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Etape 77 : Campement à 1900 m -
Kegen
Jeudi 12 Juin 2008
58 km - Dénivelé : 434 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 15h30
KIRGHIZISTAN - KAZAKHSTAN
Retour
au Kazakhstan
Notre dernière nuit s’est passée en bivouac à 2000 m d’altitude,
au milieu d’un parc naturel et au centre d’une prairie envahie
par les edelweiss. Nous les avons admirés, photographiés et
laissés en paix.
Pour entrer en Chine, nous avions deux possibilités, soit
passer directement du Kirghizistan en Chine par des cols à
plus de 4000 m et avec de mauvaises routes, soit revenir au
Kazakhstan, descendre dans la plaine et passer la frontière.
Nous avons choisi la 2ème option. Nous avons donc retrouvé
le Kazakhstan ce soir, un peu comme si nous retrouvions nos
habitudes. L’étape fut courte mais rendue très pénible par
plus de quarante kilomètres de piste et un vent défavorable.
Nous avons laissé en Khirghizie, notre guide Sacha et malheureusement
Yves-Marie Marchais, membre du staff d’encadrement, a du être
rapatrié en France pour raison de santé. Nous lui souhaitons
au nom de l’ensemble du groupe un prompt rétablissement.
Nous préparons avec sérieux, mais avec une certaine crainte,
notre passage en Chine prévu pour lundi prochain. Actuellement,
toutes les situations sont envisagées mais nous sommes confiants.
Le
témoin du jour est :
Régine Ferrand du vélo-club d’Annecy (74) Haute Savoie.
"Pour ce voyage, j’avais trois objectifs : atteindre Odessa,
arriver au Kirghizistan et revoir la Muraille de Chine. Odessa
pour moi était la fin de l’Europe et la rencontre avec la
Mer Noire. Le Kirghizistan c’était les montagnes, les troupeaux
de chevaux, le grande nature et les cols à plus de 3 000 mètres.
Ces deux objectifs ont été atteints et je suis comblée. Enfin
la Muraille de Chine parce que j’ai été très impressionnée
par cette construction et ce travail hors du commun, lors
de mon premier voyage en novembre 2004.
Depuis quelques jours, pour des raisons techniques d’organisation,
nous avons beaucoup parlé de notre passage en Chine. Je dois
dire que je suis inquiète mais je sais aussi que toutes les
démarches ont été entreprises pour la suite de l’expédition.
Je dois maintenant me motiver, car le 3 août me semble encore
bien loin et ma seule pensée doit être mon objectif : Pékin.
Mon "fan-club", mes enfants, ma famille, mes amis, mes ex
collègues de travail, comptent sur moi. Avec l’aide de mon
mari Michel, je souhaite impérativement finir ce très long
voyage."
Etape 76 : Karakol - Campement à
1900 mètres
Mercredi 11 Juin 2008
81 km - Dénivelé : 533 mètres
Départ : 8h00 - Arrivée : 15h30
KIRGHIZISTAN
Labeur et splendeur
Pour notre dernière étape au Kirghizistan, nous avons été
vraiment gâtés. Un départ en plaine avec toujours cette même
impression d’abondance, de labeur et de sérénité, puis une
élévation douce et progressive, enfin un sérieux effort pour
atteindre les 1900 mètres. Effort d’autant plus ardu que dans
les derniers 20 kilomètres, un fort vent violent de face,
descendant dans la vallée est venu contrarier notre ascension.
De ce fait, le pique-nique a été avancé et les cyclos arrivant
en ordre dispersé ont apprécié les sapins et l’ombre pour
prendre un long repos pendant l'heure du repas.
A
15h30, les camions ouvrant la marche, nous grimpons tous les
derniers hectomètres pour atteindre le bivouac, au coeur de
la nature, et au bord d’un torrent. Encore une image de carte
postale,
mais en relief, sonore et odoriférante. Au loin des troupeaux
de chevaux regagnent la vallée, le coup d’œil valait le déplacement.
