce matin je suis entré dans une ferme au
bord de la route. La fermière malaxait sa pâte dans la main
pour la faire sécher ensuite sur un grillage. J’ai demandé
à goûter ce fromage et il m’a rappelé le Cantal de mon enfance.
Dans ces steppes immenses où le décor est en cinémascope,
le ciel est d’une telle beauté que la pensée n’a plus de limite
je suis à la recherche de mes dix kilos perdus, j’ai réalisé
que l’Aubrac, qui m’est cher, n’étais qu’un confetti.
Etape
55 : Bayghanin - Shubarqudig
Vendredi 16 Mai 2008
72 km - Dénivelé : 134 mètres
Départ : 9h15- Arrivée : 15h
2 mois, à mi chemin
16 mars...16 mai. Partis de Paris, il y a deux mois, nous
avons franchi aujourd’hui le km 6 500. La France, l’Allemagne,
l’Autriche, la Hongrie, la Serbie, la Roumanie, la Moldavie,
l’Ukraine, la Russie, et actuellement une partie du Kazakhstan,
sont derrière nous !
Les 116 participants, chacun à sa manière, commence tranquillement
à gamberger. "Et si mon improbable, incroyable et inoubliable
histoire, allait devenir réalité et faire partie de ma vie
à jamais ?" Nous n’en sommes pas là, mais un léger parfum
de plaisir et d’optimisme, activé par un vent d’ouest, frémit
dans les esprits.
L'étape du jour étant courte, notre départ n'a eu lieu qu'à
9h15, un beau soleil et un vent favorable nous accompagnaient.
La route est asséchée et les km s’égrènent à bonne vitesse,
mais en toute tranquillité, la police n’exigeant pas que nous
roulions en groupe compact. C’est donc avec un réel plaisir
que nous évoluons dans des espaces immenses et impressionnants.
La circulation est quasi nulle ou presque. A l’entrée de la
ville, les autorités au grand complet, un groupe folklorique
et un orchestre accueillent les cyclos, avec faste mais en
toute simplicité. Une attention toute particulière, pour chaque
femme qui reçoit en cadeau un œillet. Un bain Russe, particulièrement
apprécié, terminera l’après midi.
Le
témoin du jour :
Après deux mois de route, nous avons souhaité interrogé le
médecin de l’expédition : François Le Van de l’amicale cyclotouriste
de la Roquebrussanne dans le Var (83).
Pouvez vous nous dire en quelques mots, votre ressenti sur
la santé du groupe dont vous avez la responsabilité ?
Faire réaliser un périple de plus de 12 000 km à des cyclotouristes
et à des accompagnateurs, dont la moyenne d’âge frise les
60 ans n’était pas évident et certains "aimables confrères"
m’ont conseillé fortement de ne pas prendre une telle responsabilité.
C’est pourquoi avant le départ j’ai fait, au nom de la commission
médicale fédérale, une sélection rigoureuse, dans le domaine
cardio-vasculaire, métabolique et éliminé les candidats présentant
des maladies chroniques pouvant être préjudiciables à la réalisation
de cette aventure. Le facteur âge, après consultation d’autres
confrères, ne s’est pas avéré un facteur limitant. A ce jour,
ce constat semble s'avérer vrai, car nos 7 gaillards de plus
de 70 ans, tiennent parfaitement leur place et sont toujours
là, vaillants.
Dès le début de la randonnée j’ai pu rapidement constater
une grande dispersion des capacités liées au potentiel physique
de chacun. Il se trouve que désormais les plus "faibles" sont
entrés dans le moule et sauf accident, arriveront probablement
à Pékin. Après l’épidémie de virose respiratoire en Allemagne,
étalée sur plusieurs semaines qui a touché presque tout le
monde, nous n’avons eu quasiment aucun gros souci médical
: des problèmes de tendinite chez quelques-uns ou des douleurs
liées en partie à des mauvaises positions sur le vélo -rappelons
que ce n’est pas le vélo habituel des cyclos, nous n’avons
eu à vrai dire que trois vraies malades, qui après quelques
jours de repos et des soins appropriés ont repris leur monture
et continuent comme si de rien n’était. A ce jour nous n'avons
eu à déplorer que 3 abandons pour raisons familiales.