Pour faire encore plus vraie, la montagne nous arrose de ses
gouttes d’eau. Le bivouac installé, le repas préparé, un exposé
sur la Chine est organisée par Henri Gaulard, et le président
fédéral nous confie ses derniers mots d’encouragement avant
son départ demain. Reviendrons-nous au Kirghizistan? L’avenir
le dira. Secrètement, nous le souhaitons tous.
Le
témoin du jour est :
Henri Alméras demeurant à Villefort (48) Lozère.
Quelles sont vos impressions sur le kirghizistan
que nous quittons demain ?
"Un
pays très intéressant du point de vue touristique, compte
tenu de la présence de la montagne, ce qui apporte un plus
par rapport à la steppe. Toujours le même accueil chaleureux
et bruyant des enfants aux magnifiques sourires, présents
au bord de la route et qui regardent avec
curiosité et étonnement les petits hommes rouges venus d’ailleurs
et de très loin. Salam ! l’accueil des hommes et des femmes,
en particulier dans la campagne est également très chaleureux
et nous pouvons même lire dans les regards un certain respect
pour les cyclotouristes. Le niveau de vie est certes moins
élevé qu’en Europe, mais nous ne sommes pas certains que les
gens soient moins heureux."
Pourquoi roulez vous en couple ?
"Nous pratiquons le cyclotourisme depuis notre mariage -40
ans et pas de voiture - et il n’y avait aucune raison que
nous ne partions pas ensemble. Partir pour Pékin est une décision
mûrement réfléchie, prise d’un commun accord. Depuis notre
départ de Paris, nous n’avons jamais douté malgré les difficultés
réelles des 8000 premiers kilomètres et nous sommes persuadés
que sauf accident nous serons tous les deux, en amoureux,
sur la muraille de Chine.
A travers cette expédition, nous sommes fiers et heureux d’être
les deux seuls représentants du département de la Lozère et
les couleurs languedociennes sont ainsi présentes dans ce
peloton international."
Etape 75 : Tihaï Bukta - Karakol
Mardi 10 Juin 2008
94 km - Dénivelé : 474 mètres
Départ : 8h15 - Arrivée : 14h15
KIRGHIZISTAN
Au revoir lac Issy Kül
A
regret notre étape nous conduit après une cinquantaine de
kilomètres, loin des rivages du lac Issy-Kül, dont un des
bras se termine à Karakol, mais à quelques kilomètres de la
ville. Ce lac a été un enchantement
pour tous : eau "bleue caraïbes", plages de galets ou de sable
ocre, rivage accueillant. Et pour finir, à notre droite le
majestueux glacier Ogour Bachy : traduction "la tête de taureau",
qui culmine à 5 226 mètres !
L’étape a été attrayante, avec de larges
routes ombragées mais en assez mauvais état. La campagne verdoyante
et les nombreux canaux d’irrigation assurent des récoltes
de toutes sortes.
Notre hébergement se situe en centre ville. Il s’agit d’un
camping, avec plusieurs possibilités d’hébergement : Yourtes,
tentes, bungalows, maisonnettes. L’habitude est prise, tout
le monde est au lit à 21h30 ! Les organismes ont besoin d’un
maximum de repos, pour récupérer.
Le témoin du jour est :
Alain Labialle, des cyclos randonneurs Lourdais dans les Hautes
Pyrénées (65).
"En
tant que capitaine de route de l’un des 5 groupes, ce sera
une grande satisfaction de pouvoir amener, dans les meilleures
conditions possibles, les cyclos à Pékin. La difficulté de
mon poste n’est pas uniquement physique. J’ai cependant perdu
7 Kg ! De plus, chaque jour, je dois veiller à la cohésion
des 5 groupes, avec l’aide des 4 autres capitaines de route
et assurer la coordination avec les services de police. Chaque
matin je dois étudier la carte et prévoir le site du pique-nique
: si possible un endroit intéressant sur le plan touristique
ou culturel.
Dans la journée, chaque groupe, dans la mesure du possible,
est autonome. L’entraide et la solidarité s'organisent en
fonction des aléas de la route. Rien n’est prévisible et nous
devons nous adapter en permanence. Il n’est pas question de
laisser un seul cyclo sur le bord de la route. Quelques kilomètres
avant l’arrivée, je suis chargé de mettre en place le regroupement
général, afin d’entrer dans la ville en toute sécurité avec
l’appui des services de police et prévenir la logistique de
notre heure d’arrivée, afin que tout soit en place pour faciliter
l’accueil et le repos des cyclos. Ma responsabilité est passionnante,
malgré la lourde charge de pédalant et d’organisateur."
Etape
74 : Kaji Saye - Tihaï Bukta
(Yourte au bord du lac)
Lundi 9 Juin 2008
28 Km - Dénivelé : 74 mètres
Départ : 10h00 - Arrivée : 11h30
KIRGHIZISTAN
Une yourte c'est quoi
?
Venir en Asie centrale et ne pas passer une nuit dans une
Yourte est comme venir à Paris et ne pas contempler la tour
Eiffel! Notre programme a donc prévu de passer une nuit dans
cette maison de nomade. Jamais un groupe de 120 routards n’a
traversé ce pays et dormi dans ce type d'hébergement.
Le maximum de logis dans un campement est de 8, soit une capacité
de 30 à 40 personnes. D’où notre obligation de trouver trois
camps. Ces haltes étant prévues pour des cavaliers
ou des randonneurs pédestres sur une distance d’une trentaine
de kilomètres, nous avons donc initié notre petit monde à
la nuit Mongole pendant trois étapes, une partie en yourte,
le reste sous nos tentes.
Le
soleil éclatant de luminosité nous enchante du lever au coucher
et nous dessèche "les gosiers" de 12 à 15 heures! Heureusement,
la nuit à la belle étoile est radieuse. Petite anecdote, aujourd’hui,
lors de l’installation du campement au bord du lac, nos deux
camions de 20 tonnes se sont ensablés et un tracteur a été
dépêché, pour les sortir de ce mauvais pas !
Le témoin du jour
est :
James Mara du cyclo club de Guyancourt (78).Capitaine de route
du groupe rouge.
"Je
souhaite parler de ce que représente pour moi, la différence
entre le projet et la réalité de Paris–Pékin. Ces deux mots
représentent 12 330 km ! Des heures de vélo à travers deux
continents gigantesques, l’Europe et l’Asie. Des rencontres
avec des peuples, où les racines et les us sont les bases
simples du mode de vie, où le passage de l’étranger est considéré
comme un honneur et une fête. Grâce à cette expédition je
mesure le gouffre qu’il y a entre ce que j’ai lu, ce que j’avais
imaginé et ce que je vis. Je ne connaissais pas la plupart
des pays que nous traversons et je constate avec plaisir que
l’accueil, la gentillesse, le sourire sont vraiment des valeurs
de l’Europe centrale et de l’Asie. Tous les jours, l’improvisation
dans l’organisation stricte est indispensable. L’adaptation
doit être permanente, rapide et efficace. Je ne pensais pas,
par ailleurs, rencontrer autant d’animaux sauvages dans ces
immenses territoires traversés : Des vipères, des lézards
à crête, d’énormes grenouilles, des papillons, des tortues,
des marmottes au pelage magnifique, des bouquetins, des chameaux
et de nombreux oiseaux. Corneilles grises et noires, merles
tricolores, blanc, gris et noirs, des rapaces dont des aigles
sauvages, (7 observés et identifiés, 5 au kazakhstan et 2
au Kirghizistan ).
Je découvre également, dans ce Paris-Pékin, la solidarité
entre hommes, femmes et couples. Au départ chacun vivait pour
soi et dans son petit espace d’égoïsme, au bout de trois mois,
chacun fait plus attention à l’autre, la difficulté de l’un,
devient un peu celle de tous. Je n’avais jamais vu la vie
collective (des adultes) sous cet angle et cela sera pour
moi une de mes grandes découvertes de ces mois passés ensemble,
dans la difficulté, l’inconfort, la souffrance, l’inexpérience.
La vie communautaire a remplacé la vie de l’individuel forcené.