Ma crainte future reste les grosses chaleurs qui nécessairement
vont arriver, mais vu le bon état général du groupe, si l’alimentation
et la déshydratation sont bien gérées, cette crainte pourrait
être infondée. Par ailleurs la solidarité et l’entraide du
groupe ont un effet bénéfique certain. Mon seul but est d’arriver
à Pékin avec des gens en bonne santé, reposés et heureux.
Sauf accident toujours possible, sur la route et le pire peut
toujours arriver, je pense que nous avons de bonnes chances
de réussir ce projet fou, ou le hasard n’existe pas.
Etape 54 : Mumkir - Bayganin
Jeudi 15 mai 2008
130 km - Dénivelé : 127 mètres
Départ : 8h15 - Arrivée : entre 16h00 et 19h00
KAZAKHSTAN
Le
vélo grandeur Nature !
Comme hier, cette étape est à marquer d’une pierre blanche.
Les difficultés sont bien réelles, occasionnées par des routes
quasiment impraticables aux véhicules, exceptés les vélos.
Ces engins seuls sur la route, s’en donnent à cœur joie, méprisant
les trous et les bosses et se faufilant en souriant à travers
les chausse-trappes permanents.
Non sans mal, nos 7 véhicules sont arrivés à l’hébergement.
100km de piste sur les 130, "nos utilitaires" souffrent énormément
car ils sont mal adaptés à ces chemins, sans double pont et
munis de châssis trop bas. Pour le moment pas de casse, mais
c’est la hantise de chaque chauffeur. L’accueil exceptionnel
du Maire, avec dîner totalement Kazakhe, spectacle musical
et danses locales nous réconforte et nous régale.
Le
témoin du jour est :
Gérard Duru du club de l’A.S. Boncourt (28)
"Cette étape, typique de la piste Kazakhe, entrecoupée de
route en assez bon état, a été placée sous le signe du vent
favorable et très puissant. Pour un cyclo, c’est le rêve !
La police étant discrète, chacun a pu rouler a son allure.
A 30 km de l’arrivée, nous sommes attendus sur le bord de
la route par le chef du village et un professeur enseignant
le Français accompagné de ses élèves. Offrande traditionnelle
: lait de chamelle, fromage et beignets. Les chants des enfants
ont terminé ce très simple et savoureux accueil. Sur les pistes,
le matériel souffre énormément, la chaîne et les dérailleurs
sont les plus exposés. A l’arrivée, nous pouvons, alors que
l’eau est précieuse ici, bénéficier d’un traitement de faveur.
Nous lavons nos vélos dont l’entretien est primordial pour
continuer notre périple. Ce soir, nous avons droit au spectacle
folklorique, ce qui confirme l’excellent accueil des villages
du Kazakhstan"
Etape
53 : Makat - Mumkir
Mercredi 14 mai 2008
130 km - Dénivelé : 228 mètres
Départ : 7h15 - Arrivée : 17h45
KAZAKHSTAN
La revanche de la petite reine !
Dans notre expédition, sans aucun doute, cette étape restera
mémorable. La pluie étant au rendez-vous depuis plus de 24
heures, les pistes sablonneuses faisant office de route, sont
devenues boueuses et glissantes. Toute la journée, les cyclos
étalés sur plusieurs km, ont découvert, avec plaisir pour
la majorité, les joies et les problèmes, du randonneur au
long cours. La police, dans l’impossibilité de cerner un peloton
groupé, a laissé faire, et chacun a pu, selon son humeur ou
son envie, "se faire plaisir". Résultat: les vélos
sont arrivés avant les véhicules. En effet pour ces derniers,
la piste défoncée et boueuse est vite devenue
un cauchemar. Six des sept véhicules, ont du être sortis des
ornières par "les Kamaz" ces énormes camions russes, porteurs
pour les pétroliers. Seul la camionnette « des Ostéos » est
passée sans difficulté. La moyenne horaire des camions a frôlé
le 15km/h. Pour une fois les vélos vont plus vite que les
autos! Nous sommes arrivés, non sans mal, à supprimer le bivouac
du soir prévu au cœur de la steppe humide. En toute hâte,
nous avons obtenu d’un village la mise à disposition d’un
gymnase pour la nuit. Monter les tentes sous la pluie et dans
le vent serait devenu une réelle épreuve, pas nécessairement
utile.