Mon souhait : Que l’aventure à vélo continue! Un petit clin
d’œil aux écoles de Loubressac (46) et Montigny le Bretonneux
(78)"
Etape 73 : Kara Tala (Lac Issik köl)
– Kaji Saye
Dimanche 8 Juin 2008
76 km - Dénivelé : 608 mètres
Départ : 7h45 - Arrivée : 14h30
KIRGHIZISTAN
On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir
soi même, après un trajet que personne ne peut faire pour
nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue
sur les choses.
Marcel Proust
La Sérénité !
Après 73 étapes et plus de 8000 km nous découvrons depuis
quelques jours ce magnifique pays qu’est le Kirghizistan,
nous vivons dans un espace et dans une ambiance particulière.
Les chaînes de montagne qui dominent ces vallées immenses,
et le lac Issik köl sont le reflet de la nature à l’état originel.
Nous
découvrons un pays qui, par bonheur, est restée vierge. Les
nomades sédentarisés, ne sont manifestement pas attirés par
cette étendue d’eau qu'est le lac Issik Köl. Aussi aucun aménagement
sur la rive et aucun bateau sur les flots ne viennent contrariés
cette nature. Aucune agression dans le paysage, peu de villages,
donc très peu de circulation, tout est calme et serein.
C’est dans ce contexte, que nous prenons conscience de notre
propre sérénité qui règne sur l’ensemble de notre caravane.
Les tensions dues à la fatigue et à une organisation communautaire
indispensable ont disparue. Chacun a pris ses marques et tout
se déroule calmement et paisiblement, dans la bonne humeur.
Il aura fallu beaucoup de difficultés et du temps, quelques
tensions aussi, pour que ce groupe hétéroclite au départ,
devienne homogène. Ces deux derniers mois de route, doivent
nous permettre, non seulement de découvrir la Chine, mais
de vivre une aventure humaine apaisée et riche dans l’approche
des autres.
Nous voulions connaître également, en quelques
mots, le point de vue de Dominique Lamouller, notre Président
fédéral, qui pédale quelques jours avec nous.
"Plein les yeux" a été son premier cri à la descente du vélo
!
Au départ de l’étape de Kara-tala, ce matin, la sortie de
l’école fut buissonnière. Comme chaque jour les groupes ordonnés
prennent la route et très rapidement s'éparpillent ! Il en
sera ainsi toute la journée. Les appareils photos deviennent
plus importants que le vélo. Devant les sites merveilleux
du lac Issik kôl, c’est vraiment une journée magique pour
les cyclotouristes. Quel dommage de ne pas pouvoir continuer
avec vous... !
Notre
témoin du Jour est :
Baque Vidal Hermina Infirmière de l’expédition.
Hermina pouvez vous nous dire en quoi consiste votre responsabilité
?
Ma journée se décompose en deux parties bien distinctes :
Dés le matin, je suis présente dans le véhicule de sécurité
et d’assistance, de 7 heures à l’arrivée, vers 14 heures en
moyenne, quelquefois beaucoup plus tard, pour apporter, sur
la route, un secours ou une aide immédiate aux cyclotouristes
: donner de l’eau quand il fait chaud, offrir du café chaud
quand il fait froid. A chaque arrêt, les cyclos fatigués viennent
me demander quelques conseils ou des médicaments pour des
maux classiques dans ce genre d’expédition.
Puis à l’arrivée, commence réellement mon travail d’infirmière.
Je dois assurer une foule de petites actions, pour soulager
ou réparer les blessures de la journée. Assurer les pansements,
fournir de la pommade, donner des cachets. Chaque soir je
suis occupée trois ou quatre heures pour écouter et proposer
des soins. Les cyclotouristes ont besoin de conseils. La fatigue
du jour est très variable selon le temps et le profil de l’étape.
Je dois ajouter que les cyclos sont toujours très aimables
et gentils avec moi. Ce sont de très bons malades et ils suivent
scrupuleusement mes conseils ou mes instructions.
Je forme avec François Le Van, le médecin une excellente.
Etape 72 : Kemin - Kara Tala (Lac
Issik köl)
Samedi 7 Juin 2008
110 km - Dénivelé : 716 m
Départ : 7h10 - Arrivée : 15h30
KIRGHIZISTAN
Lac et montagne
Encore une étape splendide, découpée en 3 parties. Au départ
toujours la même large et riche vallée de Tchin-Kemin, puis
le franchissement d’une splendide gorge creusée par la rivière
Tchou. c’est la 3ème plus grande rivière Kirghize, qui grimpe
pendant 33 km et nous propulse à 1620 m et enfin l’arrivée
et la découverte du bassin du lac Issik Köl. Un vent assez
violent, de face, a rendu cette étape beaucoup plus difficile
que prévu.
Le temps est orageux, mais nous sommes passés sans trop de
dommage à travers les gouttes. Ce ciel nuageux, tempère la
chaleur et comme nous terminons en altitude, il fait frais
ce soir. Pour le moment nous avons aperçu le lac de loin,
notre logement se situe dans une école à proximité. C’est
devenu une habitude, nous préparons nous-mêmes le repas. Ce
soir nous avons à notre table deux jeunes motards du Limousin
et de Touraine, qui, partis de Pékin, rejoignent la France.
Ils sont à la fois surpris et très admiratifs de notre périple.
Prendrons-nous un jour la grosse tête?
Le
témoin du jour est :
Alain Labeyrie de Cholet Vélo-Sport dans le Maine et Loire
(49).
"Je découvre la Kirghizie, pays magique et magnifique de par
ses montagnes. L’altitude moyenne du pays est de 3 000 mètres.
Ce soir en arrivant près du lac, j’ai été émerveillé par les
couleurs : Le bleu du lac, le blanc des montagnes coiffées
par des neiges éternelles enfin l’ocre des champs de seigle.
Ici, le cheval est roi. C’est l’époque de la transhumance
et nous avons souvent été stoppés par d’immenses troupeaux
de moutons, de chèvres et même de chevaux. Tous les bergers
se tiennent fièrement et naturellement sur leurs magnifiques
chevaux. Les enfants, filles ou garçons, dès leur plus jeune
âge montent à cru.
Les habitants, notamment en montagne, vivent encore dans les
yourtes et continuent la tradition nomade. Je découvre également
deux mondes : la ville et la campagne. La différence entre
la vie urbaine et la vie rurale est considérable, la capitale
Bichkek en étant l’exemple type est aux standards européens
alors que la campagne nous semble encore, dans certains cas,
au 19ème siècle.
Mon plus grand souhait serait que, les écoliers qui me font
l’honneur de suivre mon périple, puissent vivre plus tard
les mêmes émotions que me procure ce Paris Pékin. D’ores et
déjà je peux leur annoncer que j’ai de merveilleuses histoires
à leur raconter. Rendez vous en septembre!"
Etape
71 : Bishkek – Kemin (1 123 mètres)
Vendredi 6 Juin 2008
106 km - Dénivelé : 500 mètres
Départ : 7h15 - Arrivée : 14 h30
KIRGHIZISTAN
Le but c’est le chemin
René Char
La remontée vers les sommets.
Dès le départ, l’ambiance est excellente. Le jour de repos
a été savouré, le temps est frais, car le ciel est nuageux.
Globalement tout le monde est en forme. Nous avons le plaisir
d'accueillir parmi nous notre Président Dominique Lamouller
qui, naturellement s'intègre au groupe pour le plus grand
bonheur des participants.
Pendant plus de 100 Km nous remontons la rivière Tchou qui
coule dans une vallée large d’une vingtaine de kilomètres
et bordée par des chaînes de montagnes aux neiges éternelles
de plus de 4 000 mètres.
Coté décor, c'est le summum. Coté nature également : L’eau,
la terre et le soleil contribuent à une production très abondante
de seigle, de maïs, de blé et d’arbres fruitiers.
Nous croisons les premiers camions Chinois qui inondent sur
le pays des produits manufacturés de toutes sortes. Après
un passage au bazar de Bischkek, ils repartiront au Kazakhstan
et dans les autres pays de l’Asie centrale. Pour avoir utilisé
ce bazar pour nos achats, nous pouvons vous confirmer l’immensité
de celui-ci et l’activité incroyable de ces milliers de petites
boutiques. Tout se trouve ici, il suffit simplement de savoir
où. Là est toute la difficulté pour les non initiés.