Tout serait donc parfait si nous trouvions de l’eau et des
sanitaires. Nous savions que le problème de l’eau existait,
mais le vivre n’est pas évident. Nous, qui avions l’habitude
de la douche quotidienne, nous en sommes réduit au robinet
d’eau froide pour 30 personnes en moyenne! les réactions sont
diverses et il faut bien s’adapter à la réalité du terrain.
Notre
témoin du jour est :
Christine Bouillerot du Club Olympique Périgueux.
"Une grande journée de liberté dans les steppes du Kazakhstan,
des paysages grandioses, des éclairages magnifiques sans compter
un ciel avec de superbes nuages. Curieusement, dans cette
steppe, immense, il y a beaucoup de présence : des animaux,
des chevaux et des chameaux, des moutons et des caprins, sans
compter des oiseaux, type échassier et même des aigles. Régulièrement,
sur la voie ferrée que nous longeons, des trains immenses,
nous saluant au passage, viennent troubler le silence. Adieu,
les capitaines de route! place au vélo grandeur nature en
totale liberté et aux nombreux vététistes. Pipi libre, photo
idem, repas itou. Nous voulons simplement dire que la route
étant sans voiture, le peloton s’échelonnant sur plusieurs
kilomètres, nous n’avons aucune contrainte imposée par le
danger de la route et la sécurité.
La route glissante et les trous (cratères !) ont occasionné
quelques chutes sans conséquence. Soignés que nous sommes
par François Le Van, notre médecin et pansés par notre infirmière
Hermina Baque Vidal, toujours disponibles."
Etape
52 : Attiraw - Makat
Mardi 13 Mai 2008
132 Km - Dénivelé : 223 mètres
Départ : 8h45 - Arrivée : 16h30
KAZAKHSTAN
Plus de 6 000 km !
Notre entrée en Asie, s'est faite par le passage d'un pont
au dessus du fleuve Oural, elle coïncide exactement avec le
franchissement symbolique de la barre des 6 000 km au compteur!!
Ce n'est pas encore la moitié du chemin car nous devrions
pédaler au moins 13 000 km pour atteindre notre but.
Dès le départ il fait beau, il commence même à faire chaud.
Soudain, le ciel s’assombrit et une pluie fine nous accompagnera
jusqu’à l’arrivée. Cette fois nous sommes vraiment dans l’aventure
et cette étape entrera dans les souvenirs. Pierre blanche
ou pierre noire, chacun en décidera. En effet à 17 km de l’arrivée,
nous quittons la route nationale parfaitement revêtue, pour
prendre une route qui a connu le goudron il y a plusieurs
années. Les trous pleins d’eau, le
sable transformé en boue, ont rendu le final assez folklorique.
Les cyclos sont arrivés maculés de boue et mouillés mais finalement
heureux.
Nous sommes hébergés dans
le seul local du village pouvant recevoir 116 personnes. Le
jour il fera restaurant, et la nuit il se transformera en
dortoir. La route initialement prévue pour les vélos est,
bien entendu, utilisée par les 7 véhicules de la caravane,
résultat : Le camion de 20 t de Claude coincé dans une ornière
sera dégagé par l’autre gros bahut conduit par Jean-François
et le véhicule fédéral piloté par Julien le cinéaste s’est
embourbé, mais c'était sans compter sur la solidarité kazakhstanaise
qui s'est mise en place, un chameau est venu à la rescousse,
et le Renault fédéral a repris sa glorieuse route, pour une
arrivée largement après 20 heures.
Notre temoin du jour
est :
Christian Piriou du stade auto-Lyonnais, demeurant à Lyon
dans le Rhône (69).