L’arrêt pique-nique s’est fait au km 80 et
notre hébergement est assuré dans l’école du village. Avant
de se reposer, il a fallu ressortir des camions toutes les
tentes encore humides depuis notre départ du bivouac en montagne.
Le témoin du jour est :
Pierre-Marie Werlen du club : Côte de nacre
cyclo - Luc sur Mer dans le Calvados.
Je suis ravi d’être le témoin du jour le 6 Juin, car je suis
président d’un club qui regroupe de nombreuses communes où
a eu lieu le débarquement du 6 Juin 1944, sur les plages de
Juno-beach. Cela me permet de saluer notamment les soldats
Américains, Anglais, Canadiens, Français et autres qui se
sont sacrifiés pour que nous puissions 64 ans plus tard rouler
tranquillement en Asie Centrale.
Je dois aussi exprimer mon sentiment de bonheur et de plaisir
à participer à cette expédition. Je découvre des paysages
inconnus et somptueux, des visages radieux, en particulier
ceux des enfants. Une curiosité réciproque, permet un contact
facile. Nous sommes à égalité de regard et la relation est
équilibrée. Chacun est une étrangeté pour l’autre. Le cyclotourisme,
comme la marche, facilite la relation humaine, à portée de
tous.
Heureux aussi de découvrir dans le groupe des hommes exceptionnels,
dont les qualités humaines permettent de partager des moments
forts et inoubliables.
Heureux enfin, car vis-à-vis de moi-même ce voyage me permet
de me découvrir. J’avais beaucoup d’appréhension, avant de
franchir les deux grands cols a plus de 3000 m, moi qui à
mon palmarès n’avait que quatre cols à moins de 1000 mètres,
ce handicap me «bouchait l’horizon » et j’étais inquiet de
ne pas pouvoir passer cet obstacle. Le fait d’avoir franchi
ces cols, m’a totalement libéré et simplement j’envisage la
suite du voyage en toute sérénité.
Etape 70 : Sousamyra - Bichkek
Mercredi 4 Juin 2008
147 km - Dénivelé : 1 207 mètres
Départ : 7h00 - Arrivée : 18h30
KIRGHIZISTAN
Une
étape magique
Notre première nuit en pleine nature, à 2002 mètres est un
événement. Tout a bien fonctionné au niveau de l’intendance
mais le dîner s’est terminé rapidement car un orage s’est
abattu sur les tentes. A minuit, un merveilleux ciel étoilé
nous signale la fin du mauvais temps. A 7h30, la nature reprend
ses droits et la quiétude de la montagne revient : nous levons
le camp. Une autre pierre blanche dans notre livre de souvenirs.
Dès le départ, il faut remonter à plus de 3000m, pour franchir
notre deuxième col Kirghize. A 10h00, tous groupés, police,
cyclos, véhicules, nous franchissons un tunnel de 3 km, qui
coupe le sommet de 3 600 m (type Galibier). Par précaution,
les cyclos portent un masque pour éviter les risques de pollution.
Une vertigineuse descente, dans un décor à couper le souffle,
permet de récupérer et de se régaler.
Après le pique-nique, il faudra encore rejoindre la capitale
du pays, Bichkek. En fin d’après midi, fourbus et heureux,
nous rejoignons l’hôtel pour deux nuits. Demain est un jour
de repos.
Le
témoin du jour :
Georges Farjou du Cyclo-sport de Villefranche de Rouergue
dans l'Aveyron (12).
"Le premier bivouac pleine nature s’est très bien déroulé
malgré des conditions climatiques difficiles et l’orage pendant
la nuit. Nous avons pris le départ pour notre deuxième étape
de haute montagne, qui s’annonçait difficile. Parti dans les
derniers après avoir participé au démontage des tentes et
rangement dans les camions, je me suis senti très bien dès
le début du col. Bonnes jambes, bien dans la tête, les 17
Km de montée ont été effectué à mon rythme. J’ai pris le temps
d’admirer le paysage grandiose et de réaliser quelques photos.
Après le col de plus de 3 000 m d’hier, c’est mon second «
3000 » et je dois dire que c’est un des plus beau que j’ai
gravi dans ma vie de cyclotouriste. La fin du col, avant le
tunnel ressemble un peu au Galibier et la descente vertigineuse
s’apparente aux Dolomites. Une route en bon état, une météo
de rêve, tous les ingrédients étaient présents pour que les
grimpeurs soient aux anges. La descente d’une trentaine de
kilomètres, est la plus longue et la plus pentue depuis notre
départ de Paris. Sur la route, nous avons croisé des troupeaux
de chevaux en transhumance. Pour moi, c’est la première fois
que j’observe cette tradition.
Le reste de l’étape, 70 km après le pique-nique a été moins
attrayant, car de +5° ce matin nous sommes passés à + 40°
dans l’après midi, dans la vallée pour rejoindre Bichkek.
De 3 270 m, nous somme "tombés" à 900 m.
Pour moi ce voyage est formidable et inoubliable, rien à dire
sur l’intendance, la préparation, l’itinéraire et la gestion
des événements. En revanche, sur la route, et je sais que
cela n’est pas facile, les capitaines de route semblent manquer
d’expérience dans la gestion des hommes. La bonne volonté
ne suffit pas. Un regret aussi : trop de couples. Plus de
30% du groupe, ce qui pose quand même quelques problèmes,
pour une meilleure cohésion."
Etape
69 : Taldi Bulak - Soussamyra
Mardi 3 Juin 2008
88 km - Dénivelé : 1 354 mètres
Départ : 7h00 - Arrivée : 16h00
KIRGHIZISTAN
Un col fabuleux à 3 303 mètres
Pour l’ascension de notre premier grand col,
le temps est splendide et la température est de 10°. 24 km
de montée sont programmés. La quasi-totalité des cyclos se
sont surpris eux-mêmes en montant avec aisance cette difficulté
majeure. Les moins en forme ont pris leur temps et tous ont
apprécié de franchir leur premier "3 000". Revers de la médaille,
la descente a été délicate, car, malheureusement la route
n’est pas encore revêtue.
Des paysages grandioses s’offrent à nous avec beaucoup de
vie pastorale dans les prairies. Les paysans, logés dans les
fameuses yourtes -habitation typique d’Asie centrale- travaillent
pour produire lait, crème et beurre de jument. Les cyclos
ont goûté avec curiosité le lait de jument fermenté et les
avis sont partagés.
Pour la première fois, nous avons du installer
le bivouac intégral. Tout a très mal commencé. A notre arrivée
sur le site prévu, un orage très violent
est venu assombrir l’horizon et notre moral. Dans une prairie
sans arbre, la grêle et la pluie ont fait
quelques ravages. Par bonheur, après une heure très pénible,
le soleil est revenu. Les camions ont pu passer dans
les chemins boueux et en 2h00 environ , le bivouac a été installé.
Cuisine, réfectoire, chambres : le tout sous tentes et …la
douche dans un camion. Cette première expérience attendue
constituera un des moments forts de notre voyage. A 2200 m,
la nuit est froide, mais désormais notre volonté d’aller de
l’avant balaye nos difficultés. Cet après-midi, nous avons
été à la fois surpris et fiers d’accueillir un journaliste
de l’Agence France Presse (AFP). Il va suivre pendant quelques
jours nos belles étapes kirghizes.
Le témoin du jour est :
André Giroux, de Montréal - Québec
"J’ai adoré l’ascension du col, car cela m’a permis de mieux
connaître, les réactions de mon corps en altitude. C’est la
première fois que je monte si haut en vélo et tout s’est bien
passé. La descente difficile, sur une route non goudronnée,
m’a permis de tester mes réflexes. Tout au long de la descente,
j’ai admiré la vie des nomades Kirghizes, qui vivent, avec
leurs troupeaux : chevaux avec des dizaines de jeunes poulains
de quelques jours, chèvres et moutons. Ces paysans vivent
dans des yourtes 6 mois de l’année, pour assurer le pâturage
de leurs bêtes. De chaque côte de la route, une chaîne de
montagnes aux neiges éternelles assurent un magnifique décor.