Alors cette étape ? Partis sous le soleil, avec un excellent
bitume, la pluie est vite arrivé et nous a accompagnés pendant
une centaine de km, dans une nature de plus en plus désertique,
bien que les inondations récentes ont permis à la nature de
profiter d’un peu d’humidité . Mon étonnement vient de l’absence
totale d’animaux y compris les oiseaux.
La distraction du jour a été le dépassement des cyclos par
des voitures locales, qui quittent la route, et prennent délibérément
la piste, soit à gauche soit à droite.
L’arrêt pique-nique, initialement prévu pour 45 minutes a
été vite limité au minimum, car la pluie nous a obligés à
repartir rapidement. IL faut dire qu’en pleine steppe, les
abris ne sont pas légion.
La fin de l’étape, 17 km, sur une route pleine de trous, rendue
glissante à cause de la boue s’est avérée un exercice difficile.
Plusieurs chutes bénignes ont obligés chacun de nous à la
plus grande prudence et chaque cyclo choisissant sa trajectoire,
le peloton, étiré sur 3 km et roulant sur toute la largeur
de la chaussée, (chut ne le racontez pas au responsable sécurité
de la FFCT) a vite ressemblé à une compagnie en déroute.
A l’arrivée, les enfants couraient pour accompagner les cyclos,
les parents applaudissaient et sur la place de la mairie des
jeunes filles en costume traditionnel offraient le gâteau
local et un bol de lait de chamelle. Les enfants des écoles
agitaient des fanions multicolores, c’était la fête ; Merci
à tous.
Pour moi l’expédition a commencé vraiment au Kazakhstan et
j’apprécie ces variations incroyables du niveau de vie, qui
nous fait passer d’un confort 4 étoiles, au local sans eau,
sans sanitaire, et où tout le monde couche soit sur son matelas
soit sur son lit de camp, à 60 par chambrée.
Que l’aventure continue !
Etape
51 : Aqqistaw - Attiraw
Lundi 12 Mai 2008
90 Km - Dénivelé : 125 mètres
Départ : 8h30 - Arrivée : 15h00
KAZAKHSTAN
Du moyen âge à l’an 2020.
Nous quittons Aqquistaw, sans regret. La petite ville est
vraiment triste et noire, aucun chemin goudronné, des ordures
jonchant le sol et des flaques d’eau croupissantes. Une très
pénible impression. La pauvreté, digne et vivante est là et
pourtant dans la ville circulent des trains immenses, composés
uniquement de wagons citernes. Le pétrole est là, mais pas
encore le produit de son aisance.
Sur l'itinéraire assez roulant, pas beaucoup de trafic. Quelques
puits de pétroles et de gaz sont visibles mais l’activité
semble modeste. Erreur, cette région de l’ouest Casaque commence
à générer de la richesse. Nous la trouverons 90 Km plus loin
en arrivant à la grande ville de Attiraw, ou là l’or noir
porte bien son nom. Bâtiments neufs dont l’architecture est
audacieuse, un urbanisme futuriste, des jets d’eau, des terrains
engazonnés, des églises et des mosquées neuves, cette ville,
qui symbolise la séparation officielle entre l’Europe, que
nous quittons, et l’Asie, où nous entrons, porte tous les
signes extérieurs d’une grande opulence et d’une grande activité.
Même
les hôtels où nous logeons sont de premier ordre, les prix
aussi !!! C'est le revers de la médaille, nous sommes très
loin des tarifs pratiqués dans la campagne.
Mauvaise surprise également lors de notre arrivée à l'étape
: L’hôtel, réservé pour 115 personnes, nous annonce qu’il
ne dispose que de 40 lits ! Il a donc fallu réaliser des prouesses
pour trouver les 75 lits manquants. Chose faite, les cyclotouristes
ne se sont aperçus de rien ! Tant mieux. Les hôtels sont très
confortables et les bienvenus avant une semaine difficile.
Nous savons tous que cet oasis de modernisme, sera le dernier
dans notre périple Kazakhstanais dont les étapes vont devenir
de plus en plus rudes en matière de confort.
Notre
témoin du Jour est :
Jean-Marie Estoup du club de A Gan Olympique dans les Pyrénées-Atlantiques
(64).
L’esprit de mon voyage : Partir de Pau, en vélo naturellement,
pour rejoindre Epernon dans l'Eure-et-Loir, ma ville natale
et ou j’y ai vécu, pour rendre hommage à mon grand père paternel,
et continuer sur l’Ukraine, pour rendre hommage, cette fois
ci, à mon grand père maternel. Cette première approche de
mon périple sentimental et familial était pour moi importante.
Mon but n’est pas forcément d’aller à Pékin... ! Mais surtout
de réaliser un voyage. Rencontrer des gens, échanger sur tout
et sur rien est essentiel dans l’orientation de ma vie. Par
exemple à Astrakan, ma journée, en compagnie de jeunes, m’a
beaucoup appris sur cette ville et ce fut pour eux l’occasion,
rare, de s’exprimer en Français.
Adepte des écoles solidaires, j’ai pu, en partant de la revue
Cyclotourisme apprendre à une dizaine de jeunes Russes,
de 10 et 15 ans la géographie de la France. Ces enfants se
sont engagés à parler de cette journée au reste des élèves
de leur classe. J’étais très honoré d’être un ambassadeur.
M’intéressant à l’habitat, j’observe avec attention, les façades
des maisons et villages. Cela me permet de constater de grandes
différences entre les pays et me donne une approche, un peu
particulière, du mode de vie des propriétaires.
Enfin ce matin, j’ai reçu une leçon de vie. Ayant passé la
nuit dans un gymnase, nous sommes tous entrés dans ce local,
avec nos chaussures crottées et sales ! Ce matin, les enfants
Casaques, sont arrivés, ont changé de chaussures, mis leur
pantoufles pour ne pas abîmer le plancher vétuste mais tellement
précieux et sacré à leurs yeux!
Etape 50 : Ganyushkino - Aqqistaw
Dimanche 11 mai 2008
159 km - Dénivelé : 148 mètres
Départ : 9h15 - Arrivée : 20h10
KAZAKHSTAN
Pas de Transition
Cette fois nous sommes bien au Kazakhstan, dans cet immense
pays dont le nom nous fait rêver depuis longtemps.
La steppe est bien là, partout. Par chance, durant
les 35 premiers kilomètres, et suite aux dernières
inondations, l’herbe est encore très verte. Petit
à petit, la steppe reprend ses droits et c'est avec
émerveillement que nous croisons les troupeaux de chevaux,
dont la légende est fondée. Plus loin ce sont
les troupeaux de dromadaires, gardés par des chameliers
à cheval, qui stoppent l’ensemble des cyclos,
instant magique pour enfermer dans nos appareils des photos
inoubliables. La route goudronnée, assez roulante,
est rectiligne et sur 70 km nous ne traversons aucun village
! Il ne fait pas très chaud, et un crachin continu
toute la matinée, nous a contraints à rouler
bien couverts. La vitesse de progression est lente, due à
une semaine difficile, une récupération pas
évidente. Nous sommes totalement dans l'aventure Paris
Pékin et la réalité n’est pas forcément
facile à vivre pour une petite minorité !
Ici encore, comme prévu, la police routière
veille. L’arrivée tardive à l’étape,
dans ce petit village nous a fait vraiment prendre conscience
de l’état des lieux. Pas de goudron, de la boue
ou de la poussière, des maisons modestes et des habitants
très typés, avec de beaux visages d’origine
Mongole. Nous avons vraiment changé de continent, en
tous les cas, de mode de vie. Un hôtel et des chambres
chez l’habitant étaient prévus par un
hébergeur privé. Ce dernier étant dans
l’incapacité de remplir son contrat, (13 lits
possibles au lieu de 116 !!!) nous avons du, en toute hâte,
modifier notre programme. Grâce au maire de la ville,
un gymnase a été mis à notre disposition….
Notre témoin du jour :
En raison de notre arrivée tardive le témoin
du jour n’est pas disponible.
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