Le pique-nique de midi a été pris dans la vallée, au bord
d’un torrent. En plein soleil, la chaleur était très supportable
car nous sommes au dessus de 2 000 mètres.
A notre arrivée sur les lieux de notre bivouac, un orage avec
grêle et pluie mêlée, nous a fait craindre le pire. Heureusement,
une heure après le soleil est revenu et nous avons pu installer,
en pleine nature notre bivouac, tentes collectives pour la
cuisine et le réfectoire, tente pour 4 personnes. J’attendais
avec impatience ce premier bivouac, j’en suis ravi. Cette
journée est pour moi, une des plus belles de notre aventure,
car j’adore le vélo en montagne."
Etape 68 : Talas - Taldi Bulak
Lundi 2 Juin 2008
71 km - Dénivelé : 853 mètres
Départ : 8h10 - Arrivée : 14h00
KIRGHIZISTAN
"A
quoi bon emprunter sans cesse les vieux sentiers ?
Tu dois tracer des sentiers vers l’inconnu." (Henry-David
Thoreau)
Des paysages grandioses !
Cette fois, nous touchons l’excellence ! Un vrai décor de
carte postale. Une nature vierge, des hommes et des femmes
authentiques aux visages brûlés par le soleil et le froid.
Aucun touriste n’est jamais venu dans ces vallées. Et nous
ne saurons jamais ce que pense ces villageois lorsqu’une armada
de plus de 101 cyclotouristes et 7 véhicules se hissent dans
ces lieux tranquilles. La réaction amicale et spontanée semble
naturelle ici.
Les cyclos sont très heureux et les réactions de plaisir sur
ce pays et ses paysages jaillissent spontanément. Qui peut
se douter de la difficulté d’héberger dans ces hautes vallées
notre groupe ? Ce soir, une école a déménagé 6 classes pour
que nous puissions installer nos lits et nos duvets. Il n’y
a pas d’eau, pas de douche et deux toilettes au fond de la
cour. Personne ne se plaint! Est-ce le miracle de l’altitude
ou bien la sérénité qui atteint soudainement notre groupe?
Nous vivons ces instants magiques en silence et nous avons
une pensée amicale pour tous les cyclos fédéraux qui vont
profiter du mois de juin pour se lancer dans les grands brevets.
Vous partagez notre aventure, nous partageons les vôtres.
Le
témoin du jour est :
Jean-Pierre Rompteaux : de l’Aviron Bayonnais, demeurant à
Anglet (64) Pays Basque.
«Tout d’abord je dois dire que nous sommes ravis d’être entrés
au Kirghizistan car nous attendions avec impatience la montagne.
Ici, nous côtoyons le grandiose. Nous sommes très agréablement
surpris par le nombre de personnes qui nous encourage, tout
au long de notre périple. Nous sommes séduits par la flore
avec ses multitudes de couleurs variées à l’infini, par les
animaux familiers : chevaux, ânes, chèvres, veaux, vaches,
qui nous croisent sur la route. Nous avons même eu la chance
de doubler des troupeaux de moutons, montant en transhumance.
Ici, et ce n’est pas du folklore, les bergers sont à cheval.
Dans le ciel, un couple d’aigle a même survolé notre «chemin
de joie».
Notre ascension à 2 000 mètres s’est faite assez facilement
car le décor est reposant. Le chant des oiseaux et le murmure
du torrent résonnent comme une magnifique symphonie. Cette
vallée typique est bordée en rive droite par des moyennes
montagnes recouvertes de pâturages et en rive gauche par les
«montagnes célestes» qui culminent à plus de 4000 mètres.
Je
roule en compagnie de ma femme, Nicole. Nous avons cassé notre
tirelire pour participer à cette épopée, afin de fêter en
2008, l'année de nos 60 ans. Le 13 mai, comme convenu avec
nos amis, j’ai bu le lait de chamelle en guise d’anniversaire
!
Grâce à la FFCT, avec les encouragements de nos enfants, de
nos 6 petits enfants, de toute notre famille et poussés par
nos amis, nous réalisons une expédition certes un peu folle,
mais qui comptera dans notre vie.»
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